LA MANIERE DE CELEBRER LE SAINCT MARIAGE.') Nostre aide soit au Nom de Dieu, qui a fait tiens, pour lesquelz il est mort. Et aussi la femme le Ciel et la terre. Amen. doit servir et obeir à son mary en toute saincteté et honnesteté. Car elle est subiecte, et en la puissance du mary, tant qu'elle vit avec luy (Gen. 1 et 2; Matth. 19, 5; Ephes. 5, 28 s.; Col. 3, 18; 1 Tim. 2, 12). Et ce sainct Mariage honnorable, 2) institué de Dieu (Hebr. 13, 4), est de telle vertu, que par iceluy le mary n'a point la puissance, de son corps, mais la femme: aussi la femme n'a point la puissance de son corps, mais le mary (1 Cor. 7, 1 ss.). Parquoy conioinctz de Dieu ne peuvent estre separez, fors que par) aucun temps, du consentement de l'un et de l'autre, pour vaquer à ieusne et oraison, gardant bien qu'ilz ne soyent tentez1) de Satan par incontinence. Et pourtant, doyvent retourner ensemble. Car pour eviter fornication, un chascun doit avoir sa femme, et une chascune femme son mary: tellement que tous ceulx qui ne se peuvent contenir, et3) qui n'ont le don de continence, sont obligez, par le commandement de Dieu, de se marier: afin que le sainct Temple de Dieu, c'est à dire noz corps, ne soyent violez et corrompuz. Car puis que noz corps sont membres de Iesus Christ, ce serait un trop grand oultrage d'en faire membres de la paillarde (1 Cor. 6, 15). Parquoy on les doit garder en toute saincteté. Car si aucun viole le Temple de Dieu, Dieu le destruira (1 Cor. 3, 17). Dieu nostre Pere, apres avoir creé le Ciel et la terre, et tout ce qui est en iceulx: il crea et forma l'homme à son image et semblance, qui eut la domination et seigneurie sur les bestes de la terre, les poissons de la mer, les oyseaulx du Ciel, disant apres avoir creé l'homme: Il n'est pas bon, que l'homme soit seul: faisons luy une aide sem 1) A partir de 1547 on trouve simplement: le Mariage. L'édition de 1545 commence par l'introduction suivante: blable à luy. Et nostre Seigneur fit tomber un gros sommeil sur Adam, et ainsi qu'Adam dormoit, Dieu print une des costes d'iceluy et en forma Eve: donnant entendre, 1) que l'homme et la femme ne sont qu'un corps, une chair, et un sang. Parquoy l'homme laisse pere et mere, et est adherant à sa femme: laquelle il doit aimer, ainsi que Iesus aime son Eglise, c'est à dire les vrais fideles et Chres La publique et solennelle ceremonie de confirmer les Mariages a esté instituée par les Chrestiens, afin que le vray et legitime Mariage fust en plus grand honneur, reverence et estime, et qu'il ne se commist fraude aucune ne tromperie entre les parties, mais que tout se feist avec bonne foy et loyauté: et que L'eglise prie pour le salut des Mariez. Parquoy l'office des Ministres de L'eglise est d'annoncer publicquement en la Chaire ceux qui veulent estre conioinctz ensemble par mariage, approuver et confirmer ledit mariage devant toute l'assemblée, et leur monstrer la dignité et excellence de l'estat de Mariage par les sainctes lettres. En apres leur declairer quel est l'office des Mariez, qui est comment le Mary doit traiter la femme, semblablement la femme le Mary, afin qu'ilz ne soyent qu'un. Et selon l'institution de Dieu contenue en Genese chapitre deuxiesme, Matthieu dixneufiesme, 1 aux Corinthiens chapitre 7, Collos. chapitre 3, 1à Timothé, Tit. chap. 2, 1 Pierre, chapitre troisiesme. Desquelz lieux ne sera point impertinent ny inutile, que le Ministre prenne et recueille les adhortations et consolations, faisantes et servantes à cest affaire et matiere. Et afin que toutes choses se facent honnestement, sainctement et deuement par bon et decent ordre, toute la compaignie des Nopces doit entrer au Temple sans Tabourin ny autres instrumens de Musicque, pour ouyr et escouter la saincte Parolle de Dieu, qui leur sera administrée. 1) 1547 ss.: donnant à entendre. 2) honnorable, manque 1558 suiv. 3) 1562. 1563: pour. 4) 1562 suiv.: d'estre tentez. 5) qui ne se peuvent contenir et, manque 1558 suiv. Vous donc (nommant l'espoux et l'espouse) N. et N.) ayans congnoissance 2) que Dieu ainsi l'a ordonné, voulez vous vivre en ce sainct estat de Mariage que Dieu a si grandement honnoré? avez vous un tel propos, comme vous tesmoignez icy devant sa saincte Assemblée, demandans qu'il soit approuvé? Respondent: Le Ministre. Ie vous prens tous, qui estes icy presens, en tesmoingz, vous priant en avoir souvenance: toutesfois s'il y a aucun, qui sache quelque empeschement, ou que aucun d'eux soit lié par Mariage avec aultre, qu'il le die. Si personne n'y contredit, le Ministre dit ainsi: Puis qu'il n'y a personne qui contredise, et qu'il n'y a point d'empeschement, nostre Seigneur Dieu conferme vostre sainct propos, qu'il vous a donné et vostre commencement soit au Nom de Dieu, qui a faict le Ciel et la terre. Amen. Le Ministre parlant à l'espoux, dit ainsi: Vous N. confessez icy devant Dieu et sa saincte Congregation, que vous avez prins et prenez, pour vostre femme et espouse N. icy presente, laquelle promettez garder, en l'aimant et entretenant fidelement, ainsi que le devoir d'un vray et fidele mary est à sa femme: vivant sainctement avec elle, luy gardant foy et loyaulté en toutes choses, selon la saincte") parolle de Dieu, et son sainct Evangile? Respond: Ouy. Puis parlant à l'espouse, dit: Vous N. confessez icy devant Dieu et sa saincte Assemblée, que vous avez prins et prenez N. pour vostre legitime mary, auquel promettez obeir, luy servant et estant subiecte, vivant sainctement, luy gardant foy et loyaulté en toutes choses, ainsi qu'une 1) 1542. 1545. 1562. 1563. 1566: N. et N. Les autres éditions ont: N. N. 2) 1547 ss.: la cognoissance. 3) saincte, manque 1562. 1563. 1566. fidele et loyalle espouse doit à son mary, selon la parolle de Dieu et le sainct Evangile? Respond: Puis le Ministre dit: Le Pere de toute misericorde, qui de sa grace vous a appellez à ce sainct estat de Mariage, 1) pour l'amour de Iesus Christ son Filz, qui par sa saincte presence a sanctifié le Mariage (Iean 2, 1 ss.), faisant là le premier signe 2) devant ses Apostres, vous doint son sainct Esprit, pour le servir et honnorer en ce noble estat. Amen. Escoutez l'Evangile, comme nostre Seigneur veult que le sainct Mariage soit gardé: et comme il est ferme et indissoluble, selon qu'il est escript en sainct Matthieu au dix neufviesme chapitre: Les Pharisiens s'approcherent de luy, le tentant, et disans: Est-il loisible à l'homme de laisser sa femme pour quelconque occasion? Et respondant, leur dist: N'avez vous point leu, que celuy qui feit l'homme dés le commencement, il feit le masle et la femelle et dist: Pour ce l'homme delaissera pere et mere, et s'adioindra à sa femme, et seront deux en une chair: et par ainsi, ilz ne sont plus deux, mais une chair. Donques ce que Dieu a conioinct, l'homme ne separe") point. Croyez à ces sainctes parolles, que nostre Seigneur Iesus a proferées, comme l'Evangeliste 4) les recite et soyez certains, que nostre Seigneur Dieu vous a conioinctz en ce sainct estat de Mariage: 5) parquoy vivez sainctement ensemble, en bonne dilection, paix et union, gardans vraye charité, foy et loyaulté l'un et l'autre, ") selon la parolle de Dieu. Prions donc tous d'un cœur nostre Pere: Dieu tout puissant, tout bon et tout sage, qui dés le commencement as preveu, qu'il n'estoit point bon que l'homme feust seul: à cause de quoy, tu luy a creé une aide semblable à luy, et as ordonné, que deux feussent un: nous te prions, et humblement requerons, puis qu'il t'a pleu appeller ceulx icy au sainct estat de Mariage, que de ta grace et bonté leur vueilles donner et envoyer ton sainct Esprit: afin qu'en vraye et ferme Foy, selon ta bonne volunté, ilz vivent sainctement, surmontans toutes mauvaises affections, et vivans purement, ') edifians les aultres en toute honnesteté et chasteté: leur donnant ta benediction, ainsi que à tes fideles serviteurs Abraham, Isaac et Iacob: que ayans saincte lignée, ilz te louent et servent, apprenans icelle, et la nourrissant en ta louenge 1) et vivans purement, manque 1558 surv. et gloire et à l'utilité du prochain, en l'advancement et exaltation de ton sainct Evangile. Exaulce nous, Pere de misericorde, par nostre Seigneur Iesus Christ ton treschier Filz. Amen. Nostre Seigneur vous remplisse de toutes graces, et en tout bien vous doint vivre ensemble longuement et sainctement.') 1) 1559-1563: Amen. L'office d'un vray et fidele Ministre est, non seule ment d'enseigner publiquement le peuple, auquel il est ordonné pour Pasteur, mais en tant que faire se peult, d'admonester, exhorter, reprendre et consoler un chascun en particulier. Or, le plusgrand besoing, qu'a iamais affaire1) l'homme de la doctrine spirituelle de nostre Seigneur, est quand il est visité de nostre Seigneur en afflictions, soit de maladies, ou aultres maulx, principallement à l'heure de la mort: car lors il se sent plusfort, qu'en toute sa vie, pressé en la conscience, tant du Iugement de Dieu, auquel il se voit presentement estre appellé, que des assaulx du Diable, lequel faict adonc tous ses effors pour abbatre la paovre personne, et la deietter 2) en confusion. Et pourtant le devoir des Ministres) est de visiter les malades, et les consoler par la parolle du Seigneur: leur remonstrant, que tout ce qu'ilz souffrent et endurent, vient de la main de Dieu, et de sa bonne providence, lequel n'envoye rien à ses fideles, sinon pour leur bien et salut. Et prendra les tesmoignages de l'Escripture à ce convenables. D'avantage, s'il les voit en maladie dangereuse, de leur donner consolation, qui passe encores oultre, et ce selon qu'il les verra touchez en leur affection: c'est assavoir, s'il les congnoist estre DE LA VISITATION DES MALADES. espouvantez de l'horreur de la mort, de leur remonstrer, qu'en icelle il n'y a nulle matiere de desolation aux fideles, lesquelz ont Iesus Christ leur ducteur 4) et protecteur, qui par icelle les conduira à la vie, en laquelle il est entré. Et par semblables remonstrances leur oster ceste crainte et terreur, qu'ilz ont du Iugement de Dieu. S'il ne les voit point assez abatuz de la conscience de leurs pechez, leur declairer quelle est la iustice de Dieu, devant laquelle ilz ne peuvent consister; sinon par sa misericorde, embrassans Iesus Christ pour leur salut. Au contraire, les voyant affligez en leurs consciences, et troublez de leurs offenses, qu'il leur monstre et represente Iesus Christ au vif, et comment en luy tous paovres pecheurs, qui se deffians d'eulxmesmes se reposent en sa bonté, trouvent soulaigement et refuge. Donc un bon et fidele Ministre aura à considerer le moyen, qu'il sera bon de prendre, pour consoler les patiens et affligez, selon l'affection qu'il verra en eulx, et le tout par la parolle de nostre Seigneur. Et mesme, si le Ministre a quelque chose, dequoy il puisse aussi consoler et aider corporellement les paovres affligez, il n'y espargnera rien,) monstrant à tous vray exemple de charité. 1) affaire, manque 1547 ss. 2) 1558 suiv.: ietter et abysmer. 3) 1547 ss. d'un Ministre. 4) 1558 suiv.: guide. 5) 1558 suiv.: abbatuz et angoissez du sentiment de leurs pechez. 6) 1558 suiv.: qu'il ne s'y espargne. 7) 1542. 1547: Fin; 1545: Fin des Sacremens; 1559: Fin des prieres. Les éditions de 1558, 1562 et 1563 ajoutent ici la prière, qui dans notre texte des prières domestiques (lesquelles forment l'appendice du Catéchisme) se trouve ajoutée en note cidessus page 145. FIN. 7) 14 |