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çais. Cet auteur a trouvé le moyen de mêler aux plus profondes horreurs, des obscénités et des allusions dégoûtantes.

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Les tragédies de Rowe sont d'un genre bien opposé; toutes les pensées y sont grandes et nobles. La poésie en est souvent très-bonne et le style toujours pur et élegant. Mais, dans la plupart de ses pièces, il est trop froid, trop peu intéressant, et plutôt fleuri que tra→ gique. Il en est deux cependant auxquelles il serait injuste d'appliquer ce reproche, ce sont Jane Shore et la belle Pénitente : il y a dans toutes deux un assez grand nombre de scènes touchantes et véritablement pathétiques pour justifier les applaudissemens qu'elles ont toujours reçues.

La Vengeance, par le docteur Young, est une pièce où l'on découvre de la chaleur et du génie, mais où il y a peu de sensibilité; les passions qui en font le sujet sont trop cruelles et trop odieuses. Dans l'Épouse éplorée, de Congrève, il y a quelques situations intéressantes et une très belle poésie. Les deux premiers actes sont admirables; la rencontre d'Almérie et de son époux Osmyn au tombeau d'Anselme est une des situations les plus belles et les plus frappantes que l'on puisse trouver dans une tragédie. Dans la Lecture précédente, j'ai fait sentir les défauts du dénouement. Les tragédies de M. Thomson sont trop remplies d'une morale sévère qui leur donne de la dureté et de la raideur. Tancrède et Sigismonde est son chef-d'oeuvre, et elle mérite, pour l'intrigue, les caractères et les pensées, d'être placée parmi les meilleures pièces du

théâtre anglais. Il n'entre point dans le plan que je me suis proposé de parler des pièces modernes ni des auteurs vivans.

En jetant un coup d'oeil général sur les compositions tragiques des différens peuples, voici le caractère qu'on peut assigner à chacune. La tragédie grecque est l'exposition d'un événement triste et malheureux, dont la cause est une passion ou un crime, et plus souvent encore la volonté des dieux ; cette exposition est simple, presque sans incidens, mais pleine de naturel et relevée par la poésie des choeurs. La tragédie en France est une suite de conversations élégantes sur diverses situations tragiques et pleines d'intérêt; à ces conversations se joignent peu d'action et de véhémence, mais elles sont embellies de tous les charmes de la poésie, et l'on y observe scrupuleusement les bienséances. Les tragédies anglaises mettent devant nos yeux les combats des passions les plus fortes, toute leur violence et leurs suites funestes; mais elles reposent souvent sur un plan irrégulier; elles abondent en action et produisent sur l'âme du spectateur une impression trop douloureuse. Les tragédies de l'antiquité étaient plus simples et plus naturelles, celles des modernes ont plus d'art et sont plus compliquées. Chez les Français il y a plus de correction, chez nous plus de chaleur. Andromaque et Zaïre attendrissent le cœur; Othello et Venise sauvée le déchirent. Il est fort remarquable que les trois chefsd'œuvre de la scène française reposent sur un sujet religieux, l'Athalie de Racine, le Polyeucte de Corneille, et la Zaïre de Voltaire. La première est fondée

sur un passage historique de l'Ancien-Testament; dans les deux autres, le malheur du principal personnage vient de son attachement à la foi des chrétiens, et dans toutes les trois le poète a fait le plus heureux usage de la grandeur et de la majesté des idées religieuses.

LECTURE XLVII.

DE LA COMÉDIE EN GÉNÉRAL DE LA COMÉDIE CHEZ LES

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GRECS 9 LES ROMAINS, LES FRANÇAIS ET LES ANGLAIS.

La comédie se distingue assez de la tragédie par son esprit particulier et le ton général qui y domine. Tandis que la pitié, la terreur et toutes les grandes passions forment le domaine de l'une, le principal et peut-être le seul instrument de l'autre, c'est le ridicule. La comédie n'embrasse ni les grandes infortunes, ni les grands crimes des hommes; elle retrace le tableau de leurs extravagances, de leurs vices; elle saisit les caractères qui présentent quelques bizarreries aux yeux de l'observateur, qui donnent prise à la critique, qui exposent certaines personnes à devenir l'objet de la risée des autres, ou les rendent incommodes dans la société.

La comédie, considérée comme une représentation satirique des folies et des imperfections des hommes, est un genre de composition très-moral et très-utile, dans la nature et le plan général de laquelle la censure n'a rien à reprendre. Polir les mœurs des hommes, appeler leur attention sur les bienséances qu'ils doivent observer, rendre surtout le vice ridicule, c'est être véritablement utile à la société. La plupart des vices résistent moins au ridicule qu'aux argumens solides et aux attaques sérieuses. Mais il faut convenir, d'un autre

côté, que c'est une arme difficile à manier, qui, dans une main maladroite ou malintentionnée, peut être aussi fatale qu'elle eût été utile dans une main sage et expérimentée; car le ridicule n'est pas, comme on l'a dit quelquefois, la véritable pierre de touche de la vérité. Il peut, au contraire, nous séduire et nous tromper par les couleurs qu'il donne aux objets; et il est souvent plus difficile de juger si ces couleurs sont naturelles ou fausses, que de distinguer l'erreur de la vérité. Des auteurs comiques ont trop souvent poussé la licence jusqu'à couvrir de ridicule les caractères et les objets qui le méritaient le moins. Mais ce n'est pas à la comédie même qu'il faut en faire le reproche, on n'en doit accuser que la dépravation de ces écrivains. Dans la main d'un auteur sans mœurs et sans probité, la comédie peut devenir un instrument de corruption; dans celle d'un homme vertueux, elle sera un amusement non- seulement innocent et gai, mais encore louable et utile. La comédie française est une excellente école de moeurs, tandis que la comédie anglaise ne fut trop souvent que l'école du vice.

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Les règles que, dans la Lecture précédente, j'ai données sur l'action dramatique dans la tragédie, sont également applicables à la comédie, aussi ne nous y arrêterons-nous pas long-temps. Il est nécessaire qu'il y ait dans l'une comme dans l'autre une unité d'action et de sujet; que l'unité de temps et de lieu soit observée autant que possible, c'est-à-dire, que le temps de l'action soit renfermé dans de justes limites, et que le lieu de la scène ne change point, au moins pendant le cours

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