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la charité de l'ordre inférieur, je veux dire qui concerne le tem« porel, quelles récompenses ne prépare-t-il pas aux œuvres de la charité spirituelle, qui lui est si supérieure, qui enrichit les ames de la grâce, qui les nourrit, qui les délivre de l'esclavage du démon et des maladies spirituelles? Mais vous qui, par votre patience, ramenez dans le sein du Père céleste des enfants égarés, << vous n'attendrez pas jusqu'au jugement dernier à recevoir les grâces et les récompenses qu'il vous promet. Combien de tenta⚫tions périlleuses n'éloignera-t-il pas de vous? Combien ne vous << en fera-t-il pas surmonter? Combien de secours spirituels ne vous prodiguera-t-il pas? Montrez donc une patience à toute épreuve « durant tout le cours de la confession; et quand vous sortirez du <«< saint tribunal, épuisé de fatigue, si vous avez traité vos péni<< tents en père charitable, vous trouverez en Dieu un père qui « vous comblera de grâces et de consolations (1). »

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ARTICLE III.

De la Douceur et de la Fermeté nécessaires au Confesseur.

509. Si la douceur, cette vertu éminemment chrétienne, est nécessaire à tous, elle l'est plus particulièrement encore aux ministres du sacrement de Pénitence. Obligé quelquefois de corriger le pénitent, le confesseur doit toujours le faire avec douceur. C'est l'avis de l'Apôtre : « Si præoccupatus fuerit homo in aliquo delicto, « vos, qui spirituales estis, hujusmodi instruite in spiritu lenitatis; « considerans teipsum, ne et tu tenteris; alter alterius onera portate, et sic adimplebitis legem Christi (2). » Nous devons d'abord considérer nos propres défauts avant de reprendre ceux d'autrui, afin de sentir pour les autres, surtout pour ceux qui nous donnent le doux nom de père, cette compassion dont nous avons besoin pour nous-mêmes Souvent on réussit plus par la douceur que par la sévérité, dit le concile de Trente : « Sæpe plus erga corrigendos agit benevolentia quam austeritas, plus exhortatio quam minatio, plus charitas quam potestas (3). Mais un confesseur ne doit pas oublier qu'il est juge; que la fermeté, par conséquent, ne lui est pas moins nécessaire que la douceur; que ces deux vertus s'allient

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(1) Le Prêtre sanctifié par l'administration du sacrement de Pénitence, pre mière partie, § 8. — (2) Galat. c. 6. v. 1 et 2. (3) Sess. x. de Reformatione,

cap. 1

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dans le ministre des sacrements, comme la justice et la miséricorde s'allient dans celui qui en est l'auteur : « Noli quærere fieri judex, « nisi valeas virtute irrumpere iniquitates (1). » La fermeté sans douceur, comme la douceur sans fermeté, n'est plus une vertu ; c'est une espèce de cruauté qui tue ou qui laisse périr les âmes. Malheur à celui qui impose un joug que le Seigneur n'impose point, un fardeau qu'il ne pourrait porter lui-même! Malheur aussi, dit un prophète, à celui qui met des oreillers sous la tête des pécheurs, afin qu'ils dorment tranquillement de leur sommeil de mort! « Væ quæ consuunt pulvillos sub omni cubito manus, et faciunt cervicalia sub capite universæ ætatis ad capiendas animas (2) ! » Il est donc nécessaire que le confesseur réunisse la fermeté à la douceur, et la douceur à la fermeté; ou, en d'autres termes, qu'il applique le plus exactement possible les règles de l'Église, tout en comnatissant, à l'exemple du Pontife éternel, aux infirmités du pécheu. Suppléant de Dieu comme ministre du sacrement, comme juge et comme médecin, il ne sera le dispensateur fidèle de ses dons qu'en faisant ce que Jésus-Christ ferait lui-même, s'il siégeait en personne au tribunal sacré. Ayant constamment les yeux sur celui dont il tient la place, il craindra tout à la fois d'ètre trop sévère et trop indulgent; il ne peut ni lier ni délier à volonté, contre l'ordre de Dieu : « Non potest ligare et solvere ad arbitrium, dit saint Thomas, sed tantum sicut a Deo præscriptum est (3). Il se rappellera néanmoins que, quoique le Seigneur soit souverainement juste, ses commisérations sont au-dessus de toutes ses œuvres, et qu'il vaut mieux avoir à lui rendre compte d'un excès de miséricorde que d'un excès de sévérité : « Melius est Domino rationem «< reddere de nimia misericordia quam de nimia severitate. » C'est la pensée d'un auteur ancien (4), et nous la retrouvons dans le décret de Gratien, sous le titre : « Melius est errare in misericordia remittendi quam in severitate ulciscendi. » C'est aussi la pensée de saint Ambroise : « Ad misericordiam promptior est quam að « severitatem Spiritus Dei (5). » C'est encore la pensée du Docteur angélique (6), de saint Antonin (7), de saint Raymond de Pegnafort (8), et de saint Odilon de Cluny. Comme on reprochait à saint abbé d'être trop indulgent à l'égard des pécheurs, il répondait que s'il fallait être damné, il aimait mieux l'être pour avoir

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(1) Eccli. c. 7. v. 6. —(2) Ezech. c. 13. v. 18. (3) Sum. part. 3. quæst. 18. art. 3 et 4. (1) L'auteur de l'Opus imperfectum in Matthæum. —(5) D. Penitentia, lib. 1. cap. 2. — (6) Opuscul. 65. — (7) Sum. part. 2. tit. 4. cap. 5 ~ (8) Sum. lib. m. tit. 34.

usé de trop de miséricorde que pour avoir montré trop de sévérité : « Et si damnandus sim, malo tamen de misericordia quam ex du«ritia aut severitate damnari (1). ·

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ARTICLE IV.

De la Science nécessaire au Confesseur.

510. Le confesseur est le dispensateur des choses saintes, le juge des consciences, le médecin des âmes; il doit donc être instruit. Un confesseur ignorant est un aveugle qui conduit un autre aveugle; ils tomberont l'un et l'autre dans l'abîme. Celui qui repousse la science sera rejeté de Dieu. Et comment pourrait-il, sans danger pour lui et pour les fidèles, siéger au tribunal de la Pénitence, dont il ne connaît point les règles? Comment pourrait-il juger, s'il ne connaît ni les lois ni l'ordre de la justice? Comment traitera-t-il les malades, s'il ignore les différents genres de maladies, les remèdes qui conviennent à chacune d'elles, et l'art de les appliquer? C'est donc une obligation pour le confesseur d'étudier constamment, tant pour acquérir que pour conserver et développer les connaissances nécessaires sur le dogme, la morale et l'administration des sacrements. Il doit étudier la théologie dogmatique, afin de pouvoir instruire avec exactitude les pénitents qui ignorent les vérités de la religion, éclaircir leurs doutes, et affermir ceux qui chancellent dans la foi. Il doit étudier la morale, dont la connaissance lui est indispensable pour éviter le rigorisme et le relàchement, qui sont l'un et l'autre plus ou moins funestes au salut des âmes. Il se rassurerait en vain sur ses sentiments de crainte de Dieu : « Ipse timor Domini, dit saint Ambroise, nisi sit secundum « scientiam, nihil prodest; imo obest plurimum. Sunt etiam in no«< bis qui habent timorem Dei, sed non secundum scientiam, sta« tuentes duriora præcepta, quæ non possit humana conditio sus« tinere. Timor in eo est, quia videntur sibi consulere disciplinæ, opus virtutis exigere; sed inscitia in eo est, quia non compatiuntur naturæ, non æstimant possibilitatem (2). »

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Il faut que le confesseur soit en état de discerner entre le certain et l'incertain, entre le précepte et le conseil, entre le péché et une imperfection, entre les fautes mortelles de leur nature et celles qui

(1) Voyez la Justification de S. Alphonse de Liguori, ch. 5 psalmum 118.

(2) Serm. in

ne sont que vénielles. Il doit étudier les règles de l'Église, spécialement pour ce qui regarde l'administration du sacrement de Pénitence. Sans cette connaissance, il tombera infailliblement dans l'arbitraire, soit en refusant l'absolution à ceux qui ont droit d'être absous, soit en l'accordant à ceux qui en sont indignes, soit en la différant sans raison, et au détriment du bien spirituel de ses pénitents. Plus le confesseur sera instruit, plus il lui sera facile d'exer cer le saint ministère, et de l'exercer avec fruit. Cependant, pour l'exercer convenablement, il suffit d'avoir assez de connaissance pour résoudre par soi-même et sur-le-champ les cas ordinaires, et remarquer les difficultés qui se présentent plus rarement, afin de consulter ceux qui sont capables de les résoudre. Celui qui n'aperçoit point, qui ne soupçonne point ces difficultés, ou, en d'autres termes, celui qui ne sait pas douter, lorsqu'il rencontre quelque cas extraordinaire et embarrassant, n'est point capable d'entendre les confessions. Pour la science compétente et nécessaire au confes seur, il faut qu'il sache s'arrêter à propos, pour mieux examine les choses et éviter toute méprise.

ARTICLE V.

De la Discrétion nécessaire au Confesseur, spécialement pour ce qui regarde le secret de la confession.

511. Ce n'est pas assez pour le confesseur d'être instruit, charitable et pieux; il doit être prudent et discret. La prudence est une des vertus les plus nécessaires à l'homme; mais elle l'est principalement à ceux qui sont chargés de la direction des âmes. C'est la prudence qui fait le choix du temps, du lieu, des moyens à prendre pour arriver à ses fins : elle règle tout dans l'homme, jusqu'à ses paroles, et nous fait éviter les indiscrétions, qui peuvent avoir les suites les plus fâcheuses. Le confesseur prudent et discret ne fait que les interrogations nécessaires ou vraiment utiles au pénitent. A moins que le bien général ne l'exige, il n'avertira point ceux qu'il serait dangereux de tirer de la bonne foi. En morale, lorsqu'il s'agit de questions douteuses ou controversées parmi les docteurs qui passent pour orthodoxes, il n'aura pas la prétention d'ériger ses opinions en lois, craignant autant d'exagérer que d'affaiblir les obligations de la morale chrétienne. Il se défie lui-même de sa prudence, parce que les pensées des hommes sont timides: Cogitationes hominum timidæ; dans le choix des opinions, il

préfère celles qui sont plus généralement reçues, ou qui se rapprochent davantage de l'esprit du saint-siége; il ne se laisse dominer ni par les préjugés du pays qui l'a vu naître, ni par l'enseignement particulier de l'école à laquelle il appartient; il se tient constamment en garde contre tout esprit de parti, contre l'entêtement, qui a pour principe l'ignorance ou l'orgueil, et pour résultat une certaine immobilité intellectuelle, aussi contraire à la sagesse qu'aux développements de notre instruction: « Sapientis est mutare con« silium, dit saint Alphonse de Liguori d'après Cicéron; nunquam « enim laudata fuit in una sententia permansio. » Quand il s'agit d'imposer une pénitence sacramentelle, le confesseur discret a égard, non-seulement à la grièveté des fautes, mais encore aux forces physiques et morales, c'est-à-dire, à l'état et aux dispositions du pénitent (1). Considérant que la fin principale des sacrements est le salut des hommes, Sacramenta propter homines, il accorde, ou refuse, ou diffère l'absolution, lorsque, tout considéré, il croit devoir agir ainsi dans l'intérêt spirituel de ses pénitents. Pour ce qui regarde le secret, il ne dit et ne fait jamais rien qui puisse faire connaître même indirectement, ou faire soupçonner ce qu'il sait par la confession. Poussant la discrétion jusqu'au scrupule, il ne se permet pas de parler, même en bien, de la confession des fidèles qu'il dirige; il se comporte, à cet égard, comme s'il ne savait absolument rien, comme s'il n'avait jamais confessé personne.

512. Le confesseur est tenu, par toutes les lois naturelles et positives, divines et humaines, de garder inviolablement le secret de la confession, de tout ce qu'il ne sait que par l'accusation du pénitent. Celui qui violerait le sceau de la confession pécherait tout à la fois contre la religion, la charité et la justice; et ce péché serait une faute énorme, un crime qui rendrait à jamais un prêtre indigne de confesser. Ni la mort dont un innocent est menacé, ni la nécessité de prévenir un malheur public, ne peuvent autoriser le confesseur à violer le secret de la confession. Fut-il menacé lui-même du dernier supplice, il devrait mourir martyr du sceau sacramentel, plutôt que de révéler directement ou indirec tement ce qu'il sait par la confession d'un pénitent. Interrogé par un magistrat, non-seulement il peut, mais il doit répondre ab. solument comme s'il ne savait rien, comme s'il n'avait jamais entendu la confession du pénitent au sujet duquel on l'interroge. I confesseur tient la place de Dieu, et, conime tel, il n'est sou

(1) Voyez, ci-dessus, le no 453.

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