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<cours que lui tint Socrate pour l'en << détourner, et pour lui persuader, <comme il le fit, de se jeter dans « l'étude de la philosophie (42). » Ælien a eu raison sans doute de regarder comme apocryphe que Platon, à l'âge de vingt ans, fût réduit, pour toute ressource, à faire le métier de soldat pour avoir du pain; il est impossible en effet de penser que telle ait pu être la condition d'un jeune homme qui par son extraction, tant du chef paternel que du côté de sa mère, tenait aux familles d'Athènes du rang le plus élevé d'un autre côté Platon n'aurait certainement pas reçu l'éducation brillante et soignée dont nous avons parcouru les détails, s'il n'avait pas été le fils d'un père riche, en état de fournir aux grandes dépenses que cette éducation exigeait, et s'il n'avait pas été appelé

å figurer avec honneur dans la haute classe de citoyens où le plaçait sa famille. Platon nous apprend lui-même dans la septième de ses lettres que parmi les trente magistrats suprêmes entre les mains desquels Lysander mit tous les pouvoirs de la république d'Athènes, et dont Xénophon nous a conservé les noms (43), il avait des parens et des connaissances; il nous apprend également que par le crédit de ses connaissances et de ses parens il obtint et remplit pendant quelque temps des fonctions publiques sous ce gouvernement éphémère. De sa généalogie, dont nous avons parlé plus haut, il résulte qu'il était le petit neveu de ce Critias, fils de Callaïschros, qui fut l'un des trente tyrans, et celui qui joua le premier rôle sous cette administration. Ce Critias était en effet frère de

Glaucon, et Glaucon était le grandpère de Platon, puisqu'il était le père de Périctione: il faut donc regarder comme une fable, ainsi que le pensait Elien, ce qu'on lui avait débité, ou ce qu'il avait lu de la prétendue pauvreté de Platon.

Les premiers discours de Socrate inspirèrent donc à Platon une passion décidée pour l'étude de la philosophie. Cette passion l'absorba bientôt tout entier. Lorsque sur la fin de celui de ses dialogues intitulé le Banquet il fait dire à Alcibiade que les premiers entretiens qu'il eut avec Socrate jetèrent son âme dans une sorte d'ébullition, de fermentation morale analogue à celle que Jupiter fait éprouver à ses corybantes (44); quand il lui fait dire que le premier -langage de Socrate fut pour lui comme le chant des syrènes, dont

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il devenait impossible de s'éloigner lorsqu'une fois on en avait goûté les charmes (45); quand il lui fait dire que les discours de Socrate lui arrachaient des larmes, excitaient en lui d'irrésistibles tressaillemens, le faisaient rougir d'indignation dans le sentiment de sa servitude, Platon ne fait évidemment que présenter l'esquisse de ce qu'il éprouva luimême. Eh! gardons-nous de nous figurer que ce ne fussent ici que des exagérations oratoires, que des figures de rhétorique, où les mots étaient substitués à la chose, où l'imagination tenait la place de la vérité !

Platon était-il né avec une de ces âmes pures et sans tache qu'il fait descendre du haut des cieux à la fin du dixième livre de sa République, pour habiter un corps mortel, et pour choisir entre les diverses conditions de la

vię? Aime-t-on mieux accorder, selon le même système, que l'âme de Platon était du nombre de celles qui, après un intervalle de plusieurs siècles, venaient de nouveau sur la terre pour y parcourir une carrière nouvelle? Il faut admettre sur ce piedlà qu'elle était du petit nombre de celles qui, éclairées, comme il le dit par une certaine expérience sur les différens résultats des divers genres de vie, étaient par-là suffisamment averties de mettre beaucoup de circonspection, beaucoup de prudence et de sagesse dans le nouveau choix qu'elles étaient appelées à faire. Quoi qu'il en soit de ces idées, que nous ne présentons que comme Platon les présentait lui-même, comme une simple hypothèse, il est néanmoins constant que son âme n'était point une âme vulgaire. Soit résultat de sa pre

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