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l'Univers, n'a pu se donner l'existence, et n'a . pu la recevoir par un cas fortuit, puisque, par ce mot vide de sens, on ne peut que tomber 'd'absurdité en absurdité. La merveilleuse harmonie, qui règne dans ce grand œuvre, ne peut être l'ouvrage d'un être fantastique; elle nous oblige à avouer Pexistence réelle d'un Dieu tout-puissant, infiniment sage, et absolument prévoyant.

Nous venons également d'acquérir, par la plus scrupuleuse inspection, par la plus exacte anatomie des corps organisés loco-mobiles, qu'ils ne peuvent avoir d'eux-mêmes aucun mouvement; qu'ils ne sont que des mécaniques, nous sommes donc encore dans la nécessité d'avouer qu'une intelligence, qui n'est point matière, les meut, les dirige, et veille non-seulement à leur conservation, mais encore à leur reproduction. Cette certitude métaphysique de l'existence de l'âme est bien plus frappante encore dans l'homme, qui porte des jugemens non seulement sur les choses qui tombent sous ses sens, mais encore sur les êtres abstraits qu'ils ne peut apercevoir par ses organes. Que cette intelligence soit unie avec le corps; qu'elle soit au dehors de lui, (car le mécanicien n'a pas besoin d'être dans sa mécanique pour la diriger ou la mouvoir)

elle existe. Dieu n'est pas dans ses ouvrages; cependant il connaît en tout temps ce qui s'y passé, et les dirige à sa volonté ; il serait possible qu'il en fût de même des intelligences qui meuvent tous les corps organisés locomobiles, et que le Créateur suprême ne nous ait assujettis à diriger ces corps que pour avoir lieu de nous rendre vertueux, et de nous en récompenser; car la récompense, nous le savons, n'est due qu'à celui qui a fait quelque bien les corps ne sont donc que des mécaniques que nous mouvons, que nous dirigeons. Nous est positivement ce que nous nommons âme; le reste n'est rien: c'est un composé fragile que nous entretenons, et qui se détruit avec le temps. Dieu, par une grâce particulière, peut nous exempter de cette épreuve en nous retirant bientôt de cette charpente corruptible; et nous en acquérons journellement la certitude physique. Ainsi toute espèce de certitude, certitude métaphysique, certitude physique, certitude morale, se réunissent pour nous convaincre de notre essence et de la bonté de Dieu à notre égard. Les Tusculanes de Cicéron que nous avons analysées dans notre bibiographie démontrent ces faits d'une manière péremptoire; essayons encore ici de nous en convaincre davantage, en procédant

du connu à l'inconnu, ainsi qu'on le fait en géométrie.

S'il n'y avait point une intelligence dans le mécanisme animal, semblable à une horloge, mue par le pendule, son mouvement serait uniforme et constant. Nous n'éprouverions aucune sensation; nous ne serions capable d'aucun raisonnement; mais l'expérience nous prouve le contraire. L'âme ordonne et dirige les mouvemens du corps; et les impulsions que celui-ci éprouve avertissent l'âme : elle en reçoit des sensations agréables ou pénibles, suivant qu'elles sont utiles ou nuisibles à la conservation de son enveloppe, ou suivant l'habitude qu'elle a contractée.

Dans l'homme, les grandes affections du corps détruisent la mémoire et le raisonnement, de même les peines de l'esprit ruinent le corps. Un long travail d'esprit épuise la machine organique; la fatigue de celle-ci rend l'esprit moins propre au travail et à la réflexion. L'homme, pendant le sommeil, a des idées, et elles ne sont pas toujours la suite des sensations qu'on a éprouvées; elles n'y ont souvent aucune analogie. Souvent ces idées agissent sur le corps, et lui occasionnent des actions. Telles sont les remarques certaines que nous faisons sur nous, malgré l'obstina

tion de quelques philosophes modernes, qui soutiennent que toutes nos idées nous viennent des sens. Si cela était vrai, nous serions anéantis après la mort, puisqu'alors nos sens sont engourdis, puisqu'ils sont sans mouvement; nous n'aurions plus d'idées ; nous ne pourrions être récompensés ni punis, puisque, ne pouvant plus avoir de sensations, nous serions absolument anéantis.

Cependant, dans l'examen que nous avons fait du corps organisé, avons-nous aperçu quelque chose qui puisse avoir des idées, des perceptions, du raisonnement? non, sans contredit; nous n'avons entrevu que l'irritation qu'occasionne le fluide nerveux; mais cette irritation facilite les mouvemens, et elle ne meut pas ; elle ne fait pas changer de place aux substances loco-mobiles : l'animal est donc un être mixte, composé d'un corps et d'une sorte d'intelligence, capable de sentir les impressions qu'elle reçoit du corps, et d'en diriger les mouvemens à volonté. Quoi ! dira le matérialiste; nous pensons, il est vrai, mais la pensée est le privilége de la substance organisée.

Mais si la matière pense, toute matière est esprit, tout corps pense; si un corps triangulaire, infiniment petit, pense, pourquoi un

corps rectangle infiniment petit ne penserait-il pas ? Si la matière pense, la morale se réduira aux lois de l'équilibre et du mouvement, et nous pourrons mesurer l'étendue de nos connaissances comme nous mesurons l'étendue d'une prairie ou d'un carré.

C'est l'organisation, ajoute le matérialiste, qui forme la pensée; cela est si vrai que nous n'avons point d'autres idées que celles qui nous viennent des sensations.

Mais pourquoi vouloir s'obstiner contre l'évidence? Les hommes les plus difformes, les moins bien organisés n'ont-ils pas quelquefois les idées plus claires, un jugement plus sain et plus d'esprit? Mais qu'est-ce que l'esprit ? L'esprit est l'effet de la faculté de penser, Ou l'assemblage des pensées d'un homme. Mais comment ces pensées s'assemblent-elles? Quel est ce mécanisme? à chaque pas naissent des questions sur questions très-difficiles à résoudre.

Mais nous pensons, nous comparons, nous raisonnons, nous jugeons. Et, puisqu'on ne peut attribuer la pensée ni même le mouvement à la matière organisée, il y a donc dans les corps organisés quelque chose d'étranger à la matière, qui les met en mouvement, qui dirige leurs actions, et qui pense.

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