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cile de Trente, avait pris ses assertions dans les livres protestants; et l'Auteur de l'Histoire de la Civilisation en France, parlant du Clergé, paraît avoir puisé à cette source ses appréciations, malgré la réfutation qui en avait été faite par Pallavicin (1). M. Guizot, dans cet ouvrage, semble ne pas croire à l'Institution divine de la Religion chrétienne; tout s'est fait selon lui par des causes toutes naturelles, et sans aucune mission divine donnée aux Apôtres. Il se contente d'énoncer des faits et d'affirmer, sans donner des preuves de ce qu'il dit; nous pourrions en faire autant, et nier simplement quod gratis asseritur, gratis negatur. Mais telle n'est pas la méthode adoptée pour nos Instructions: il nous sera facile d'ailleurs de produire des témoignages pour constater ce que

nous avancerons.

ARTICLE SECOND.

NOTIONS CATHOLIQUES SUR LA HIERARCHIE.

Besoin

de

Nous rétablirons la vérité sur cette question, en remontant à l'origine de l'Eglise, et en considérant sa formation et son développe- l'état de société. ment: par ce moyen chacun pourra apprécier les assertions erronées que nous venons de signaler.

4° SOCIÉTÉ CONSIDÉRÉE EN GÉNÉRAL. Remarquons d'abord que la société est domestique et patriarcale, publique et nationale, ou religieuse et spirituelle. L'état de société est un besoin pour l'homme; les enfants ne sauraient se passer de leurs pères et mères, et les peuples de l'action de leurs chefs. La société, a dit avec raison un profond penseur, n'est autre chose que le rapport de la force à la faiblesse (2). Les hommes s'associent, parce qu'ils sentent leur faiblesse, ou qu'ils espèrent être plus forts en s'unissant. Dans tous les temps et dans tous les lieux, ces réunions ont existé, et il n'est pas jusqu'aux sauvages qui ne forment des agrégations, appelées tribus

(1) Hist. du Conc. de Trente, par Pallav. tom. 11, liv. 12, ch. 3, pag. 599, Ed. Paris 1844.

(2) M. de Bonald, Législ. prim. liv. 1, ch. 8, n. 1.

Nature

de la société religieuse.

La Religion

dans trois états differents.

ou peuplades. C'est aussi un sentiment naturel qui a porté les hommes à se réunir en société politique, parce qu'ils sentaient qu'ayant des besoins ordinaires à satisfaire, et des dangers communs à éviter, ils pourraient s'aider plus aisément, et se défendre plus facilement étant unis en corps d'Etat ou de nation, sous la direction d'un chef ou de quelques chefs; car partout où il y a réunion, il est nécessaire que quelqu'un soit chargé du commandement ou gouvernement. Telle est la nature de la société civile, qui embrasse les rapports des hommes entr'eux.

La Société religieuse, dont nous avons à parler, renferme les rapports qui doivent se trouver entre Dieu et les hommes, et elle est aussi un besoin pour eux; car ce n'est que par elle, qu'ils ne sont pas emportés à tout vent de doctrine. Dieu est le principe, et l'homme la raison de cette Société. Créé de Dieu, doué d'intelligence, et placé sur la terre, l'homme doit avoir avec son Auteur des rapports qui l'unissent à lui; ces rapports sont appelés Religion, du mot latin religare, attacher et unir. Dieu est le pouvoir souverain dans la Société religieuse; dès lors les hommes ont des devoirs à remplir à son égard; et ces devoirs sont d'autant plus rigoureux que Dieu est plus élevé, parce que le devoir en général est toujours en rapport avec le pouvoir, et qu'il en est la conséquence rigou

reuse.

Ce n'est point aux hommes à se former une Religion : ils doivent recevoir et pratiquer celle que Dieu leur a assignée. D'abord il leur donna une Religion simple, qui a été appelée naturelle, conforme à l'état domestique de la société, sous le régime patriarcal. Mais les familles s'étant multipliées, dispersées, et divisées, altérèrent cette Religion, et quelques-unes changèrent le culte dû à Dieu, en de vaines et fausses observances. Dieu prescrivit alors par le ministère de Moïse un culte public et solennel, conforme à l'état de la société réunie en corps de nation: cette Religion, appelée mosaïque n'était que pour un temps, et n'avait été établie que pour servir de préparation à un ordre nouveau. Un Médiateur était nécessaire entre Dieu et les hommes; et ce Médiateur, Dieu et homme tout ensemble, Jésus-Christ Notre Seigneur, devait être, selon les desseins de Dieu, promis, annoncé et figuré sous la

Loi naturelle et la Loi mosaïque, avant de paraître sur la terre et de publier la Religion évangélique.

Dans l'économie de cette Religion, Jésus-Christ fit entrer l'institution d'une Eglise, destinée à être Une, Sainte, Catholique et Apostolique; il voulut aussi, que les membres de cette Société nouvelle fussent distingués de toutes les autres sociétés, par la profession d'une même foi, la participation aux mêmes Sacrements, et la soumission aux légitimes Pasteurs. Pour conserver jusqu'à la fin des siècles une Société semblable, composée d'hommes, naturellement inconstants et sujets à tomber dans toutes sortes d'erreurs, il était nécessaire que son Instituteur fixât un moyen en rapport avec la fin; or comme l'unité dans une société ne peut se conserver que par l'Autorité, Jésus-Christ en établit une, qui sous une apparence. de faiblesse, est cependant plus forte que toutes celles que les hommes auraient pu concevoir. Il nomma douze Apôtres, et leur ordonna de se répandre par toute la terre, pour annoncer son Evangile et former son Eglise; mais avant de les envoyer, il en choisit un pour être à leur tête, et déclara en même temps, que ce Chef serait comme la pierre fondamentale, et que son autorité et sa fermeté seraient si grandes, que les portes ou les puissances de l'Enfer ne prévaudraient jamais contre elle. Telle est l'admirable Institution chrétienne, qu'il est à propos de faire remarquer aux hommes, afin de leur faire aimer la Religion de Jésus-Christ.

2o CONSTITUTION DE LA SOCIÉTÉ CATHOLIQUE. Le Divin Sauveur établit sa Religion pour durer jusqu'à la fin des siècles. Dans une société religieuse, des chefs sont nécessaires comme dans une société politique; Jésus-Christ, qui est la sagesse même, ne manqua pas de les constituer; aussi les persécuteurs, qui voulaient anéantir cette Religion, ont-ils toujours attaqué de préférence ses Ministres, persuadés qu'elle cesserait bientôt d'exister, dès qu'elle serait privée de ses chefs naturels.

La Religion catholique n'est point l'effet du hasard, ou l'œuvre de la sagesse humaine; mais elle est une Institution divine, ayant pour fin d'honorer Dieu et de sanctifier les hommes, par la profession et la pratique de la doctrine, enseignée par Jésus-Christ et transmise par les Apôtres. Pendant le cours de ses prédications, le Sauveur

Constitution primitive de l'Eglise.

s'attacha un grand nombre de personnes, qui reçurent son enseignement et se déclarèrent ses disciples; il leur enseigna des dogmes à croire, une morale à suivre, et quelques pratiques de discipline à observer; après sa Résurrection il se manifesta à Pierre, aux autres Apôtres, et à plus de cinq cents de ses disciples en une seule fois. I Cor. xv 5 et 6. Avant de retourner au Ciel, il enjoignit à ses Apôtres de prêcher son Evangile par toute la terre, et d'apprendre aux peuples à garder toutes les choses qu'il leur avait prescrites et enseignées. S. Math. XVIII. 20.

Dociles à ce commandement, les Apôtres, après avoir reçu le Saint Esprit le jour de la Pentecôte, commencèrent d'exercer leur saint ministère; à la première prédication, trois mille personnes se déclarèrent disciples de Jésus, Act. des Apôtr. 11, 44; quelques jours après, Pierre et Jean prêchent encore les Juifs, et cinq mille hommes firent la même chose. Ibid. Iv. 4. Or toute cette multitude persévérait dans la doctrine des Apôtres, et elle n'était qu'un cœur et qu'une âme. Ibid. 32. Aucun des autres n'osait se joindre à eux; mais le peuple leur donnait de grandes louanges; et le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, tant hommes que femmes, se multipliait de plus en plus. Ibid. v. 13 et 14. Voilà donc la première Société chrétienne formée, ayant des Chefs pour la diriger; ce ne sont pas les simples fidèles qui les ont établis, mais ce sont les Chefs qui ont produit et formé la Société; dès lors on ne voit, ni la nécessité, ni la convenance, que les simples fidèles fussent admis à partager le gouvernement spirituel avec ceux qui les avaient instruits. et admis dans la Société, par l'administration des Sacrements.

De Jérusalem, les prédicateurs de l'Evangile se répandirent dans tous les pays du monde; partout ils prèchent, font des miracles, convertissent des hommes, et forment de nouvelles sociétés; avant de quitter ces nouveaux fidèles, ils leur donnent des Evêques, ou des Prêtres pour les diriger. Barnabé et Paul restèrent un an entier à Antioche, où ils instruisirent un fort grand nombre de personnes; de sorte que ce fut en cette ville que les disciples commencèrent à être nommés chrétiens. Actes des Apôtr. xi. 26. De là ils se répandirent en d'autres pays, après avoir reçu la mission divine et l'imposition des mains, accompagnée de jeûnes et de prières, Ibid.

XIII, 2 et 3; ils annonçaient l'Evangile aux peuples, et formaient de nouvelles sociétés, composées de ceux qui recevaient leurs paroles; avant de les laisser, ils ordonnaient des Prêtres, Ibid. xv, 22, pour les gouverner. S. Paul avait commencé d'annoncer l'Evangile aux habitants de l'île de Crète, aujourd'hui Candie; mais n'ayant pas eu le loisir d'y demeurer aussi longtemps qu'il aurait été nécessaire, pour donner aux Eglises les instructions convenables, ni pour ordonner des Evêques et des Prêtres où il en était besoin, il y laissa Tite, son disciple, qu'il sacra Evèque, et lui donna commission de suppléer à ce qu'il n'avait pas exécuté lui-même : Je vous ai laissé en Crète, lui écrivait-il, afin que vous y régliez tout ce qui reste, et que vous établissiez des Prêtres en chaque ville, selon l'ordre que je vous en ai donné. » Tit. 1. 5. Ainsi ce ne sont pas les peuples qui d'un commun consentement ont constitué et réglé la Société chrétienne; mais ils sont entrés dans une Société déjà formée et divinement constituée, ayant des Chefs déjà établis et chargés de faire connaître aux fidèles l'enseignement du divin Fondateur, et de leur administrer les Sacrements; ces Chefs ne formaient pas une société séparée des simples fidèles; mais ils leur étaient unis, comme la tête l'est au corps.

Ce que nous venons de remarquer pour les premiers chrétiens, instruits par les Apôtres, nous le retrouvons dans leurs successeurs. S. Ignace, Evêque d'Antioche, écrivant l'an 107 à plusieurs Eglises, dans le temps même qu'on le conduisait à la mort, leur recommandait l'obéissance la plus entière à leur Evêque: « Soyez soumis, disait-il aux Tralliens, ainsi que vous l'êtes, à l'Evêque comme à J.-C. lui-même; ce n'est plus selon l'homme que vous me paraissez agir, mais selon J.-C. mort pour vous, afin que la foi en sa mort, nous assure la vie. Il est nécessaire, comme vous le faites, de ne rien déterminer sans l'Evêque. Soyez aussi soumis aux Prêtres, comme aux Apôtres mêmes de Jésus-Christ, lui notre commune espérance, lui en qui nous devons toujours vivre. Que les Diacres dispensateurs des saints Mystères ne négligent rien pour se rendre agréables à tous. Ils ont d'autres fonctions qne celles de régler le boire et le manger. Ils sont aussi Ministres dans l'Eglise. Qu'ils redoutent comme le feu de prêter contre eux des armes à la médi

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