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X.

Les Frêlons et les Mouches à miel.

A l'œuvre on connaît l'artisan.

Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent; Des frêlons les réclamèrent.

Des abeilles s'opposant,

Devant certaine guêpe on traduisit la cause.
Il était mal-aisé de décider la chose :

Les témoins déposaient qu'autour de ces rayons
Des animaux aîlés, bourdonnans, un peu longs,
De couleur fort tannée, et tels que les abeilles,
Avaient longtemps paru. Mais quoi! dans les frêlons
Ces enseignes étaient pareilles.

La guêpe, ne sachant que dire à ces raisons,
Fit enquête nouvelle, et, pour plus de lumière,
Entendit une fourmillière.

Le point n'en put être éclairci.

De grâce, à quoi bon tout ceci?
Dit une abeille fort prudente.

Depuis tantôt six mois que la cause est pendante,
Nous voici comme aux premiers jours.

Pendant cela le miel se gâte.

Il est temps désormais que le juge se hâte :

N'a-t-il point assez léché l'ours?

Sans tant de contredits et d'interlocutoires;
Et de fatras, et de grimoires,

Travaillons, les frêlons et nous.

On verra qui sait faire avec un suc si doux,
Des cellules si bien bâties.

Le refus des frêlons fit voir

Que cet art passait leur savoir;

Et la guêpe adjugea le miel à leurs parties.

Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès!
Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode !
Le simple sens commun nous tiendrait lieu de code;
Il ne faudrait point tant de frais.

Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge;
On nous mine par des longueurs:

On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,
Les écailles pour les plaideurs.

XI.

Le Chêne et le Roseau.

Le chêne un jour dit au roseau :

Vous avez bien sujet d'accuser la nature;

Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ;
Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête;

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Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est aquilon; tout me semble zéphir.
Encor, si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir;
Je vous défendrais de l'orage :

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
Votre compassion, lui répondit l'arbuste,
Part d'un bon naturel mais quittez ce souci;

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables :
Je plie et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos :

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots, Du bout de l'horizon accourt avec furie.

Le plus terrible des enfans

Que le nord eût portés jusques-là dans ses flancs. L'arbre tient bon; le roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

XII.

Le Loup plaidant contre le Renard, pardevant le Singe.

Un loup disait que l'on l'avait volé :
Un renard, son voisin, d'assez mauvaise vie,

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Pour ce prétendu vol par lui fut appelé.
Devant le singe il fut plaidé,

Non point par avocats, mais par chaque partie.
Thémis n'avait point travaillé,

De mémoire de singe, à fait plus embrouillé.

Le magistrat suait en son lit de justice.

Après qu'on eut bien contesté,

Répliqué, crié, tempêté,

Le juge, instruit de leur malice,

Leur dit Je vous connais de long-temps, mes amis;
Et tous deux vous paierez l'amende :

Car, toi, loup, tu te plains, quoiqu'on ne t'ait rien pris;
Et toi, renard, as pris ce que l'on te demande.

Le juge prétendait qu'à tort et à travers,
On ne saurait manquer, condamnant un pervers.

XIII.

Les deux Taureaux et la Grenouille.

Deux taureaux combattaient à qui posséderait
Une génisse avec l'empire.

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