XXXIX. Le Laboureur et ses Enfans. Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage Que nous ont laissé nos parents : Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit mais un peu de courage Le père mort, les fils vous retournent le champ, D'argent, point de caché. Mais le père fut sage Que le travail est un trésor. XL. Le Cerf et la Vigne. Un cerf, à la faveur d'une vigne fort haute, Les veneurs, pour ce coup, croyaient leurs chiens en faute. J'ai mérité, dit-il, ce juste châtiment : Vraie image de ceux qui profanent l'asile XLI. L'âne vêtu de la peau du Lion. De la peau du lion l'âne s'étant vêtu, Et, bien qu'animal sans vertu, Il faisait trembler tout le monde. Un petit bout d'oreille échappé par malheur Martin fit alors son office. Ceux qui ne savaient pas la ruse et la malice, S'étonnaient de voir que Martin Chassât les lions au moulin. Force gens font du bruit en France, Par qui cet apologue est rendu familier. Fais les trois quarts de leur vaillance. BAULANT Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être; Le plus simple animal nous y tient lieu de maître. Une morale nue apporte de l'ennui : Le conte fait passer le précepte avec lui. En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire; Et conter pour conter me semble peu d'affaire. C'est par cette raison qu'égayant leur esprit, Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit. Tous ont fui l'ornement et le trop d'étendue; FABLES DE LAFONTAINE. On ne voit point chez eux de parole perdue Il renferme toujours son conte en quatre vers; L'un amène un chasseur, l'autre un pâtre, en sa fable. Y cousant en chemin quelque trait seulement. Voici comme, à peu près, Ésope le raconte. Un pâtre, à ses brebis trouvant quelque mécompte, Il s'en va près d'un antre, et tend à l'environ Si tu fais, disait-il, ô monarque des dieux, Que le drôle à ces lacs se prenne en ma présence, Parmi vingt veaux je veux choisir. Le plus gras, et t'en faire offrande! A ces mots sort de l'antre un lion grand et fort: (*) Gabrias. |