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Sur les Ordres mineurs.

l'Ordre est de ce nombre, et il forme un seul Sacrement en genre, quoique divisé en espèce, et composé de plusieurs Ordres. Ceux qui les reçoivent sont placés à des degrés différents de la Hiérarchie, ont des pouvoirs plus ou moins étendus, une consécration plus ou moins parfaite; ainsi ils ne participent pas à l'Ordre, proprement dit, de la même manière; mais cette variété dans la participation ne multiplie pas le Sacrement. Les divers Ordres, sans doute, ont chacun leurs prérogatives et des fonctions diverses pour objet; mais tous ne sont que les ramifications du seul et même Sacrement de l'Ordre.

Dans la Loi ancienne, Dieu avait ordonné qu'il y aurait un GrandPrêtre, des Prêtres, et des Lévites ou Ministres inférieurs chargés de servir les premiers; dans la Loi évangélique J.-C. a voulu aussi qu'il y eût des Evêques, des Prêtres, et des Diacres ayant pour office de servir les Prêtres dans l'exercice de leurs fonctions (1). Les Diacres pourraient seuls suffire dans le culte divin, et l'on peut même penser qu'il en a été ainsi dans les premiers temps, où les chrétiens étaient en petit nombre; mais lorsque les fidèles furent considérablement multipliés, l'Eglise crut devoir aussi augmenter le nombre des Ministres inférieurs, et en établir même pour servir les Diacres (2); de là l'institution des Ordres inférieurs ou mineurs, distincts des Ordres majeurs ou Sacrés.

Les Ordres mineurs sont ainsi appelés, parce que des fonctions moins importantes leur sont assignées, et ceux qui les reçoivent ne contractent pas des obligations irrévocables, ni l'engagement de vivre toute leur vie dans la pratique de la continence ecclésiastique, comme le faisait remarquer S. Epiphane (3): ce sont les Ordres de Portier, de Lecteur, d'Exorciste et d'Acolyte, qui sont conférés sans l'imposition des mains de l'Evêque, parce que ce ne sont pas des Sacrements. Quoique inférieurs, ces Ordres n'en sont pas moins respectables en eux-mêmes et dans leurs fonctions, qui ont pour

(1) Le mot Diacre veut dire en grec Ministre.

(2) C'est la remarque d'Amalaire dans son Traité des Offices ecclésiastiques. Patrol. tom. cv, de Off. eccl. lib. 2, cap. 6, pag. 1082.

(3) S. Epiph. tom. 1, Adv. hæres. lib. 3, Expos. fid. cath. n. 21, pag. 1104, Ed. Colog. 1682.

objet la décence et la régularité du culte Divin. Amalaire faisait même observer, que J.-C. semble avoir voulu les exercer. Il remplit la fonction de Portier, par le zèle qu'il eut pour la maison de Dieu son Père, lorsqu'il en chassa ceux qui la profanaient; il fit celle de Lecteur, lorsque dans une Synagogue il prit le livre du Prophète Isaïe, et en fit une lecture publique; il exerça l'emploi d'Exorciste, autant de fois qu'il délivra les hommes des démons dont ils étaient possédés; enfin, le divin Sauveur, ayant voulu être la véritable lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (1), a rempli aussi l'office d'Acolyte, dont la fonction est de porter un flambleau allumé.

Les Ordres majeurs, ainsi nommés à cause de leurs fonctions plus importantes, sont aussi désignés sous le nom d'Ordres Sacrés, parce que ceux qui les reçoivent sont consacrés à Dieu pour le reste de leurs jours, et que leurs obligations sont perpétuelles : ce sont les Ordres de Sous-Diacre, de Diacre et de Prêtre. Dans le Sous-Diaconat, il n'y a pas d'imposition des mains, comme le fait remarquer le Pontifical à l'usage des Evêques; c'est aussi ce que nous lisons dans le Concile de Carthage, de l'an 398 (2); de là des Auteurs ont conclu, que cet Ordre n'était pas Sacrement. Le Diaconat, au contraire, est regardé comme tel, parce que dans tous les Pontificaux et Eucologes de l'Eglise latine et de l'Eglise grecque, on y trouve l'imposition des mains, et les autres conditions requises pour le constituer. Le Sacerdoce, ou la Prêtrise, est sans aucun doute un véritable Sacrement de la Religion chrétienne : l'Episcopat est le Sacerdoce dans sa plénitude.

Ces Ordres mineurs et majeurs ne sont pas des nouveautés dans l'Eglise, puisqu'il en est question dans les premiers siècles, et qu'ils ont continué d'être en usage; nous rapporterons quelques témoignages pour prouver notre assertion.

S. Corneille, élu Pape l'an 251, dans sa lettre à Fabius d'Antioche, Sur les Ordres

au sujet de Novatien qui s'était fait ordonner Evêque de Rome : « Il n'ignorait pas, dit-il, qu'il ne doit y avoir qu'un seul Evêque dans

(1) S. Jean 1, 9.

(2) Conc. Labb. tom. 11, Conc. Carth. IV, pag. 1200.

majeurs.

une Eglise catholique. Il savait en même temps, et comment pouvait-il l'ignorer? que dans cette Eglise de la ville de Rome il y avait quarante quatre Prêtres, sept Diacres, sept Sous-Diacres, quarante-deux Acolythes, et cinquante-deux Exorcistes, Lecteurs et Portiers » (1). Ce Pape n'établit pas ces Ordres ; il ne fait que signaler ce qui existait alors. Le Pape Gaius, élevé sur la Chaire de S. Pierre, l'an 283, ordonna qu'on ne pourrait arriver à l'Episcopat, qu'après avoir passé par les Ordres de Portier, Lecteur, Exorciste, Acolythe, Sous-Diacre, Diacre et Prêtre (2). Le temps, qu'il fallait rester dans ces Ordres pour en exercer les fonctions fut même déterminé, comme nous le trouvons indiqué par le Pape Sylvestre I (3).

Le Concile de Laodicée, tenu dans le ive siècle, parle également d'Evêques, de Prêtres, de Diacres, de Sous-Diacres, de Lecteurs, de Chantres, d'Exorcistes et de Portiers (4).

S. Epiphane, dans son Exposition de la foi catholique, fait mention des Evêques, des Prêtres, des Diacres et des Sous-Diacres, comme étant tenus à la pratique de la chasteté cléricale; il ajoute qu'il y avait encore, pour l'exercice des fonctions ordinaires dans le service divin, des Lecteurs, des Exorcistes, des Interprètes et des Portiers. Les Interprètes, dont il parle, avaient pour fonction d'expliquer les lectures et les discours qu'on faisait au peuple; ils pouvaient tenir aussi la place des Acolythes en usage dans l'Eglise latine (5).

Le Concile de Carthage, de l'an 398, composé de 214 Evêques de toutes les provinces d'Afrique, nous fait connaître les divers degrés de la Hiérarchie ecclésiastique; il signale les Ordres de Portier, d'Exorciste, de Lecteur, d'Acolyte, de Sous-Diacre, de Diacre, de Prêtre et d'Evêque; le Concile n'en parle pas en passant et par circonstance, mais il indique ce qu'il faut dire et faire pour les conférer (6).

(1) Euseb. Hist. eccles. lib. 6, cap. 43, pag. 244.

(2) Conc. Labb. tom. 1, Vit. Gaii, pag. 923.

(3) Ibid. pag. 1409.

(4) Conc. Labb. tom. 1, Conc. Laol. can 12, 20 et seq., pag. 1498 et seq. (5) S. Epiph Opera, tom. 1, adv. Hæres. lib. 3, Expos. fidei cath. n. 21, pag. 1104, Ed. Colog. 1682.

(6) Conc. Labb. tom. 11, Conc. Carth. iv, pag. 1200.

Le Pape S. Gelase, élevé sur le trône pontifical l'an 492, nous apprend la même chose dans le Sacramentaire qu'il rédigea.

Le Pape S. Grégoire-le-Grand, élu Pape l'an 590, inséra aussi dans le sien les prières et les Rites de ces Ordres, tels qu'on les voit dans le Pontifical romain, présentement en usage.

L'Empereur Justinien, dans sa troisième Novelle, parle des divers Ordres de la Hiérarchie. On avait reçu dans le Clergé de Constantinople un si grand nombre de personnes, que les revenus de l'Eglise étaient absorbés pour leur entretien; l'Empereur, prêtant son autorité au Patriarche, ordonna qu'à l'avenir il n'y aurait pas, dans Constantinople, au-delà de 60 Prêtres, 400 Diacres, 40 Diaconesses, 90 Sous-Diacres, 100 Lecteurs, 25 Chantres et 410 Portiers (4).

L'Eglise romaine avait établi des cérémonies pour la célébration des divins Mystères, et elle avait déterminé les diverses fonctions que les Ecclésiastiques devaient remplir; l'Ecrit qui contenait ces détails portait le nom d'Ordre ecclésiastique; et comme des modifications et des additions y furent faites en divers temps, il en est résulté plusieurs Ordres romains; or, nous y voyons pour la Messe Pontificale les fonctions du Pape, des Evêques, des Prêtres, des Diacres, des Sous-Diacres, des Acolytes et autres Officiers servant à l'Autel (2).

Théodore, Archevêque de Cantorbéry, dans le vire siècle, fait mention dans son Pénitentiel, de l'Evêque, du Prêtre, du Diacre, du Sous-Diacre, de l'Acolyte, du Lecteur, de l'Exorciste et du Portier (3).

S. Isidore de Séville, dans son Traité des Origines, voulant faire connaître l'Etat ecclésiastique, dit qu'il est composé des mêmes Ordres que nous venons de signaler (4).

Amalaire, dans son Traité des Offices ecclésiastiques, composé dans le 1x siècle, entre même dans le détail de tout ce qui concerne ces divers Ordres (5).

(1) Patrol. tom. LXXI, Justin. Novell. 3, pag. 924. (2) Ibid. tom. LXXVIII, Ord. rom. pag. 938.

(3) Ibid. tom. xcix, Theod. Poenit. capit. 29, pag. 947. (4) Ibid. tom. LXXXII, S. Isid. Etym. lib. 7, cap. 12, n. (5) Ibid, tom. cv, Amal. de Offi. eccles. lib. 2, cap. 7,

3, pag. 290. pag. 1083.

Motifs et nature de leur institution

et de leur distinction.

Raban Maur a fait la même chose dans son Institution des Clercs (1).

Les Monuments de l'ancienne Liturgie en Allemagne, que nous avons déjà cités, indiquent les prières et Rites de tous les Ordres, qui sont les mêmes que ceux qui sont actuellement en usage (2).

Ives de Chartres exposait dans un Synode les divers Ordres, et il en faisait voir l'excellence (3).

Pierre Lombard les énumère, et fait connaître quels en sont la matière, la forme, le Ministre et les sujets; c'est aussi ce que nous retrouvons dans le Pontifical (4).

Hugues, Archevêque de Rouen, nous apprend la même chose (5). Nous laissons les autres témoignages pour terminer par celui du Concile de Trente. « Les Saintes Ecritures, dirent les Pères de ce Concile, ne fout pas seulement mention des Prêtres, mais elles parlent aussi très-clairement des Diacres, et enseignent en termes formels ce qu'il faut surtout observer dans leur Ordination; et l'on voit aussi que dès le commencement de l'Eglise les noms des Ordres suivants étaient en usage, aussi bien que les fonctions propres de chacun d'eux, c'est-à-dire, de l'Ordre de Sous-Diacre, de ceux d'Acolyte, d'Exorciste, de Lecteur et de Portier, quoiqu'en des degrés différents; car le Sous-Diaconat est mis au rang des Ordres majeurs par les Pères, et par les saints Conciles, dans lesquels nous voyons qu'il est aussi souvent parlé des autres inférieurs (6).

Les motifs de l'institution des divers Ordres deviennent sensibles, quand on fait attention que la fin du Sacerdoce est de procurer la sanctification des âmes, par l'administration des Sacrements institués par J.-C. Mais avant de confier à des hommes ce ministère difficile et important, avant de les revêtir d'un caractère sacré, et de remettre entre leurs mains des pouvoirs divins, n'était-il pas convenable qu'il

(1) Patrol. tom. cvir, Rab. de Inst. cler. lib. 1, pag. 297.

(2) Ibid. tom cXXXVIII, pag. 1003.

(3) Ibid. tom. CLXII, Ivo, Serm. 2, pag. 513.

(4) Ibid. tom. cxcu, Sent. lib. 4, dist. 24, pag. 901.

(5) Ibid. Contra hær. lib. 2, cap. 2, pag. 1276 et seq.
(6) Sess. 23, de l'Ord. ch. 2.

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