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prudence chrétienne, qui a la volonté de Dieu pour règle, et pour but la gloire de Dieu et le bien du prochain. La prudence charnelle au contraire consiste en ce que l'homme rapporte tout à soi-même et au temps présent; et c'est pourquoi on peut la nommer fausse.

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Il conviendrait ici que vous vous examinassiez pour voir si vous n'êtes point de ceux en qui cette fausse prudence règne. Je sais bien que personne ne veut être de de ces enfans du siècle. Chacun s'absout dans son cœur, et dit en soi-même : « Je fais les choses de la vie aussi » bien que je le puis : je prends toutes les mesures pos>>sibles pour les faire bien réussir, cependant je n'y at >> tache point mon cœur: je n'ignore pas qu'il faut aimer » et craindre Dieu par-dessus tout: je sais qu'on ne doit » user de ce monde que comme d'une chose qu'il faut laisser, et qu'il faut principalement s'appliquer à la grande affaire du salut. » C'est ainsi qu'on raisonne mais il s'agit de savoir si l'on peut dire cela avec sincérité; car hélas, il n'arrive que trop souvent que l'on conçoive des sentimens favorables de soi-même sans s'être bien examiné, et l'on consulte rarement la vérité divine, qui est la vraie pierre de touche du cœur. Cependant les hommes ne se connaîtront jamais à moins qu'ils ne donnent entrée à la lumière de l'esprit de Jésus.

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Consulte donc ta conscience, cher ami, pour voir ce qui fait le plus d'impression sur toi. Quel est le principe qui te fait agir et l'objet que tu as principalement en vue? Quand tu vois la gloire de Dieu oubliée et foulée aux pieds, quand son nom est profané, y es-tu sensible comme quand on te ravit ton bien, et qu'on te déshonore? Es-tu aussi touché de voir les souffrances de Joseph, et la désolation de Jésusalem: es-tu affligé de voir

la corruption régner, et le monde vivre dans l'iniquité, comme tu l'es, quand tu souffres toutes sortes d'injustices et d'outrages? Pleures-tu avec David sur les désor dres et sur les pertes que cause le péché, comme tu pleures sur les pertes des choses périssables? Prends-tu quelque plaisir aux biens spirituels? Y trouves- tu une douceur semblable à la joie que tu ressens quand les choses du monde te réunissent à souhait, ou quand tu fais quelque gain considérable? Si tu sondes ainsi ton cœur, tu seras peut-être obligé d'avouer à ta confusion 2 que les choses du monde ont plus d'ascendant et de force sur toi que les choses spirituelles. Cependant tu es assez aveugle pour t'imaginer que ton cœur n y est pas attaché et que tu n'en fais pas ton idole et ton Dieu : tu te fâches, quand on te dit que tu es de ces enfans du siècle; cesse de te tromper toi-même, et consulte l'oracle de la vérité qui est Jésus. Si tu exposes ton cœur aux rayons de sa lumière éternelle, sa lumière éternelle, il te fera sentir que tu n'as qu'une prudence fausse, et dès que tu en seras convaincu, tu lui demanderas qu'il te découvre les mystères de la vraie prudence, afin que tu puisses dire après David: Seigneur, tu m'as enseigné la sagesse dans le secret de mon cœur. Ps. LI, 8.

2o. Un second caractère de la fausse prudence, c'est d'employer indifféremment toutes sortes de moyens pour parvenir à son but. C'est ce qui paraît par la conduite de l'économe injuste de notre texte. Non-seulement il dissipe les biens de son maître pour contenter ses passions; mais encore, dès qu'il est en danger de perdre les choses qui servaient à ses plaisirs, il cherche les moyens de se les conserver. Que ferai-je ? demandetil. Dans la recherche qu'il fait des moyens qu'il pourrait

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employer; il s'en présente deux légitimes à son esprit, l'un de travailler, et l'autre de men lier; mais il les rejette tous deux, l'un comme incompatible avec la vie molle et voluptueuse qu'il avait menée jusques alors, et l'autre comme insupportable à son orgueil. Je ne puis bécher la terre, répond-il, et j'ai honte de mendier. Quel est donc le parti pour lequel il se détermine? C'est celui de l'injustice et de la mauvaise foi ; je sais ce que je ferai, afin que quand mon administration me sera ótée, quelques-uns me reçoivent dans leurs maisons. Sur cela, ayant appelé les débiteurs de son maître, il quitte, à l'un cinquante mesures de froment, à l'autre vingt mesures d'huile, et à d'autres proportionnément. Par là, il fait perdre à son maître une partie de ce qui lui était légitimement dû, et se l'approprie en quelque façon, pour en vivre quand il n'aurait plus son administration.

Telles sont les leçons que la prudence charnelle dicte aux enfans de ce siècle. Elle ne se met pas beaucoup en peine, si les moyens qu'elle emploie pour parvenir à ses fins sont légitimes ou criminels; pourvu qu'elle atteigne son but, elle ne se soucie pas comment, ni par quelle voie. Les moyens légitimes sont, ou trop lents, pour acquérir ce qu'elle désire, ou trop gênans pour la chair elle aime mieux en employer de criminels qui la conduisent plutôt et avec moins de peine à son but ; et ces moyens là sont ordinairement la violence et la fraude. Ce sont ceux que l'économe inique emploie, et ceux dont tous les enfans de ce siècle font usage.

Le tableau que le Sauveur fait de ce maître d'hôtel injuste est chargé de traits si noirs et si odieux que peu de gens voudront s'y reconnaître. Les moyens qu'il emploie sont trop visiblement injustes, pour qu'ils

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veuillent s'en croire capables. Quoiqu'il en soit, il faut observer que le Seigneur Jésus a ici en vue de condamner en général tous les différens moyens dont la fausse prudence sesert. Pour cela il choisit ceux qui paraissent les plus injustes, mais il renferme sous la même condamnation tous les moyens illicites que la fausse prudence met en usage. Quand l'Ecriture parle d'un genre de vice, dont elle veut condamner toutes les productions, elle nomme ordinairement le degré le plus haut de ce vice, et l'espèce la plus criminelle. Par exemple, quand Dieu, parlant dans le décalogue, veut condamner toutes sortes de souillures, il dit : Tu ne commettras point adultère. Pour condamner toutes sortes d'injustices, il dit : tu ne déroberas point. Ainsi, quand Jésus-Christ fait mention dans notre texte de la grossière injustice de cet économe inique, il veut condamner en même temps tous les autres moyens injustes que les hommes emploient pour venir à bout de leurs desseins. Il est bon de faire remarquer ceci à ceux qui aiment à se flatter, et qui, ne voyant pas en eux, du premier coup dœil, les grossieres apparences du péché, qui sont universellement condamnables, se croient exempts de ce péché là, et ne pensent pas qu'ils peuvent l'avoir dans une espèce différente, ou dans au autre degré.

En effet il y en a plusieurs qui s'imaginent qu'ils sont fort éloignés d'employer comme cet économe injuste, des voies illégitimes. L'homme se persuade aisément que les moyens dont il se sert sont permis, et qu'il n'a point de bien mal acquis. Cependant si on était tant soit peu éclairé sur la nature et sur la diversité des moyens illégitimes, on reconnaîtrait, qu'en mille manières et en mille occasions, on a été des injustes qui ont fait leur profit au

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préjudice du prochain; car autant il existe d'enfans de ce siècle, autant peut-on compter de personnes qui employent des moyens injustes pour se procurer les biens de la terre; les uns le font d'une manière plus sensible, les autres d'une manière plus subtile et plus cachée. Vous regardez cet économe comme très-condamnable; en effet, il l'est aussi et vous vous croyez peut-être incapable de ces indignes pratiques; mais mettez-vous un moment à sa place, supposez pour un peu de temps, que vous soyez réduits à la même extrémité que lui : vous êtes accoutumés à une vie molle, à jouir de l'estime du monde, vous êtes élevés en dignité, vous avez de grands biens et des affaires importantes à manier. Tout-à-coup vous voilà obligé par la disgrâce de votre prince ou de votre maître, de perdre vos avantages et vos honneurs ; vous vous trouvez reduit à la dure nécessité de travailler, de bêcher la terre, ou de mendier, oude vivre dans la dernière misère. Que feriezvous dans cet état? Ne seriez-vous pas tenté de sacrifier votre conscience et votre devoir à vos avantages temporels? Peut-être feriez-vour pis que cet économe injuste. Peut-être ce que vous devez à Dieu et à vos âmes, ne vous empêcherait pas de vous abandonner à des extrémités encore plus criminuelles. Pour cela votre amourpropre trouverait sans doute quelques raisons pour autoriser vos démarches et pour endormir votre conscience. Il faut s'accommoder au temps, diriez-vous: il ne faut pas tout perdre à force de vouloir trop, bien faire son devoir Dieu ne demande pas de nous l'impossible la nécessité n'a point de loi ceci est un cas extraordinaire où il est permis d'employer toutes sortes de moyens pour conserver sa vie et sa santé. « Tels sont les subterfuges et les inventions de la prudence charnelle.

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