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Il n'avait pas des outils à revendre ;
Sur celui-ci roulait tout son avoir.
Ne sachant donc où mettre son espoir,
Sa face était de pleurs toute baignée :
O ma cognée! ô ma pauvre cognée !
S'écriait-il Jupiter, rends-la moi;
Je tiendrai l'être encore un coup de toi.
Sa plainte fut de l'Olympe entendue.

Mercure vient. Elle n'est pas perdue,
Lui dit ce dieu; la connaîtras-tu bien?
Je crois l'avoir près d'ici rencontrée.
Lors une d'or à l'homme étant montrée,
Il répondit: Je n'y demande rien..
Une d'argent succède à la première :
Il la refuse. Enfin une de bois.
Voilà, dit-il, la mienne cette fois :
Je suis content si j'ai cette dernière.
Tu les auras, dit le dieu, toutes trois :
Ta bonne foi sera récompensée.
En ce cas-là je les prendrai, dit-il.
L'histoire en est aussitôt dispersée;
Et boquillons de perdre leur outil,
Et de crier pour se le faire rendre.
Le roi des dieux ne sait auquel entendre.
Son fils Mercure aux criards vient encor :
A chacun d'eux il en montre une d'or.

Chacun eût cru passer pour une bête

De ne pas dire aussitôt

: K

La voilà ! .

Mercure, au lieu de donner celle-là,

Leur en décharge un grand coup sur la tête.

Ne point mentir, être content du sien;
C'est le plus sûr cependant on s'occupe
A dire faux pour attraper du bien.
Que sert cela? Jupiter n'est pas dupe.

XXXVI.

Le Pot de terre et le Pot de fer.

Le pot de fer proposa

Au pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,

Disant qu'il ferait que sage
De garder le coin du feu ;

Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose

De son débris serait cause;
Il n'en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la
dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le pot de fer:

Si quelque matière dure
Vous menace, d'aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.

Mes gens s'en vont à trois pieds
Clopin clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés

Au moindre hoquet qu'ils trouvent.

Le pot de terre en souffre: il n'eut pas fait cent pas, Que par son compagnon il fut mis en éclats,

Sans qu'il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu'avec nos égaux,

Ou bien il nous faudra craindre

Le destin d'un de ces pots.

XXXVII.

La Poule aux œufs d'or.

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,

Que celui dont la poule, à ce que dit la fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.

Il crut que dans son corps elle avait un trésor :
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable

A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.

Belle leçon pour les gens chiches!

Pendant ces derniers tems, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus,
Pour vouloir trop tôt être riches!

XXXVIII.

La Montagne qui accouche.

Une montagne en mal d'enfant
Jettait une clameur si haute,

Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,

D'une cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d'une souris.

Quand je songe à cette fable,
Dont le récit est menteur

Et le sens est véritable

Je me figure un auteur

Qui dit Je chanterai la guerre

Que firent les Titans au maître du tonnerre.

C'est promettre beaucoup mais qu'en sort-il souvent?

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