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qui ita ex uno vitulo duos novit facere. Sequitur enim uno contextu apud Augustinum altera distinctio, quae prorsus ad eandem rem explicandam facit: Aliud, inquit, est adiutorium, sine quo aliquid non fit; et aliud est adiutorium, quo aliquid fit. Primo itaque homini, qui in eo bono, quo factus fuerat rectus, acceperat posse non peccare, posse non mori, posse bonum non deserere, datum est adiutorium perseverantiae: non quo fieret, ut perseveraret, sed sine quo per liberum arbitrium perseverare non posset. Nunc vero sanctis in regnum Dei per gratiam praedestinatis non tantum tale adiutorium perseverantiae datur, sed tale, ut eis perseverantia ipsa donetur; non solum, ut sine isto dono perseverantes esse non possint, verum etiam, ut per hoc donum non nisi perseverantes sint. Non enim solum dixit (Ioann. 15, 5): Sine me nihil potestis facere: sed etiam dixit (ibid. v. 16): Non vos me elegistis: sed ego elegi vos, et posui vos, ut eatis, et fructum afferatis, et fructus vester maneat. Quibus verbis non solum eis iustitiam, verum et in illa perseverantiam se dedisse monstravit. Quis nunc, obsecro, mihi non concedat, Augustinum rem eandem aliis verbis continenter exponere? Quid ergo, tam bene contextas partes discerpendo, proficiet Pighius? Verum tam est desperata impudentia, ut vel confuso oris strepitu increpuisse, semper pro victoriae parte habeat. Nam quum Augustinus non tantum posse nobis dari, sed etiam velle, testatur: Deique gratiam non in hoc tantum esse efficacem in nobis, ut ipsa adiuti fidem possimus consequi si libeat, et consequuti, in ea stare, sed omnino, ut fideles simus, et in fide perseveremus: ut invictissima voluntate appetamus quod bonum est, et invictissima constantia ipsum deserere [pag. 238] nolimus: haec omnia, et similia, quae iam audisti, non aliud Pighio valent, nisi ita nos adiuvari, ut de victoria certi simus, si non de

fuerimus ipsi nobis: inferorum portas non fore nobis superiores, nisi illis cedamus; nullam fore Satanae virtutem adversum nos et gratiam nobis datam, si non illi dederimus locum vitio nostro et negligentia. Verum si quis ex electis, aut ignavia sua excludit respuitque oblatam Dei gratiam, aut receptam inconstantia abiicit, aut infirmitatis vitio eripi sibi patitur, ubi illa, sicuti vocat Augustinus, indeclinabilis et inseparabilis gratiae actio, quae non hominibus relinquit suam voluntatem, ut maneant in gratia si velint, sed etiam operatur ut velint? quae non tantum fidei consequendae facultatem confert, sed fideles etiam facit? quae non modo perseverandi facit copiam, sed tanta illos firmitate instruit, ut non nisi perseverantes sint? Imo ubi illa, et ad bonum appetendum invictissima voluntas, et ad retinendum invictissima constantia? Et tamen canino isto suo latratu evasisse contentus non est, nisi plus quam thrasonica stoliditate satis superque manifestum esse iactet, quam mihi omni ex parte Augustinus repugnet.

Decem libris constat opus Pighii: quorum sex primis de libero arbitrio disputat: reliquis quatuor praedestinationem ac providentiam Dei tractat. Quum igitur distinctae sint quaestiones, priorem illam hactenus, ut potui, atque ut temporis brevitas sinebat, sum exsequutus: alterius vero tractationem ad proximas usque nundinas differendam censui; quia et nihil est in mora periculi, et tunc utilior, volente Domino, prodibit. Quoniam tamen verebar, ne si diutius tacerem, quorundam oculos Pighius sua illa ostentatione perstringeret, hoc interea edito specimine, et illius insolentiam paululum reprimere, [pag. 239] et bonorum ac piorum attentionem excitare visum est: ut dum adversus huius Cyclopis impetum stare invictam Dei veritatem cernunt, magis ac magis in ea confirmentur.

FINIS.

ADVERTISSEMENT TRESUTILE

DU GRAND PROFFIT QUI REVIENDROIT A LA CHRESTIENTÉ

S'IL SE FAISOIT

INVENTOIRE DE TOUS LES CORPS SAINCTZ ET RELIQUES

QUI SONT TANT EN ITALIE

QU'EN FRANCE, ALLEMAIGNE, HESPAIGNE, ET AUTRES ROYAUMES ET PAYS.

PAR M. IEHAN CALVIN.

IMPRIMÉ A GENEVE

PER IEHAN GIRARD

154 3.

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Sainct Augustin, au livre qu'il a intitulé du labeur des Moynes, se complaignant d'aucuns porteurs de rogatons, ') qui desia de son temps exerceoyent foyre villaine et deshonneste, portans çà et là des reliques de Martyrs, adiouste: Voyre si ce sont reliques de Martyrs. Par lequel mot il signifie que dez lors il se commettoit de l'abuz et tromperie, en faisant à croyre au simple peuple que des os recueilliz çà et là estoyent os de sainctz. Puis que l'origine de cest abuz est si ancienne, il ne faut doubter qu'il n'ayt bien esté multiplié cependant par si long temps: mesmes veu que le monde s'est merveilleusement corrompu depuis ce temps là, et qu'il est decliné tousiours en empirant, iusques à ce qu'il est venu en l'extremité où nous le voyons.

Or, le premier vice, et comme la racine du mal, a esté, qu'au lieu de chercher Iesus Christ en sa Parolle, en ses Sacremens et en ses graces spirituelles, le monde, selon sa coustume, s'est [page 4] amusé à ses robbes, chemises et drappeaux; et en ce faisant a laissé le principal, pour suyvre l'accessoire. Semblablement a-il faict des Apostres, Martyrs et autres sainctz. Car au lieu de mediter leur vie, pour suyvre leur exemple, il a mis toute son estude à contempler et tenir comme en thresor leurs os, chemises, ceinctures, bonnetz, et semblables fatras.

Ie sçay bien que cela a quelque espece et couleur de bonne devotion et zele, quand on allegue qu'on garde les reliques de Iesus Christ pour l'honneur qu'on luy porte, et pour en avoir meilleure memoyre, et pareillement des Sainctz; mais il falloit considerer ce que dit sainct Paul, que tout service de Dieu inventé en la teste de l'homme, quelque apparence de sagesse qu'il ait, n'est que vanité et follie, s'il n'a meilleur fondement et plus certain, que nostre semblant. Outre plus, il falloit contrepeser le proffit qui en peut venir, avec le dangier; et en ce faisant, il se fust trouvé que c'estoit une

1) porteurs de rogatons, le traduceur a mis: circumforanei impostores.

chose [page 5] bien peu utile, ou du tout superflue et frivole, que d'avoir ainsi des reliquiaires: au contraire, qu'il est bien difficile, ou du tout impossible, que de là on ne decline petit à petit à idolatrie. Car on ne se peut tenir de les regarder et manier sans les honnorer; et en les honnorant, il n'y a nulle mesure que incontinent on ne leur attribue l'honneur qui estoit deu à Iesus Christ. Ainsi, pour dire en brief ce qui en est, la convoitise d'avoir des reliques n'est quasi iamais sans superstition, et, qui pis est, elle est mere d'idolatrie, laquelle est ordinairement conioincte avec.

Chascun confesse que ce qui a esmeu nostre Seigneur à cacher le corps de Moyse, a esté de peur que le peuple d'Israel n'en abusast en l'adorant (Deut. 34, 6). Or, il convient estendre ce qui a esté faict en un sainct, à tous les autres, veu que c'est une mesme raison. Mais encore que nous laissions là les sainctz, advisons que dit sainct Paul de Iesus Christ mesmes. Car il proteste de ne le congnoistre plus selon la chair, apres sa resurrection (2 Cor. 5, 16), [page 6] admonestant par ces motz que tout ce qui est charnel en Iesus Christ se doit oublier et mettre en arriere, afin d'emploier et mettre toute nostre affection à le cercher et posseder selon l'Esprit. Maintenant donc, de pretendre que c'est une belle chose d'avoir quelque memorial, tant de luy que des sainctz, pour nous inciter à devotion, qu'est-ce sinon une faulse couverture pour farder nostre folle cupidité, qui n'est fondée en nulle raison? Et mesme quand il sembleroit advis que ceste raison feust suffisante, puis quelle repugne apertement à ce que le S. Esprit a prononcé par la bouche de sainct Paul, que voulons nous plus?

Combien qu'il n'est ia mestier de faire longue dispute sus ce poinct, assavoir s'il est bon ou mauvais d'avoir des reliques, pour les garder seulement comme choses pretieuses sans les adorer. Car, ainsi que nous avons dict, l'experience monstre que l'un n'est presques iamais sans l'autre. Il est bien vray que sainct Ambroise, parlant d'Heleine, [page 7] mere de Constantin, Empereur, laquelle avecques grand peine et gros despens chercha la croix de

nostre Seigneur, dit qu'elle n'adora, sinon le Seigneur qui y avoit pendu, et non pas le bois. Mais c'est une chose bien rare, d'avoir le cueur addonné à quelques reliques que ce soit, qu'on ne se contamine et pollue quant et quant de quelque superstition. Ie confesse qu'on ne vient pas du premier coup à idolatrie manifeste: mais petit à petit on vient d'un abus à l'autre, iusque à ce qu'on tresbuche en l'extremité. Tant y a que le peuple qui se dict Chrestien en est venu iusques là, qu'il a pleinement idolatré en cest endroit, autant que feirent iamais payens. Car on s'est prosterné et agenouillé devant les reliques, tout ainsi que devant Dieu: on leur a allumé torches et chandelles en signe d'hommage: on y a mis sa fiance: on a là eu son recours, comme si la vertu et la grace de Dieu y eust esté enclose. Si l'idolatrie n'est sinon transferer l'honneur de Dieu ailleurs, nyerons nous que cela [page 8] ne soit idolatrie? Et ne faut excuser que ce a esté un zele desordonné de quelques rudes et ydiotz, ou de simples femmes. Car ce a esté un desordre general, approuvé de ceux qui avoyent le gouvernement et conduicte de l'eglise; et mesmes on a colloqué les os des morts et toutes autres reliques sus le grand autel, au lieu le plus haut et le plus eminent, pour les faire adorer plus autentiquement. Voila donc comme la folle curiosité qu'on a eu du commencement à faire tresor de reliques, est venue en ceste abomination toute ouverte, que non seulement on s'est detourné du tout de Dieu, pour s'amuser à choses corruptibles et vaines, mais que, par sacrilege execrable, on a adoré les creatures mortes et insensibles, au lieu du soul Dieu vivant (Rom. 1, 25).

Or, comme un mal n'est iamais seul, qu'il n'en attire un autre, ceste malheureté est survenue depuis qu'on a receu pour reliques, tant de Iesus Christ que de ses sainctz, ie ne say quelles ordures, où il n'y a ne raison ne propos; et [page 9] que le monde a esté si aveuglé, que quelque tiltre qu'on imposast à chascun fatras qu'on luy presentoit, il l'a receu sans iugement n'inquisition aucune. Ainsi, quelques os d'asne ou de chien, que le premier moqueur ait voulu mettre en avant pour os de martyr, on n'a point faict difficulté de les recevoir bien devotement. Autant en a il esté de tout le reste, comme il sera traicté cy-apres. De ma part, ie ne doubte pas que ce n'ayt esté une iuste punition de Dieu. Car puis que le monde estoit enraigé apres les reliques, pour en abuser en superstition perverse, c'estoit bien raison que Dieu permist que apres un mensonge un autre surveinst. C'est ainsi qu'il a accoustumé de se venger du deshonneur qui est faict à son Nom, quand on transporte sa gloire ailleurs. Pourtant, ce qu'il y a tant de faulses reliques et controuvées par tout, cela

n'est venu d'autre cause, sinon que Dieu a permis que le monde feust doublement trompé et deceu, puis qu'il aymoit tromperie et mensonge. C'estoit l'office [page 10] des Chrestiens, de laisser les corps. des sainctz en leur sepulchre pour obeir à ceste sentence universelle, que tout homme est pouldre et retournera en pouldre (Gen. 3, 19): non pas de les eslever en pompe et sumptuosité, pour faire une resurrection devant le temps. Cela n'a pas esté entendu, mais aucontraire, contre l'ordonnance de Dieu, on a deterré les corps des fideles pour les magnifier en gloire, au lieu qu'ilz devoyent estre en leur couche et lieu de repos, en attendant le dernier iour. On a appeté de les avoir, et a on là mis sa fiance: on les a adorez, on leur a faict tous signes de reverence. Et qu'en est il advenu? Le Diable, voyant telle stupidité, ne s'est point tenu content d'avoir deceu le monde en une sorte, mais a mis en avant ceste autre deception, de donner tiltre de reliques des sainctz à ce qui estoit du tout prophane. Et Dieu, par sa vengeance, a osté sens et esprit aux incredules: tellement que, sans enquerir plus outre, ilz ont accepté tout ce qu'on leur presentoit, sans distinguer [page 11] entre le blanc ou le noir.

Or pour le present, mon intention n'est pas de traicter quelle abomination c'est d'abuser des reliques, tant de nostre Seigneur Iesus que des sainetz, en telle sorte qu'on a faict iusqu'à ceste heure, et comme on faict en la plus part de la chrestienté. Car il faudroit un livre propre pour desduire cesto matiere. Mais pource que c'est une chose notoire, que la plus part des reliques qu'on monstre par tout sont faulses, et ont esté mises en avant par moqueurs, 1) qui ont impudemment abusé le pouvre monde: ie me suis advisé d'en dire quelque chose, afin de donner occasion à un chascun d'y penser et y prendre garde. 2) Car, quelques foys nous approuvons une chose à l'estourdie, d'autant que nostre esprit est preoccupé, tellement que nous ne prenons de loysir d'examiner ce qui en est, pour assoir bon et droit iugement, et ainsi nous faillons par faute d'advis. Mais quand on nous advertit, nous commençons à y penser, et sommes tout esbahis comme ) [page 12] nous avons esté si faciles et legiers à croire ce qui n'estoit nullement probable. Ainsi en est-il advenu en cest endroit. Car par faute d'advertissement, chascun estant preoccupé de ce qu'il oyt dire: Voila le corps d'un tel sainct, voila ses soliers, voila ses chausses: se

1) moqueurs 1543. 1544 et la version latine; 1563 suiv.: moqueries.

2) et prendre garde 1544 suiv.; quae sanis hominibus cogitandi et observandi occasionem praebeant, Gallas. 3) comment 1563 suiv.

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