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pour le grand nombre, des hommes instruits qui ont pris leurs grades à Harvard, à Yale ou à John Hopkins 1. On ne se doute pas des dangers auxquels les exposent fréquemment les devoirs de leur profession. Nous en avons un exemple dans le cas de Jennings Crute. C'était un jeune homme d'apparence frêle, mais au cœur viril; grâce à son flair et à sa ténacité, il réussit à découvrir tous les fils d'une trame criminelle à l'occasion de laquelle les autorités judiciaires s'étaient donné beaucoup de mal, sans pouvoir aboutir. Jennings Crute, dans cette circonstance, épargna à un innocent la condamnation aux travaux forcés. Pendant deux hivers successifs, il pénétra sous un déguisement dans les maisons les plus mal famées de Philadelphie et ne craignit pas de publier les horreurs dont il avait été témoin. Il le faisait au péril de sa vie, n'importe. Finalement, les autorités s'émurent et fermèrent ces affreux repaires, en emprisonnant les proxénètes qu'ils purent y trouver. Grâce à Jennings Crute, ces écuries d'Augias ont donc été nettoyées, pour le plus grand assainissement moral de Philadelphie. Le même courageux reporter fut parmi les premiers à accourir à Johnstown, lors du terrible désastre du printemps 1889. Quelles journées terribles pour ces pauvres reporters de journaux, au milieu de ces cadavres en décomposition, de ces ruines et de ces horreurs accumulées. Fallait-il avoir les nerfs solides et le corps d'airain! Jennings Crute fut parmi les premiers et resta l'un des derniers au poste du devoir. Mais aussi, il y compromit complètement sa santé, déjà fort entamée. A peine put-il entreprendre une autre tâche, toujours en qualité de reporter; bientôt on le ramena épuisé et marqué déjà du sceau de la mort, chez ses parents. Ainsi finit un homme dont l'oeuvre aura certainement été utile au bien de l'humanité.

Au mois d'août a eu lieu, à Pittsburgh, la vingtième assemblée annuelle de l'Union ca

1 Université à Baltimore.

tholique pour l'abstinence totale. Cette société compte 763 sections et 53 219 membres. C'est certes un effectif respectable. L'assemblée de Pittsburgh a été pleine d'entrain et d'enthou siasme; après la grand'messe, l'évêque de Columbus (Ohio) adressa un sermon aux 400 délégués réunis. Le cardinal Gibbons patronne hautement l'œuvre de la tempérance, que Léon XIII a du reste approuvée dans une lettre écrite en mars 1887, à l'archevêque Ireland. Ainsi, il est bien entendu qu'officiellement, l'Eglise catholique aux Etats-Unis est non seulement favorable à l'œuvre de la tempérance, mais encore travaille de son mieux à ses progrès. Cela n'empêche pas qu'en réalité l'Eglise romaine est plutôt l'ennemie de la tempérance. Elle a trop de complaisance pour les cabaretiers: l'argent de ces honnêtes industriels ne lui répugne nullement, lors même que c'est l'argent du sang. Si elle voulait sérieusement et sincèrement concourir à l'abolition de l'alcoolisme, elle aurait bien vite fait, avec son puissant appoint, de conduire à la victoire les bataillons de la prohibition. Mais comme il y a chez elle le oui et le non, il faudra bien la compter pour rien et vaincre sans elle, que dis-je, malgré elle.

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Plusieurs de nos lecteurs savent que, depuis longtemps, la ville de New-York est gouvernée de la façon la plus détestable. Impossible de se faire une idée de cette corruption municipale. A la fin de septembre, un certain nombre de clergymen de toutes les dénominations (y compris les catholiques) se sont réunis pour formuler une vigoureuse protestation et provoquer la formation d'une ligue municipale populaire. Les auteurs et signataires du manifeste constatent qu'on voit gaspiller annuellement le quart des ressources de la ville en pots-de-vin et autres faveurs indues. Or, savezvous ce que représente ce gaspillage? Quarante millions de francs ! Le manifeste signale en outre les mauvaises mœurs de ceux qui, faisant partie des autorités municipales, devraient donner un bon exemple à la jeunesse, et non lui être en scandale.

Les signataires du manifeste demandent qu'au lieu d'introduire la politique et les questions de parti dans les affaires municipales, on cherche plutôt à confier l'adminis tration de la grande cité à des hommes consciencieux et moraux. Le manifeste dont nous parlons est conçu dans les meilleurs termes et montre que le clergé a bien compris sa tache. Seulement, dans des réunions de ce genre, il est difficile d'empêcher tel ou tel dada de se faire jour et d'empiéter sur la question générale à l'ordre du jour. Le dada, voilà l'ennemi de l'harmonie et du vrai progrès!

Ne serait-ce pas un dada que ce bill Mac Kinley, chef-d'œuvre de protectionnisme qui va troubler profondément tant d'entreprises industrielles en Europe. En tout cas, la situation économique en Amérique pourrait bien être troublée, à bref délai, par les grèves de chemins de fer et autres éléments perturbateurs.

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Chose curieuse, le silver bill, par lequel les barons d'argent, comme on les appelle, ont su travailler à merveille pour leurs mines d'argent, a d'assez sérieuses conséquences pour les sociétés de missions. Le cours de l'argent ayant monté de 15 à 20%, les ressources de ces sociétés vont baisser d'autant, ce qui n'est pas une bagatelle quand on doit, comme les presbytériens, par exemple, compter avec un budget d'un peu plus de 4 millions et demi de francs. Il faudra bien que la générosité américaine comble le déficit qui va remplir les poches des barons d'argent.

X.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

LA SEMAINE DU MALADE, par Ch. Chatelanat, pasteur. Lausanne, Georges Bridel et Cio 1890.

Consoler les autres pour avoir été consolé soi-même (2 Cor. I, 3-5), faire profiter ses

frères souffrants des expériences acquises dans ses souffrances personnelles, telle parait être toujours plus la spécialité pastorale de l'ami vénéré qui nous fait de nouveau entendre sa voix, après une longue et douloureuse épreuve.

Déjà plus d'un de ses ouvrages précédents était destiné aux malades, comme à un public de prédilection; et il n'est pas besoin d'affirmer tout le bien, connu et inconnu, qu'ont fait ces petits livres tout débordants d'un sain et chaud mysticisme. Celui qui apparait aujourd'hui, plus volumineux qu'aucun de ses aînés dans ce genre, veut accomplir le même ministère et reproduit effectivement la même note générale, avec quelque chose de plus ému peut-être et en donnant une plus grande place à l'élément de l'élévation spirituelle et de l'adoration.

L'auteur nous prévient lui-même qu'il ne suit pas de plan méthodique, et que les noms des jours de la semaine ne sont ici que des points de repère pour reposer l'attention. On ne demandera donc pas à ces exhortations fraternelles, à ces effusions sous forme de prières et de poésies jetées ça et là, un ordre de matières auquel elles ne prétendent nullement. Mais on se laissera entraîner sans peine, et avec édification, par le souffle d'ardent amour chrétien qui anime ces pages. Et l'on goûtera une fois de plus les qualités propres à M. Chatelanat quand il s'adresse aux affligés vues très sages et d'un vrai équilibre évangélique sur le but de la maladie et de la souffrance en général, — autorité morale que peut conférer une expérience prolongée en ces matières, foi, de plus en plus vive et candide, semble-t-il, dans les richesses consolatrices qui sont en Christ, — sympathie intime et affectueuse pour tous ceux que la douleur a atteints.

Quant aux détails, on remarquera d'excellents et aimables conseils (p. 91, 92, 203 et suiv.) donnés à ceux qui entourent les malades, notamment aux diaconesses, qui ont pour elles plusieurs pages d'entre les mieux

D

inspirées du volume. Puis quelques pensées heureuses, telles que celle-ci : Dieu ne nous a point placés ici-bas pour faire des miracles, mais pour bien apprendre notre leçon. (P. 99, voir aussi le bas de la page 242.) Parmi les nombreux épanchements poétiques (18 poésies et cantiques) qui s'intercalent entre les chapitres, nous avons surtout apprécié le morceau intitulé : « A une malade qui regrettait de ne plus pouvoir chanter. (P. 94.)

Ce livre sera certainement accueilli avec reconnaissance, et il l'est déjà, par beaucoup de malades et de bien portants.

A. P.

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L'auteur de cet opuscule est, on le sait abondamment par ses nombreuses publications sur la fin du mal, possédé de l'in

tention généreuse de mettre fin aux dissonances qui affligent le monde moral et religieux. Il voudrait aussi réconcilier les protestants, les Grecs et les catholiques. Il demande aux premiers d'admettre l'institution divine positive de la papauté, et il la leur montre, avec la révélation de ses destinées, dans la parole de Jésus-Christ, Matthieu XXIV, 45-51, où, pour notre part, nous ne savons rien trouver de semblable. Aux catholiques, il demande que la papauté reconnaisse ses torts et cesse de prétendre à l'infaillibilité. Sur ces bases, cimentées par des relations empreintes d'équité dans les jugements réciproques, de bienveillance dans les relations de la vie, on pourrait espérer arriver à une confédération des Eglises chrétiennes.

Disons, en terminant, qu'à notre avis la primauté accordée par le Seigneur personnellement à l'apôtre Pierre croyant, n'a rien de commun avec la primauté que se sont arrogée les papes; que le vrai chef de l'Eglise,

c'est Jésus-Christ; que son seul vicaire, c'est le Saint-Esprit, et que c'est par la voie d'un développement intérieur et spirituel qu'il amènera l'Eglise à la réalisation de ses saintes et glorieuses destinées. Toutes les tentatives de procurer l'unité de l'Eglise par une organisation commune se sont montrées impuissantes. Notre imbroglio et nos divisions sont encore préférables à l'édifice monstrueux auquel on aboutirait par des concentrations prématurées. La confusion est une atmosphère morbide pour la vie spirituelle Citius emergit veritas ex errore quam e confusione. JACQ. ADAMINA. BERNARD PALISSY. Esquisse de sa vie, de son caractère et de ses œuvres, par J.-A. Porret. Lausanne, F. Payot, 1890.

Si, comme le dit quelque part M. Porret, il n'y avait rien qui ressemblât moins à un discours que les conférences de Bernard Palissy, nous dirions volontiers que rien ne ressemble plus à une conférence oratoire que la brochure dont nous avons transcrit le titre. Ceci, du reste, est un éloge, à bien des égards. La matière, condensée dans un cadre restreint comme celui d'un discours, est ordonnée très judicieusement pour que le récit ne traîne jamais, et que l'attention ne se laisse pas distraire. En lisant cette étude, on a l'impression de marcher rapidement, ce qui est aussi agréable pour les lecteurs que pour les voyageurs en chemins de fer. Parfois peutêtre, c'est le résultat de ce caractère oratoire, la rapidité de l'allure imprime de légers cahots à la phrase, qui paraît un peu embrouillée. Pour la rétablir dans sa clarté, il n'y a précisément qu'à lire le passage à haute voix.

Quant au fond même de cet écrit, nous ne saurions que le louer. Palissy, d'ailleurs, est une belle figure à peindre, un riche sujet à développer, et M. Porret l'a fait avec cette chaleur communicative qu'on lui connaît. La haute intelligence de l'inventeur et du savant, la fermeté de volonté, la fidélité à ses convictions du chrétien protestant sont des caractères qu'il est toujours bon de replacer devant les esprits de notre génération

P. VAUTIER.

LE CHRÉTIEN ÉVANGÉLIQUE

ACTUALITÉ

Un discours d'inauguration 1.

Mais quoi! Dieu habiterait-il véritablement sur la terre? Voici, les cieux, même les cieux des cieux ne peuvent te contenir; combien moins cette maison que j'ai bâtie!

(1 Rois VIII, 27.)

Parmi les marques nombreuses de notre état de chute, et de la corruption de nos cœurs, il faut placer au premier rang ce fait si triste, mais bien constaté, c'est que la joie nous est un piège, et que, trop souvent, la prospérité nous éloigne de Dieu, au lieu de nous en rapprocher. Frappés de ce péril, certains esprits ont été jusqu'à penser que, pour sauvegarder notre avenir éternel, il ne nous reste d'autre ressource que de sevrer nos âmes d'allégresse et de fuir icibas tout bonheur, comme un poison mortel. Certes, je n'irai pas, d'un rire frivole, insulter aux grandes âmes que la soif du bien suprême a pu jeter dans cette voie. Il est bien plus aisé de les railler que de les suivre. Quelles qu'aient été leurs erreurs, comment ne nous inclinerions-nous pas avec respect devant le noble souci qui tourmenta ces croyants austères, devant l'intrépide cou

Ce discours a été prononcé le 30 novembre, à l'inauguration de la nouvelle chapelle des Terreaux, à Lausanne.

DÉCEMBRE 1890

rage qu'ils mirent à se dépouiller ? Mais ils ont fait fausse route; ils ont oublié le grand apôtre qui disait : « Toutes choses sont à vous, » et encore : « Je sais être dans l'humiliation, mais je sais aussi être dans l'abondance. >>

Accepter avec une confiance filiale tout ce que le Père céleste nous dispense les peines comme les joies, mais les joies comme les peines, voilà

le vrai mot d'ordre du chrétien. Celui dont la grâce suffit à nous soutenir dans l'épreuve, quand nous l'acceptons de sa main, serait-il donc impuissant à nous préserver des pièges du bonheur, quand nous le recueillons comme un don de sa bienveillance? « C'est ici la journée que l'Eternel a faite, » dirons-nous donc avec le Psalmiste; « venez et réjouissons-nous en elle ! » Mais pour ne point risquer de corrompre les dons du Seigneur et de les tourner en malédiction contre nous; pour mettre notre allégresse à l'abri de tout mélange de sentiments impurs, nous nous tiendrons aux pieds du Tout-Puissant et nous ne nous réjouirons qu'en nous humiliant. C'est là ce que faisait Salomon, lorsque, ouvrant au peuple de Dieu ce temple qu'il venait de construire, il s'écriait,

les mains levées vers le ciel : « Mais quoi! Dieu habiterait-il véritablement sur la terre? Voici, les cieux, même les

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cieux des cieux ne peuvent te contenir, combien moins cette maison que j'ai bâtie! »

Non, quelque superbe qu'il fût, ce sanctuaire qu'on avait mis plus de sept ans à bâtir et pour la construction duquel on n'avait rien épargné, il ne pouvait enfermer le Seigneur. Salomon le savait; car il n'ignorait point que l'Eternel n'avait pas attendu l'édification de ce temple pour se révéler aux humains et pour accepter leurs hommages. Dans les siècles antiques, lorsque les patriarches erraient sur les collines avec leurs familles et leurs troupeaux, les seuls monuments que leur piété pût élever en l'honneur de

Mais les ans ont marché aux incessantes pérégrinations du temps de Moïse, aux difficultés qui avaient signalé l'époque de Josué et des Juges, ont succédé des circonstances plus faciles et plus prospères; Israël vit dans le repos et déjà l'on peut dire que, a depuis Dan jusqu'à Beerséba, chacun habite en assurance sous sa vigne et sous son figuier. » N'y a-t-il rien à faire pour reconnaître ce nouvel état des choses? le peuple de Dieu tardera-t-il davantage pour exprimer visiblement sa gratitude? David y songeait dans ses veilles. « Quoi! » se disait-il en considérant la demeure qu'il avait pu se batir à lui-même, «j'habite une maison de cèdres et l'arche de l'Eternel n'a

l'Eternel, se réduisaient à quelque pierre qu'une tente pour abri » et, poussé par

un sentiment de respect et de haute convenance, il avait pris la résolution de construire un temple au Seigneur. Le fond de sa pensée fut approuvé par l'Eternel, qui lui dit : « Tu as bien fait d'avoir à cœur de bâtir une maison à mon nom. Toutefois ce n'est pas à toimême, mais à ton fils qu'il sera donné d'exécuter ce pieux dessein. » Et maintenant que le fils de David a réalisé le vœu de son père, bien loin d'y trouver un motif d'orgueil, il ne pense qu'à remercier Celui qui a daigné bénir son entreprise et il lui demande de regarder avec faveur la nouvelle maison consacrée à sa gloire.

qu'ils dressaient au sommet d'un coteau, et sur laquelle ils versaient de l'huile en signe de consécration. Et Dieu prenait plaisir à ces humbles symboles d'une foi vive et sincère. Plus tard, quand Israël eut grandi jusqu'à former douze tribus, Jéhova voulut avoir une demeure qui témoignât de sa présence au milieu de ce peuple et qui servit à tous de point de ralliement pour accomplir les actes du culte public. Mais, comme la race de Jacob menait à cette époque une existence nomade, passant toujours d'une station du désert à une autre, il lui fallait un sanetuaire qu'elle pût emmener partout avec elle. Ainsi fut construit le tabernacle, qui accompagna les enfants d'Israël jus-pante analogie entre la situation rapqu'à leur établissement dans le pays de la promesse, et qui y subsista pendant un certain temps. Et pendant toute cette période, l'Eternel fit, selon sa promesse, reposer le regard de sa bienveillance sur ce frêle édifice.

Il me semble qu'il existe une frap

pelée par mon texte et la nôtre. Il fut un temps où notre Eglise naissante, et qui n'avait encore rien d'assuré, célébrait son culte çà et là, dans quelques maisons hospitalières; puis sont venues les salles de réunions, et enfin les cha

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