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forme constitutive des États. On conçoit les heureux fruits que la religion a pu en recueillir; on conçoit que le saint-siége, loin de les repousser, leur ait souvent témoigné des sympathies et en ait lui-même convoqué de semblables. Un dauger qui se manifesta plus tard était néanmoins renfermé en germe dans cette consolante harmonie, dans cette apparente fusion de l'autorité spirituelle et temporelle. L'élément laïque, s'accoutumant ainsi peu à peu à intervenir dans le domaine de l'autre pouvoir, pouvait être tenté un jour de l'usurper; et les extravagantes prétentions des parlements de France, au temps du jausénisme, montrèrent toute la profondeur de l'abîme vers lequel on s'était acheminé. S'il est heureux que la foi reçoive le secours qui lui est dû de la part du bras séculier, c'est un grand malheur quand le bienfait est transformé en chaîne pour celui qui le reçoit.

Avec ces assemblées mixtes, tenues sous divers noms, selon les temps et les pays, la discipline si recommandée et si utile des conciles provinciaux fut relâchée : le synode métropolitain paraissait moins nécessaire, quand les évêques de la province venaient de se concerter dans une sorte de concile national; et le pouvoir civil, devenu ennemi, avait un prétexte de plus pour mettre des entraves à des réunions purement ecclésiastiques sur lesquelles il ne pouvait exercer aucune influence.

Quoi qu'il en soit du jugement à porter sur ces assemblées à la fois politiques et religieuses, nous ne les classons au rang des conciles improprement dits, qu'autant que les évêques n'ont point formé à part, et dans des réunions purement ecclésiastiques, un synode véritablement canonique. Car, dans cette hypothèse,

elles rentrent dans la classification des conciles proprement dits, dont nous avons maintenant à énumérer les différentes espèces.

II. « Il y en a, dit Bellarmin, de quatre sortes: « les généraux, les nationaux, les provinciaux et les «< diocésains. Saint Augustin fait mention des trois pre« mières espèces, au chapitre troisième de son second « livre de Baptismo, contre les donatistes, où il dit que « les conciles des provinces, et même ceux qui sont plus considérables, c'est-à dire, ceux de tout un pays, « sont corrigés par les conciles œcuméniques. Il est fait <«< mention de la quatrième espèce, au chapitre 25o du « 4 concile de Tolède.

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« On appelle conciles généraux ceux où peuvent et « où doivent assister, s'ils n'en sont légitimement empêchés, les évêques de tout l'univers, et qui ne peu<< vent être présidés que par le pape ou son légat. On « les appelle œcuméniques, parce qu'ils sont ainsi composés des évêques du monde entier.

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« Les conciles nationaux sont ceux où se réunissent << les archevêques et les évêques d'un royaume ou d'une « nation, et que préside un patriarche ou un primat. << Tels sont plusieurs conciles tenus à Rome, à Tolède « et en Afrique. Mais il est à remarquer qu'on leur <«< donne aussi assez souvent le nom d'universels et de provinciaux. Dans les actes des conciles tenus à Rome << sous le pape Symmaque, on trouve constamment cette « formule: Symmachus concilio generali præsidens; «<et cependant il ne s'y trouvait que les évêques d'Ita<«< lie. Pareillement, dans le troisième concile de Tolède, chap. 18, il est dit: Præcipit hæc sancta et univer« salis synodus, quoiqu'il ne fût composé que d'évê

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«ques espagnols. On trouve un exemple semblable dans « le quatrième de Carthage. Dans tous ces cas, la dé« nomination d'universel ou de général n'est pas employée dans un sens absolu, mais seulement par rap«<port au royaume où le concile se tient. D'un autre « côté, Gratien donne à ces mêmes conciles le nom de « provinciaux, pour indiquer qu'ils n'embrassent que << certaines provinces, et non toute la chrétienté, comme « les conciles œcuméniques.

<< On donne le nom de provinciaux à ceux où se << trouvent seulement les évêques d'une province, pré« sidés par leur archevêque ou métropolitain. Les col«<lections des conciles en renferment un grand nombre. << C'est probablement de cette espèce de synode, que parle le 7 concile œcuménique, lorsqu'il dit (ac«tion 3o) qu'il reçoit aussi les décisions des conciles « locaux.

« Les synodes diocésains sont ceux qui se composent « du clergé d'un seul diocèse, présidé par son évêque. « On en trouve très-peu dans les collections de conciles, << et cela ne doit pas étonner, puisqu'il ne s'y trouve << ordinairement personne qui ait juridiction, si ce n'est « l'évêque qui préside (1). »

Cette partition est communément adoptée et suivie par les auteurs. Cependant, Benoît XIV a cru devoir y ajouter un membre, pour classifier convenablement une certaine catégorie de conciles qui ne lui paraissent avoir été ni de simples synodes, ni des conciles provinciaux proprement dits, mais plutôt un mélange des deux.

(1) Bellarmin, de Controversiis, t. II, p. 3, édit. de Milan, 1721; De Conciliis et Ecclesia, lib. I, cap. 4.

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« Lorsqu'on parcourt attentivement, dit-il (1), les << monuments ecclésiastiques, on rencontre certains «< conciles tenus par les pontifes romains, qu'on ne peut guère comprendre dans aucune des quatre espèces « énumérées; ils paraissent plutôt tenir à la fois du « node provincial et du synode diocésain, et n'être en quelque sorte qu'un composé de l'un et de l'autre. « On y voit siéger quelques évêques qui se trouvent en « passant à Rome, et en même temps les prêtres romains, quelques ecclésiastiques faisant partie du clergé << romain, et d'autres appartenant à des diocèses étran«< gers et venus aussi à Rome. Tel paraît avoir été le « concile que le pape Corneille tint en 251, pour juger <«< Maxime, Urbain et Sidoine, qui, après avoir abjuré « le schisme, demandaient à rentrer dans le sein de « l'Église. Corneille en écrivit, en ces termes, à saint Cyprien (lettre 46°): Omni igitur actu ad me per« lato, placuit contrahi presbyterium. Adfuerunt etiam episcopi quinque, qui et hodie præsentes fuerunt, « ut, firmato concilio, quid circa personam eorum « observari deberet, consensu omnium statueretur. « Tel aussi paraît avoir été le concile tenu par le pape Agathon, avec seize évêques et tout le clergé de Romė <«< dans la basilique de Constantin, à l'effet de régler les « affaires de l'Église d'Angleterre, et dont les actes se << trouvent dans la collection des conciles d'Angleterre « de David Wilkins.

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<«< Saint Grégoire le Grand tint un synode tout semblable, auquel souscrivirent 22 évêques et 33 prêtres « de l'Église romaine, comme on peut le lire dans la

(1) De Synodo diocesana, lib. I, cap. 1, no 3.

« collection de Hardouin, t. III, col. 498. » Benoît XIV cite encore divers exemples et entre autres, d'après Thomassin (1), une espèce de concile permanent que l'évêque de Constantinople tenait avec les évêques qui se trouvaient en passant dans cette ville. De ces faits il conclut que, ces assemblées étant purement ecclésiastiques, et par conséquent de vrais conciles, et ne se confondant cependant avec aucune des quatre espèces communément énumérées par les auteurs, il faut nécessairement les considérer comme une classe distincte et en former le cinquième membre de la partition,

Quelques auteurs ont modifié la classification généralement admise par les théologiens et regardent comme plus régulier le système qui divise premièrement les conciles en deux séries, savoir: les généraux et les particuliers, et qui sous-divise ensuite ces derniers en patriarcaux, primatiaux, provinciaux et épiscopaux, en suivant les divers degrés de hiérarchie inférieurs à la papauté.

Le canoniste Gibert suit cette partition, à l'exception des conciles épiscopaux, qu'il ne fait pas entrer dans l'énumération, ne regardant pas les synodes diocésains comme des conciles proprement dits. Cet auteur rapporte ce qu'on a coutume d'appeler conciles nationaux, soit aux primatiaux, quand toute la nation est sous un primat, soit aux patriarcaux, quand il y a plusieurs primats dans la nation; parce que, dans ce dernier cas, celui qui préside, ayant sous lui plusieurs primats,

(1) Discipline de l'Église, 2o partie, liv. III, chap. 43, t. II, p. 1520; édit, de Paris, 1725.

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