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ment, non plus seulement à l'examen de Dieu qu'ils ont négligé, peut-être bravé, mais à celui des hommes; non plus seulement à l'examen de leur pays et de leur génération, mais à celui de tous les pays et de toutes les générations. Leurs désordres qui sembloient avoir péri avec eux, ressuscités avec eux, sont présentés aux regards du monde. Leur conscience ouverte et déployée laisse voir l'amas d'iniquités caché dans ses replis. L'universalité de leurs actions, tout ce qui fut épars dans le cours d'une longue vie est mis à découvert et rassemblé dans un seul tableau. Depuis le premier péché, tout ce qu'on en a commis dans les divers âges est dévoilé à tous les yeux attentifs; emportemens d'une jeunesse déréglée, intrigues d'un âge mûr ambitieux, habitudes d'une vieillesse scandaleuse, tout ce qu'on vouloit cacher au public, tout ce qu'on cherchoit à se dissimuler à soi-même, tout ce qu'on avoit oublié ou ignoré, tout est manifesté; ce qui étoit renfermé dans l'intérieur des cœurs, pensées, jugemens, amours, haines, désirs, espérances, transports, projets, tout est produit au grand jour. Cette multitude de péchés de tout genre, s'offre accompagnée des circonstances qui les aggravèrent encore, et qui les rendirent plus inexcusables ou plus criminels; ils se présentent non plus tels que les voyoient des yeux abusés, mais tels que Dieu luimême les voit. Les prétextes dont on les pallioit,

sont dissipés; les sophismes dont on les justifioit, confondus; les couleurs dont on les embellissoit, effacées. Vus dans leur véritable nature, ils inspirent toute l'horreur qu'ils méri

tent.

Avec le mal que l'on a fait, seront aussi manifestés tous les biens auxquels on étoit tenu et que l'on a omis. On verra une vie pleine de péchés et vide de bonnes œuvres; nulles prières, nulles pratiques de piété, nuls secours aux indigens, nuls soulagemens aux malheureux, nulles mortifications. Toutes ces omissions que l'on se permettoit sans scrupule, que l'on entassoít sans remords, que l'on étoit peut-être parvenu à ne plus regarder comme des infractions de préceptes, seront découvertes et jugées de véritables prévarications. Il sera reconnu alors combien est coupable une vie oisive, combien une vie sensuelle est criminelle; et ce qui, aux yeux de tant d'hommes abusés, est la partie la plus innocente de leur conduite, deviendra dans ce jour un des sujets de leur honte et de leur condamnation.

Et tous les bienfaits divins dont on a abusé, vont sortir de l'obscurité où on les retint, et paroître au grand jour. On verra les dons de fortune accordés pour qu'on obtint le mérite de la bienfaisance, dissipés en frivolités, en luxe, souvent même en dissolutions. On verra les talens de l'esprit, destinés par la Providence

qui les donna, à procurer à Dieu la gloire, au prochain l'instruction, employés à satisfaire une minutieuse vanité, peut-être même prostitués au libertinage et à l'impiété. On verra tous les dons naturels qui avoient donné des espérances de vertu, devenus des moyens de vice; on verra tout ce qui fut reçu de grâces dans le cours de la vie, rendu inutile par le défaut de correspondance; tant d'inspirations saintes rejetées, tant de pieux désirs étouffés, tant de remords combattus, tant de salutaires avertissemens méprisés, tant d'occasions favorables négligées; tout ce qui fut employé contre le service du maître qui l'avoit confié, sera connu de l'univers entier.

Ce ne seront pas seulement les péchés que l'on a commis, ce seront encore ceux que l'on a fait commettre, ou auxquels on a participé, qui deviendront la matière de cet examen sévère et solennel. Toutes les âmes que le pécheur entraîna avec lui dans le vice s'élèveront contre lui, et lui reprocheront publiquement ceux de leurs péchés dont il fut ou la cause, ou l'occasion; elles révéleront hautement les suggestions insidieuses, les conseils perfides, les discours dangereux, les exemples scandaleux par lesquels il pervertit leur foi, ébranla leur vertu, corrompit leur innocence, autorisa leurs désordres. Tous ces crimes étrangers lui deviendront dans le grand jour aussi personnels que ceux dont il s'étoit rendu coupable,

Essaiera-t-il de recouvrir cette masse de péchés par la pénitence qu'il prétendra en avoir été faite? Sans doute pour les véritables pénitens, ce jour sera celui de leur triomphe, et de leur gloire, leurs fautes auront disparu; on ne verra plus que les austérités qui les expièrent, et les vertus qui les remplacèrent: mais ces pénitences fautives, ces pénitences incertaines par lesquelles on essaie de revenir à Dieu sans quitter lé monde, et qui trop souvent éblouissent les hommes, seront alors remises à leur juste valeur. Le monde remontera jusqu'aux motifs de ces conversions qui le séduisirent en l'édifiant; il en apercevra le principe dans quelque humiliation, dans quelque dégoût, dans quelque dépit, dans quelque intérêt. Les suivant dans leur progrès, il découvrira combien furent légères les contritions, combien superficiels les examens, combien incomplètes les confessions. Descendant à leurs effets, il verra des satisfactions, ou nulles, ou mal faites; des réparations imparfaites, des restitutions insuffisantes, des réconciliations fausses, des regrets du péché étouffés par les désirs du crime, des velléités de vertu combattant foiblement un violent attachement au vice; aucune occasion évitée, aucune liaison rompue, aucune habitude réformée, aucune passion réprimée; et toutes ces vaines pénitences seront elles-mêmes des sujets de reproches et des causes de confusion.

nues,

Ce n'est pas tout encore. Dans ce redoutable jour, Dieu jugera et manifestera non seulement les iniquités, mais encore les justices (1). En même temps qu'il fera briller les vertus solides de ses élus, demeurées jusque là inconil fera connoître toutes les fausses vertus qui trompèrent si long-temps le monde. La piété, qui n'étoit qu'hypocrisie; la charité, qui n'étoit qu'ostentation; la générosité, qui n'étoit qu'intérêt; la douceur, qui n'étoit qu'indolence; la complaisance, qui n'étoit que politique; la modération, qui n'étoit que foiblesse ; la modestie, qui n'étoit que raffinement de vanité; le zèle, qui n'étoit qu'humeur; la clémence, qui n'étoit que frayeur; la retenue, qui n'étoit que dissimulation; tout ce qui fut en un mot injustement estimé sur la terre, considéré alors sous son vrai point de vue, deviendra en un instant l'objet du mépris universel. Que d'œuvres si admirées, regardées jusqu'à ce moment comme des actes de la plus haute vertu, sur lesquelles peut-être, par un aveuglement trop commun, on avoit compté soimême pour le salut, se trouveront être non seulement inutiles, mais funéstes; non seulement mortes, mais criminelles!

Ame pécheresse, coupable fille de Babylone, voilà donc, comme l'annonçoit le Prophète, votre

(1) Cùm accepero tempus, ego justitias judicabo. Psal.

LXXIV. 3.

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