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y eût une préparation pour les rendre capables de s'en acquitter dignement? N'était-il pas nécessaire aussi qu'il y eût un temps d'épreuve pour s'assurer des dispositions et de l'aptitude des sujets ? « Comme la fonction d'un Sacerdoce si saint, dit le même Concile, est une chose toute divine, et afin qu'elle pût être exercée avec plus de dignité et plus de respect, il a été bien convenable et bien à propos, pour le bon règlement de l'Eglise, si sage dans toute sa conduite, qu'il y eût plusieurs et divers ordres de Ministres, qui par office fussent appliqués au service du Sacerdoce, en sorte que par une manière de degré, ceux qui auraient été premièrement marqués de la Tonsure cléricale, montassent ensuite des Ordres mineurs aux Ordres majeurs » (1). Dans la profession des armes, on exige que le jeune soldat, malgré son instruction classique, passe par tous les degrés de l'état militaire, avant d'arriver au grade supérieur; dans la Magistrature, les jeunes avocats sont également obligés à subir des stages et à remplir les fonctions de Substituts avant de monter sur le Tribunal de la justice humaine; il n'est donc pas insolite, que des Ordres aient été établis pour servir de préparation, d'épreuve et d'exercice aux fonctions du Sacerdoce.« D'ailleurs le Sacrifice et le Sacerdoce sont tellement liés ensemble par la disposition de Dieu, que l'un et l'autre ont existé sous toutes les Lois. Comme donc dans le Nouveau Testament, l'Eglise catholique a reçu de l'institution de Notre-Seigneur JésusChrist le Sacrifice visible de la sainte Eucharistie, il faut encore reconnaître, que dans la mème Eglise il y a un nouveau Sacerdoce, visible et extérieur, par lequel l'ancien a été remplacé : les saintes Lettres font voir, comme la Tradition de l'Eglise catholique l'a aussi toujours enseigné, que ce Sacerdoce a été institué par Notre-Seigneur et Sauveur, et qu'il a donné aux Apôtres, et à leurs successeurs dans le Sacerdoce, la puissance de consacrer, offrir et administrer son Corps et son Sang, ainsi que de remettre et de retenir les péchés » (2). Le Sacerdoce fut d'abord communiqué aux Apôtres, qui le transmirent aux Evêques leurs successeurs; ceux-ci sont ainsi les premiers Prêtres de la Loi nouvelle. Lorsqu'ils sacrent d'autres Pontifes, ils leur

(1) Conc. Trid. sess. 22, cap. 2.

(2) Ibid. sess. 23, ch. 1.

transmettent la plénitude des pouvoirs qu'ils ont reçus; lorsqu'ils ordonnent des Prêtres, ils ne leur confèrent, selon les intentions du Sauveur, qu'une partie de leur puissance. Le caractère sacerdotal est sans doute le même dans tous ceux qui ont été ordonnés Prêtres d'une manière canonique; mais tous n'ont pas les mêmes pouvoirs, et ne sont pas au même degré dans le sacré Ministère; car il est de simples Prêtres qui n'ont que le pouvoir de célébrer les saints Mystères; d'autres qui joignent à cette faculté celle d'entendre la Confession et de remettre les péchés; il est aussi des Prêtres exerçant toutes les fonctions du ministère paroissial, tels que les Curés et les Vicaires; ¡enfin il est encore des Pretres, ayant une mission spéciale pour la célébration de l'Office divin, tels que les Chanoines. L'Episcopat ne forme pas un huitième Sacrement, parce qu'il n'est que le Sacerdoce dans toute sa plénitude. Tous les Evêques ont sans doute le mème caractère de l'Ordre, mais non pas les mêmes prérogatives; car les Métropolitains ou Archevêques ont dans leur province ecclésiastique des facultés que le droit n'accorde pas aux Suffragants; mais ces pouvoirs, plus ou moins étendus dans les Prêtres et les Evêques, ne constituent pas un Ordre et un Sacrement différent. Il en est de même de la Papauté; ce n'est pas le nom d'un Ordre, mais de la Juridiction; aussi un Ecclésiastique pourrait être Pape, sans être Prêtre; il n'aurait pas les pouvoirs de l'Ordre sacerdotal, mais il aurait ceux de la dignité et de la Juridiction papale, ainsi que le fait remarquer Rocca (1). Ce sont là des choses que tout le monde sait ; pourquoi Calvin fait-il semblant de les ignorer? Il se rit d'un ton goguenard de l'institution des divers Ordres; il appelle les Prêtres des bouchers, faisant des Immolations quotidiennes, parce qu'ils disent tous les jours la Messe. Y a-t-il beaucoup d'esprit dans cette observation? Il prétend que les Prêtres doivent être ordonnés par la bouche de J.-C.; mais le divin Sauveur a-t-il promis de parler aux hommes pour leur faire connaître les Ordinations, par sa bouche ? Et puisqu'il ne juge pas à propos de faire entendre sa voix, le Réformateur aurait dû indiquer à quelle marque on pouvait reconnaître

(1) Thesaur. pontific. antiq. Rocca, tom. 1, pag. 5, Ed. Rom. 1755.

les Prêtres, ordonnés par Jésus-Christ? Pourquoi dit-il aussi que l'Evêque souffle sur les Prètres qu'il ordonne en leur disant: Recevez le St-Esprit? L'Evêque impose les mains sur les Ordinands, mais il ne souffle pas sur eux. A-t-il imaginé cette b lle invention, pour se donner le plaisir de dire, que les Evêques vomissaient le StEsprit de leur gosier, et toutes les autres sottises que nous avons rapportées ? Quand on veut faire le plaisant, il faut le faire avec un peu plus d'esprit, et sur un meilleur ton.

ARTICLE SECOND.

DE LA TONSURE CLERICALE.

Il est des hommes dans le monde qui regardent la Tonsure, les uns comme une singularité, les autres comme une chose indifférente il ne sera donc pas hors de propos de rappeler l'antique discipline, pour savoir ce qu'il faut penser de l'obligation imposée aux Ecclésiastiques de la conserver.

Institution

C'est par la réception de la Tonsure qu'a lieu l'entrée dans l'Etat ecclésiastique: elle est comme le premier degré du Sanctuaire. La Tonsure n'est point un des Ordres, mais une cérémonie religieuse, de la tonsure. destinée à leur servir de préparation; ceux qui l'ont reçue doivent porter le costume clérical, et se distinguer du commun des chrétiens autant par la régularité de leurs mœurs, que par la décence de leur habit et de leur maintien. Dès ce moment ils portent le nom d'Ecclésiastiques, ou de Clercs, du grec Kλepos, partage, parce qu'ils sont le partage du Seigneur, ou parce que le Seigneur lui-même est leur partage, selon la remarque de S. Jérôme (1).

La Tonsure, prescrite aux Ecclésiastiques, est une pratique bien ancienne dans l'Eglise. Le Liber Pontificalis, attribué au Pape Damase; dit que le Pape Anicet I, élevé sur la Chaire de S. Pierre, l'an 165 ou 167 de J.-C., défendit aux Ecclésiastiques, selon la tradition de l'Apôtre, de garder les cheveux longs (2). Des Auteurs, en effet, ont attribué à S. Pierre cette discipline, comme le fait remar

(1) Patrol. tom. xx11 S. Hier. Epist. 52, ad. Nepot. n. 5, pag. 531. (2) Hic. constituit, ut clericus comam non nutriret, secundum præceptum apostoli. Concil. Labb. tom. 1, Vita Aniceti, pag. 579.

quer Raban Maur dans son Institution des Clercs: cet Auteur pense même que l'usage de la Tonsure vient des Nazaréens, qui après avoir porté les cheveux longs, en faisaient quelquefois le sacrifice, en se dévouant à une vie plus parfaite (1). Il est certain qu'elle a été en usage dans tous les siècles, dans l'Orient comme dans l'Occident, et qu'elle a ainsi le caractère d'une institution apostolique.

Lorsqu'il s'élevait dans l'Eglise quelque persécution, les Ecclésiastiques devaient sans doute éviter de porter des marques, propres à les faire reconnaître des païens; mais en temps de paix, ceux qui faisaient profession d'une plus grande piété, dûrent se faire un devoir d'exprimer, par leur extérieur, les sentiments dont ils étaient animés et le mépris qu'ils faisaient des vanités du monde. La pratique d'avoir la Tonsure et de porter un habit particulier, fut aussi adoptée par les Religieux: «Ce n'est pas, disait S. Ephrem, la Tonsure, ni l'habit, qui font le Religieux, mais le désir des choses célestes et une manière de vivre toute sainte et divine; par ce moyen ils font paraitre et éclater l'excellence d'une vie véritablement religieuse et spirituelle » (2). La mème pratique avait lieu dans l'Occident; des Moines en Afrique menaient une vie peu régulière et pour se distinguer des autres, ils avaient délaissé la Tonsure; S. Augustin voulant les ramener aux pratiques conformes à leur état, écrivit son livre du Travail des Moines; il appelle ceux qui portaient les cheveux longs, Monachos crinitos, et les exhorte à reprendre la Tonsure (3). Les Evêques devaient pratiquer eux-mêmes ce qu'ils conseillaient aux Religieux; c'est pour cela peut-être qu'on donnait le nom de Couronne à la dignité épiscopale. Le Diacre Ponce, dans sa Vie de S. Cyprien, écrite vers l'an 258, dit que ce Saint fut le premier en Afrique qui teignit de son sang par le martyre les couronnes épiscopales: Sacerdotales coronas in Africâ primus im

(1) Patrol. tom. cvi, Rab. de Cler. instit. lib. 1, cap. 3, pag. 298.

(2) S. Ephrem, tom. 1, de Vita spirit. n. 70, pag. 276, Ed. Assemani, Romæ 1732.

(3) S. Aug. tom. vi, lib. de opere monach. cap. 31, pag. 578 et seq. Ed. Paris 1841.

lettre de S. Au-
votre parti, lui

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buerat (1). Nous voyons la même chose par une
gustin à Proculeien, Evèque donatiste. « Ceux de
disait-il, nous rendent des honneurs, ceux du nôtre vous en ren-
dent. Et comme les vôtres nous conjurent par notre couronne
quand ils ont quelque chose à nous demander, les nôtres en usent
de même envers vous: Per coronam nostram nos adjurant vestri,
per coronam vestram vos adjurant nostri (2). S. Jérôme se sert
aussi de cette expression, en s'adressant à S. Augustin: Precor
coronam tuam (3).

Motifs de

Le IV Concile de Carthage, de l'an 398, auquel S. Augustin assista, défendit aux Ecclésiastiques de conserver leur chevelure: son institution. Clericus nec comam nutriat (4). Pourquoi cette défense en chose si minime, diront ceux qui ne connaissent pas l'antiquité, ni le cœur humain? L'Eglise, répondrons-nous, n'agit jamais sans raison, même dans les choses qui paraissent indifférentes, et elle doit s'occuper de l'extérieur des Ecclésiastiques, parce qu'il est ordinairement la manifestation de l'intérieur. « On connaît une personne à la vue, dit le Sage, et l'on distingue aussi l'homme sensé à son extérieur. Le vêtement du corps, le rire, la démarche de l'homme, font connaître quel il est » (5). En réglant leur extérieur, l'Eglise fait connaître aux Clercs quels doivent être leurs sentiments intérieurs.

Lorsque l'Evangile commença d'être prêché, l'immoralité était à son comble parmi les Romains et les Grecs; par suite de cette disposition, ils se livraient aux usages les plus bizarres, qu'on pourrait regarder comme une espèce de folie. Les cheveux étaient alors l'objet d'une attention particulière; l'Empereur Vérus mettait les plus grands soins à entretenir une chevelure blonde, et afin de la faire paraître telle, il faisait répandre sur sa tête de la poudre d'or, selon le rapport de l'historien Capitolinus (6); c'est aussi ce que

(1) Patrol. tom. 1, S. Pont. de Vita S. Cypr.cap. 19, pag. 1498.

(2) S. Aug. tom. 11, Epist. 33, n. 5, pag. 131.

(3) Ibid. Epist. 123, pag. 472.

(4) Concil. Labb. tom. 11, Conc. Carth. iv, can. 44, pag. 1203.

(5) Eccles. xix, 26 et 27.

(6) Historiæ augustæ scriptores, tom. 1, pag. 86, Ed. Biponti 1787.

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