Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

XLVII. SERMON.

LA FAUSSE

ET LA VRAIE PRUDENCE.

Jésus disait aussi à ses disciples: Un homme riche avait un économe, qui fut accusé devant lui de lui dissiper son bien. Et l'ayant fait venir, il lui dit: Qu'est-ce que j'entends dire de toi? Rends compte de ton administration; car tu ne pourras plus désormais administrer mon bien. Alors cet économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m'ôte l'administration de son bien? Je ne saurais travailler à la terre, et j'aurais honte de mendier, etc. Saint-Luc, XVI 1,9.

[ocr errors]

Mes chers et bien-aimés auditeurs.

Au milieu du grand dérangement et de l'affreuse corruption que le péché a causés dans la nature de l'homme, Dieu a voulu qu'il lui restât encore quelque connaisVol. IV.

1

sance du bien et du mal, qui le distinguât des animaux brutes, et qui lui montrât les moyens de vivre comme une créature raisonnable. Il conserve encore en soi le sentiment d'une divinité, de laquelle il dépend, à laquelle il doit tout son bonheur et ses hommages les plus religieux. De là vient qu'aucun homme ne peut vivre sans quelque espèce de religion : de là vient qu'il ne saurait être tranquille, lorsqu'il cesse de rendre un certain culte à celui qu'il reconnaît pour son Dieu. C'est-là cette loi gravée dans le cœur de l'homme qui lui enseigne le droit de Dieu. Saint-Paul, après avoir fait le détail des péchés auxquels les hommes s'abandonnent dans leur ignorance, ajoute qu'ils ont cependant connu le droit de Dieu, savoir, que ceux qui commetteut de telles choses sont dignes de mort, Rom. 1, 32. A l'aide de ces connaissances générales, l'homme peut, à la vérité venir à bout, par ses forces naturelles, de réprimer en quelque façon l'impétuosité de ses passions criminelles: il peut avoir une conduite honnête ot moralement bonne. Cependant il faut avouer que ces lumières naturelles sont très-bornées, et que ces efforts sont un faible appui contre la violence des passions. Lorsqu'il s'agit de les combattre, l'homme est séduit par les faux appas des objets qui le tentent, et le feu de la passion étant une fois allumé, il ne lui est plus possible d'en arrêter le cours. Outre cela, ces connaissances naturelles n'atteignent pas aux choses spirituelles: elles peuvent servir à régler le dehors; mais l'économie spirituelle de l'âme, qui consiste à connaître Dieu, à l'aimer, à goûter le vrai bonheur dans la jouissance de sa grâce et dans la soumission à la volonté; c'est à quoi ces forces naturelles ne sauraient nous conduire. La sagesse et la prudence qui viennent du fond de la nature

corrompue ne peut être que terrestre, et s'il y a une sagesse et une prudence véritable et constante, ce ne peut être que celle que Dieu accorde à ses enfans. Le Sauveur du monde, qui est lui-même la sagesse primitive et originale, nous instruit dans notre texte de la nature et des caractères, tant de la fausse prudence, que de la prudence spirituelle. Nous examinerons donc en la crainte du Seigneur

I. La fausse prudence des enfans de ce siècle.
II. La vraie prudence des enfans de lumière.

I. Nous trouvons dans notre texte trois caractères de la fausse prudence:

1o. C'est une prudence du siècle présent. C'est ainsi que Jésus-Christ la nomme quand il dit que les enfans de ce siècle sont prudens dans leur génération. La pru dence est cette vertu qui recherche les moyens les plus convenables d'acquérir un certain bien à venir, ou d'éviter un mal qui pourrait arriver. La prudence de la chair n'a en vue que es biens et les maux de cette vie, comme nous le voyons par l'exemple de cet économe injuste. Quand il est en danger d'être privé de son administration, et de tomber par là dans l'indigence, il tâche de prévenir les maux qui le menacent, et de se procurer les moyens de subsister dans le monde. Mais remarquez qu'il se borne à cette vie, sans penser plus loin, et sans examiner si les moyens qu'il emploie en lui procurant quelques avantages passagers, ne lui causeront pas un préjudice éternel. Telle est en effet la prudence humaine et charnelle, elle est aveugle sur les biens et les maux de la vie à venir celui qui la possède se borne à avancer ses affaires dans le monde, à y établir sa fortune, à

augmenter ses richesses, ses honneurs et ses plaisirs. En même temps un enfant de ce siècle est occupé à détourner, autant qu'il peut, les maux qui le menacent, et à lever les obstacles qui pourraient l'empêcher de parvenir à son but. C'est à quoi tendent les pensées et les désirs d'un mondain qui n'a que la sagesse humaine en partage. La parole de Dieu assure qu'il n'est affectionné qu'aux choses de la terre, et que cette affection de la chair, qui est la prudence charnelle, est une inimitié contre Dieu. Rom. VIII, 6. Le caractère de cette fausse prudence nous est très-bien représenté dans la personne du roi de Tyr, à qui le Seigneur dit par la bouche de son prophète : Tu es plus sage que Daniel, rien n'est obscur pour toi: tu t'es acquis de la puissance par ta sagesse et par ta prudence: tu as ramassé de l'or et de l'argent dans tes trésors: tu as multiplié ta puissance par la grandeur de ta sagesse dans ton commerce; puis ton cœur s'est élevé à cause de ta puissance. Mais parce que tu as élevé comme s'il était le cœur de Dieu, les étrangers tireront l'épée contre l'éclat de ta sagesse et souilleront ta beauté. Ezech. xxvi, 4. Tel est le caractère et tel sera le sort de ces prudens de ce siècle dont parle Saint-Paul, quand il dit : Qu'en se vantant d'étre sages il sont devenus fous. Rom. 1, 22.

ton cœur,

[ocr errors]

Vous pourriez me dire ici, n'est-il pas convenable d'observer les maximes de la prudence pour bien régler les affaires de cette vie? A cela je réponds que oui ; mais il faut remarquer qn'on peut avoir de la prudence dans les choses de la vie, sans pourtant avoir une prudence charnelle. Un enfant de Dieu peut et doit agir prudemment dans l'administration des choses temporellies, sans que pour cela sa prudence soit charnelle; mais c'est une

« PoprzedniaDalej »