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« fet de l'imagination ou l'œuvre de l'ennemi, soit parce qu'elles << affaiblissent dans l'âme l'obéissance, l'humilité ou les autres « vertus, alors il doit le déclarer sans détour au pénitent. S'il n'en « sait rien ou s'il doute, il ne doit pas dire qu'elles sont diaboliques ⚫ ou imaginaires, comme quelques-uns qui se montrent trop incré«dules, tandis que d'autres, trop crédules, les prennent pour vraies. « Vous devez dire à votre pénitent de demander à Dieu qu'il le « retire d'une voie aussi périlleuse, protestant qu'il ne veut le connaître ici-bas que par la foi. Du reste, insinuez-lui de retirer de «< ses visions, vraies ou fausses, un fruit certain, c'est-à-dire, d'être plus fidèle à Dieu. De cette sorte, le démon en eût-il été l'auteur, « le pénitent n'aura pas été victime de ses illusions (1). » Ne l'ouLions pas, les voies extraordinaires sont bien rares : « Que les âmes « ne se rassurent pas, dit sainte Thérèse, sur les visions et les révelations particulières, et n'y fassent pas consister la perfection. • Sans doute il en est de vraies, mais beaucoup sont fausses et • trompeuses: or, il est difficile de distinguer une vérité parmi de « nombreux mensonges. Plus on les recherche, plus on les estime, plus aussi on s'éloigne de la voie établie de Dieu, comme la plus sûre, la voie de la foi et de l'humilité (2).

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593. La mortification, tant intérieure qu'extérieure, est, comme l'oraison, nécessaire pour avancer dans la piété, la perfection chrétienne : c'est donc un devoir pour le confesseur de former ses pénitents à l'esprit de mortification; mais il doit être discret et réservé. Lorsque les âmes commencent à se donner à Dieu, dans un premier moment de ferveur, elles voudraient se livrer aux plus grandes macérations. On doit les modérer: car le moment de la sécheresse arrivant, comme il arrive d'ordinaire, il est dangereux que l'âme, privée de la ferveur sensible, laisse aussi toutes les mortifications, et que, tombant dans le découragement, elle quitte l'oraison et même la piété, comme des choses qui ne sont pas faites pour elle, et qu'ainsi elle perde tout. Quelquefois aussi cette ferveur conduit les personnes qui commencent à des indiscrétions qui les font tomber malades: alors, pour se guérir, elles abandonnent tous leurs exercices de piété, au grand danger de ne pas les reprendre. Il faut se montrer difficile, surtout quand il s'agit d'un pénitent qui veut retrancher une partie du sommeil qui lui est nécessaire. Lorsqu'on n'a pas assez de sommeil, la tête souffre, ct,

(1) Praxis confessarii, no 140. — (2) Voyez S. Alphonse, Praxis confessarii,

n° 144.

la tête souffrant, on est incapable de faire sa méditation et ses autres exercices de piété. Le premier soin du confesseur sera done 'd'affermir dans la vie spirituelle les personnes qui s'adonnent à la piété ensuite, suivant leur condition, leur santé et leur ferveur, il leur permettra quelques mortifications corporelles. Mais il ne fera, ni comme certains directeurs qui semblent faire consister la perfection dans les jeûnes et dans l'usage des macérations, ni comme ceux qui semblent rejeter les mortifications extérieures comme inutiles à l'avancement spirituel. Les mortifications corporelles aident à la mortification intérieure; elles sont jusqu'à un certain point nécessaires, quand on peut prudemment les pratiquer, pour réprimer les passions, la concupiscence et la sensualité. Aussi tous les saints en ont pratiqué, les uns plus, les autres moins. Il est bien vra qu'on doit tenir principalement à la mortification intérieure, sans laquelle seraient inutiles et les haires et les cilices. Mais ne permettre jamais aucune mortification corporelle, ce serait une erreur, ou méconnaître les règles de la vie spirituelle. Toutefois, << ordinairement parlant, tenez pour règle générale de n'accorder « les mortifications extérieures qu'autant qu'on vous les demandera ; «< car elles servent de peu, si on ne les pratique avec une grande ferveur; et en les donnant, accordez toujours moins qu'on ne « vous demande (1). »

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594. Les mortifications les plus utiles et les moins dangereuses sont les mortifications négatives ou privatives. L'obéissance même, ordinairement parlant, n'est pas nécessaire pour les exercer. En voici quelques-unes se priver de voir ou d'entendre des choses curieuses, parler peu, se contenter des mets qui ne sont pas de notre goût, ou mal assaisonnés, s'éloigner du feu pendant l'hiver, choisir les choses les plus viles, se réjouir quand il manque quelque chose même nécessaire ; c'est en cela que consiste la vertu de pauvreté, suivant ce mot de saint Bernard : « Virtus paupertatis non « est paupertas, sed amor paupertatis. » Ne pas se plaindre des incommodités de la saison, des mépris, des contradictions, des persécutions, des peines ou des infirmités. Croire que Dieu admet à son amitié les personnes amies de leurs aises, c'est folie, dit sainte Thérèse (2).

595. Enfin, la fréquentation des sacrements de Pénitence et

(1) S. Alphonse, Praxis confessarii, no 146. - Voyez aussi l'Introduction à La Vie dévote, par S. François de Sales, part. m, ch. 263. — (2) S. Alphonse, ibidem.

d'Eucharistie est nécessaire pour avancer et se soutenir dans la piété. Pour ce qui regarde la confession des personnes pieuses, nous ferons remarquer, 1o que si une personne ne se confesse que de fautes vénielles, sans douleur de les avoir commises et sans propos de s'en corriger, elle ne peut recevoir le sacrement. L'absolution serait nulle et même sacrilége, si le pénitent s'apercevait qu'il manque de contrition, ou si, tout en croyant avoir la contrition, il ne l'avait pas, par suite d'une négligence mortelle. Il n'en serait pas de même s'il se confesse, avec les dispositions requises, d'une des fautes vénielles qu'il a commises; car un péché véniel pouvant être remis sans que les autres le soient, offre alors une matière suffisante au sacrement. 2o Que le confesseur ne doit pas généralement s'inquiéter au sujet de la contrition d'une personne qui fréquente les sacrements et n'accuse que des péchés véniels, si d'ailleurs il la croit vraiment pieuse. 3° Que quand les personnes qui vivent dans une continuelle crainte de Dieu se plaignent de n'avoir pas de contrition, cela ne vient que de ce qu'elles voudraient sentir la contrition, et c'est une marque assurée qu'elles l'ont en effet. 4° Que si le pénitent qui ne s'accuse habituellement que de fautes légères montre une affection volontaire et bien prononcée pour un péché véniel, ce qui peut se reconnaître par les fréquentes rechutes dans le même péché, il est à propos de lui différer quelque temps l'absolution, lorsqu'il s'agit d'une faute notable parmi les fautes vénielles, ou même de toute autre faute, si on a d'ailleurs lieu de croire que le délai de l'absolution sera utile au pénitent. 5° Que si une personne qui se confesse fréquemment, une ou deux fois par semaine, n'accuse que de simples imperfections ou des fautes douteuses, le confesseur n'est pas obligé de se tourmenter pour trouver une matière certaine, afin de pouvoir lui donner l'absolution; car il n'est pas nécessaire de l'absoudre pour l'envoyer à la sainte table. Au reste, dans le doute s'il y a matière sacramentelle ou non dans la confession, le confesseur peut se procurer une matière certaine, en faisant déclarer au pénitent une faute passée mortelle ou vénielle. 6° Qu'il est de la prudence du confesseur d'avertir les personnes de piété de s'accuser toujours de quelques péchés de leur vie passée, en terminant ainsi chaque confession : Je m'accuse de nouveau des péchés dont je me suis rendu coupable contre la charité, ou contre la chasteté, ou contre telle ou telle verty. Il n'est pas nécessaire d'entrer dans le détail. Il est bon aussi de les avertir de se rappeler, d'une manière générale, les principales

fautes qu'elles ont eu à se reprocher autrefois, lorsqu'elles se prépareront pour la confession, afin de pouvoir, par ce moyen, s'exciter plus facilement à la contrition. 7° Que le confesseur doit tendre à abréger les confessions des personnes pieuses sur les points dont le détail ne conduit à rien, en les amenant, autant qu'il est en lui, à ne dire que ce qui est nécessaire ou utile. Le confesseur lui-même doit être court, surtout avec les personnes de différent sexe.

596. Quant à la sainte communion, elle sera plus ou moins fréquente, suivant les dispositions plus ou moins parfaites du pénitent. Il faut être plus parfait pour communier tous les jours ou à peu près tous les jours, que pour communier une fois par semaine (1). Toutefois, il n'est pas nécessaire, pour communier tous les jours ou à peu près tous les jours, d'être exempt d'imperfections. Si cela était, quel est le prêtre qui osât dire la messe tous les jours? Il suffit de faire habituellement l'oraison mentale, de désirer d'avancer dans l'amour de Dieu, et d'être détaché de toute affection au péché véniel; ce qui a lieu lorsqu'on ne commet aucun péché, quelque léger qu'il soit, de propos délibéré. n n'est pas nécessaire non plus, pour communier aussi fréquemment, d'éprouver, une dévotion sensible, ni pendant, ni même après la communion. « Licet tepide, dit saint Bonaventure, tamen «< confidens de misericordia Dei fiducialiter accedas; quia qui se indignum reputat, cogitet quod tanto magis eget medico, quanto « senserit se ægrotum; neque ideo quæris te jungere Christo, ut tu eum sanctifices, sed ut tu sanctificeris ab illo. » Puis il ajoute : Neque prætermittenda est sancta communio, si quandoque non sentit homo specialem devotionem, cum se ad illam præparare studeat, vel in ipsa perceptione vel post forte minus devotus se sentit quam vellet (2). » Nous lisons aussi dans l'Introduction à la vie dévote, par saint François de Sales : « Si on vous demande pourquoi vous communiez si souvent, dites que deux sortes de ⚫ personnes ont besoin de communier souvent, les parfaits et les imparfaits les parfaits, afin de se conserver dans la perfection, « et les imparfaits, afin de pouvoir justement prétendre à la perfection; les forts, afin qu'ils ne deviennent pas faibles, et les fai

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bles, afin qu'ils deviennent forts; les malades, afin d'être guéris;

« et les sains, afin de ne pas devenir malades. Pour vous, comme ⚫ étant imparfaite, inférieure et faible, vous avez besoin de com■ munier souvent. Dites que ceux qui ne sont point engagés dans

(1) Voyez ci-dessus, les no 254, 255.

- (2) De Profectu religios. cap. 78.'

« les affaires du monde doivent communier souvent, parce qu'ils " en ont la facilité, et ceux qui ont des affaires, parce qu'ils ont - besoin de la communion. » Cependant, si le confesseur s'aperçoit que le pénitent ne profite pas de la fréquente communion, qu'il ne se corrige pas des fautes vénielles, qu'il s'y laisse aller volontairement et de propos délibéré, il faudrait lui restreindre l'usage de la communion, ne fût-ce que pour le rendre plus vigilant, et ranimer en lui la crainte de Dieu. Il en serait autrement, si, ne retombant que par fragilité, il s'humiliait à la vue de son indignité, et désirait de puiser dans la communion les forces dont il a besoin pour se vaincre et se corriger de ses imperfections (1).

597. Ce que nous avons dit des personnes avancées dans la piété et la perfection chrétienne s'applique, généralement, à la direction des personnes de l'un et de l'autre sexe qui ont embrassé la vie religieuse, de celles qui se sont consacrées à Dieu pour soigner les malades ou suivre l'éducation de la jeunesse, ainsi qu'à la direction des ecclésiastiques qui sont appelés à un plus haut degré de sainteté que les simples fidèles. Aussi le prêtre qui est désigné pour entendre la confession des religieuses doit se bien pénétrer de l'esprit de leurs règles, afin de les faire observer en tout. Il lui faut de plus une étude, une connaissance particulière de la vie monastique ou religieuse. Il est nécessaire aussi que celui qui confesse et dirige quelques ecclésiastiques soit pénétré lui-même de la sainteté que le Seigneur exige de ses ministres. En tout cas, ce confesseur n'oubliera pas qu'il doit tout peser au poids du sanctuaire, et qu'il ne peut, quand il s'agit du refus ou du délai de l'absolution, s'écarter des règles que nous avons exposées plus haut.

CHAPITRE XV.

Des Devoirs du Confesseur envers les Scrupuleux.

598. Le scrupule est une appréhension mal fondée, une vaine frayeur, une crainte outrée qu'il n'y ait du péché où réellement il n'y en a point. Cette crainte trouble le repos de l'âme et la remplit d'inquiétude; c'est une maladie cruelle, quelquefois opiniâtre, qu demande de la part du confesseur une charité et une patience à toute épreuve. Une âme scrupuleuse qu'on ne voudrait pas enten

(1) Voyez S. Alphonse, Praxis confessarii, no 149, etc.

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