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lence le titre de quoi, c'est-à-dire de physiciens ou de naturalistes (52). Les pythagoriciens, de leur côté, ne virent d'abord que leur monade, leur duade, leur ternaire, leur quaternaire, et toutes ces combinaisons mystiques de nombres, au milieu desquelles on conçoit avec combien de facilité ils se perdaient. Anaximandre, Anaximènes, Anaxagoras et Archélaüs dans l'école de Thalès; Empédocle (53), Héraclite, Parménide dans celle de Pythagore, en expliquant, en développant, en commentant la doctrine de leurs maîtres, mirent plus ou moins du leur dans cette doctrine; ils déplacèrent même quelquefois les parties de la philosophie: la prépondérance passa tantôt du côté des abstractions et de la métaphysique, tantôt du côté de la logique ; et, au milieu de ce désordre, non-seule

ment la science n'avançait pas, mais encore elle paraissait s'éloigner chaque jour davantage de son objet fondamental, qui devait être de conduire l'homme au bonheur par les lumières.

Tel était l'état des choses lorsque Socrate entra dans l'école d'Archélaus. Ce dernier chef de la secte ionique avait fait faire quelques pas à la morale; mais il semblait la subordonner encore à la science de la nature (54). Socrate eut bientôt jugé que l'objet fondamental de la philosophie, que son vrai but était de s'emparer du coeur de l'homme bien plus que de son esprit, de régler ses actions bien plus que ses discours, de diriger sa conduite dans tout le cours de sa vie, de lui faire remplir, selon les principes du droit et du juste, tous les devoirs qui naissent des diverses

relations sociales où il se trouve placé, et de le concentrer ainsi dans l'unique, dans la véritable destination pour laquelle le fit la nature.

Socrate eut bientôt jugé qu'en se livrant à des recherches sur la cosmogonie on avait agité bien des ques tions téméraires qu'on n'avait pu résoudre, et qu'on ne résoudrait jamais que par des hypothèses ou gratuites, ou puériles avec la droiture de son esprit il eut bientôt vu qu'en creusant les profondeurs de la métaphysique on n'avait fait que creuser pour l'entendement un océan sans fond ni rive, où il était impossible que l'esprit humain, dans l'état de compression et de gêne où le tient son amalgame avec la matière, lui permît jamais de s'assurer un point fixe : il eut bientôt vu qu'en appelant au secours les formes de la dialectique on n'avait fait que

rendre la vérité plus inaccessible et l'obscurité plus profonde, par l'usage

pour

le

pervers qu'en avaient fait des jongleurs et des charlatans, uniquement avides des suffrages et de l'argent de la multitude: Socrate eut bientôt jugé que c'était hors de toutes ces routes qu'il fallait chercher la lumière et la vérité, et que la philosophie n'ayant et ne pouvant avoir but que bonheur de l'homme, c'était dans la nature même de l'homme qu'il fallait chercher les élémens de la morale, seuls propres à opérer ce bonheur. La fameuse inscription du temple de Delphes, le va avròn, connais-toi toimême, avait fait autant d'impression sur lui qu'elle en avait fait antérieurement, dit-on, sur l'esprit d'Héraclite en réfléchissant sur cette inscription il avait vu que toute la philosophie était dans ce mot unique; et,

sans emprunter aux divers systèmes de cosmogonie des philosophes ses prédécesseurs, que le dogme seul de l'existence de l'Être éternel, incréé, invisible, ordonnateur de la matière. et architecte de l'univers, dogme dont il sentit qu'il ne pouvait se passer pour donner aux lois de son éthique une sanction qui les mît au-dessus de toute controverse, il fit sortir de l'analise du coeur humain ce petit nombre d'admirables règles de morale qui renferment pour l'homme toute la théorie de la sagesse et du bonheur (55).

On sait quelle réputation cette phi¬ losophie nouvelle fit à son illustre, à son immortel auteur (56). Socrate avait eu le temps de donner à son système toute la perfection possible lorsque Platon fut admis à son école (57). Il était alors âgé de

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