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Jean. Ils sont obligés de respecter comme leur maître, celui que la nature reconnoît être le sien. Jésus-Christ porte encore plus loin leur conviction, Aux prodiges qui viennent de frapper leurs yeux, il joint les oracles divins qui les avoient annoncés. Dieu lui-même viendra avoit dit le prophète, et il vous sauvera. Alors seront ouverts les yeux des aveugles, les oreilles des sourds seront dégagées. Alors s'élancera le boiteux avec la légèreté du cerf, et la langue des muets sera déliée (1). Ce qu'Isaïe avoit découvert dans un esprit prophétique, Jésus le montre en réalité; et faisant disparoître l'intervalle des siècles, il met l'accomplissement à côté de la prédiction. Il opère les merveilles qu'Isaïe avoit annoncées : il est done celui qu'avoit annoncé Isaïe. Isaïe avoit prophétisé que ces grandes choses seroient faites par un Dieu : Jésus est donc un Dieu. Inconcevable aveuglement des Juifs! ils ont entre leurs mains les livres prophétiques; les miracles annoncés dans ces livres, sont ceux que Jésus-Christ a opérés; et ils s'obstinent à ne pas croire en JésusChrist! Aveuglement non moins inconcevable des incrédules! les miracles de Jésus-Christ ont été prédits d'avance par les prophètes, publiés dans le temps par un grand nombre de témoins oculaires, crus depuis par l'univers

(1) Deus ipse veniet, et salvabit vos. Tunc aperientur oculi cæcorum, et aures surdorum patebunt. Tunc saliet sicut cervus claudus, et aperta erit lingua mutorum. Is. xxxv. 4, 5.

entier; et ils se refusent opiniâtrément à toutes ces évidences! et au bout de dix-sept siècles, ils imaginent qu'il est survenu de nouvelles raisons pour contester des faits, qui pendant tout Lce temps ont été l'objet de la croyance et du respect de leurs pères !

A ce qu'il dit de ses miracles, Jésus-Christ ajoute que l'Evangile est annoncé aux pauvres; et c'est encore un trait auquel on doit reconnoître en lui l'envoyé de Dieu. Ce caractère du Messie avoit été aussi prédit par Isaïe (1); et Jésus l'a parfaitement rempli, c'est même un bienfait de sa religion. Tous les moralistes qui l'avoient précédé, avoient débité leurs leçons dans des écoles, où ne pouvoient se rendre que ceux qui avoient, et assez de temps pour le consumer à l'étude, et assez d'instruction pour suivre leurs disputes et leurs raisonnemens abstraits. A l'école de Jésus-Christ, on n'a besoin, ni de temps, ni de lumières pour connoître ses devoirs; et sa loi divine a mis la morale la plus étendue et la plus sublime, à la portée de l'esprit le plus étroit et le plus grossier.

(1) Spiritus Domini super me, eò quòd unxerit Dominus me ad annuntiandum mansuetis misit me, ut mederer contritis corde, et prædicarem captivis indulgentiam, et clausis apertionem. Isa. LXI. 1.

Audient in die illâ surdi verba libri, et de tenebris et caligine oculi cæcorum videbunt. Et addent mites in Domino lætitiam, et pauperes homines in Sancto Israël exultabunt. -Ibid. XXIX. 18, 19.

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Enfin Jésus-Christ déclare heureux, ceux qui ne se scandaliseront pas à son sujet. Il étoit arrivé, le temps prédit par le saint vieillard Siméon, où l'enfant qu'il tenoit dans ses bras, devoit devenir un signe de contradiction, et la ruine ou la résurrection de plusieurs (1). Déjà Jésus étoit, selon l'expression de saint Paul, le scandale, c'est-à-dire l'occasion de péché d'un grand nombre de Juifs. Les docteurs de la loi se scandalisoient de ses instructions, qui, en montrant le but et le terme de la foi, faisoient voir leur ignorarce; les Pharisiens, de ses vertus simples et modestes, qui contrastoient avec leur hypocrisie et leur orgueil; le vulgaire, de sa pauvreté et de son état obscur, qui démentoient l'idée qu'il s'étoit formée du Messie. Et les disciples de saint Jean eux-mêmes n'avoient-ils pas été scandalisés de ses miracles, qui effaçoient les actions de leur maître ? L'avertissement que leur donne Jésus, étoit donc d'une haute importance, et pour eux et pour tous les assistans. Mais gardons-nous de croire que son utilité soit restreinte au temps où il parloit. Combien au sein même du christianisme, combien d'hommes pour qui Jésus-Christ est un sujet de scandale ! et les incrédules qui se scandalisent de l'incompréhensibilité de ses mystères; et les hérétiques qui se scandalisent de l'autorité irréfragable de

(1) Eccè positus est hic in ruinam et in resurrectionem mulforum in Israël, et in signum cui contradicetur. Luc. 11. 34.

son Eglise; et cette multitude de pécheurs qui se scandalisent de la sainte sévérité de ses préceptes. Ils sont bien rares ceux qui jouissent du bonheur de n'être pas scandalisés de JésusChrist; pour qui sa loi est, non pas une occasion de chute, mais un moyen de salut; qui soumettent avec docilité leur esprit à ses dogmes, et avec fidélité leur vie à ses commandemens. Dans quelle classe sommes-nous nous-mêmes? combien de fois Jésus-Christ n'a-t-il pas été pour nous un sujet de scandale? objet profond et terrible de nos méditations !

Comme ils s'en retournoient, Jésus se mit à parler de Jean au peuple. On ne voit pas que Jésus-Christ ait loué saint Jean-Baptiste, quand il en avoit reçu le témoignage qu'il étoit l'envoyé de Dieu; il le loue aujourd'hui, lorsque saint Jean-Baptiste paroît en douter. Les éloges qu'il lui donne, présentent deux considérations et deux instructions importantes.

En premier lieu, le saint précurseur étoit détenu en prison, comme un malfaiteur, par les ordres d'Hérode. Ce traitement, tout injuste qu'il étoit, pouvoit avoir fait impression sur les esprits, et avoir fait perdre à ce grand homme quelque chose de la haute vénération qu'avoient inspirée ses vertus et ses mortifications. Sans crainte du prince cruel qui le persécutoit, Jésus prend autement sa défense; et son exemple est pour nous une leçon de venir au secours de l'in

nocence opprimée. C'est un devoir non-seulement de charité, mais souvent même de justice, et malheureusement un devoir bien peu connu, et bien rarement pratiqué. Rien de plus commun que d'entendre débiter la calomnie; rien de plus rare que de l'entendre repousser. Examinons-nous nous-mêmes. Combien de fois avonsnous entendu déchirer par d'injustes inculpations, la réputation du prochain, sans nous mettre en devoir de le justifier! Tandis qu'une audacieuse méchanceté déchaînoit la langue du calomniateur, une lâche pussillanimité retenoit la nôtre. La crainte de déplaire au méchant, plus forte que l'amour de la justice, nous glaçoit quand le malheur de l'innocence eût dû nous échauffer. Peut-être même une malignité secrète nous faisoit trouver quelque plaisir dans ces cruelles imputations. Peut-être nous est-il arrivé d'encourager par un rire de complaisance ou d'applaudissement, de sanglantes railleries On se croit exempt de blâme parce qu'on se tait, et c'est parce qu'on se tait qu'on est blâmable. On accrédite la calomnie, en ne publiant pas ce qui pourroit la faire tomber; on est la cause qu'elle circule, quand on ne l'arrête pas lorsqu'on le pourroit. Dieu nous dit qu'il a recommandé à chacun de nous son prochain (1). Montronsnous le cas que nous faisons de sa recommandation, en laissant sciemment et volontairement

(1) Mandavit illis unicuique de proximo suo. Eccli. xvII. 12.

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