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ques traits Inclyti, Israel, super montes tuos interfecti sunt : quomodo ceciderunt fortes? Nolite annuntiare in Geth... ne forte latentur filiæ Philisthúm... Montes Gelboe, nec ros, nec pluvia veniant super vos... quia ibi abjectus est clypeus fortium... Saul et Jonathas, amabiles et decori in vita sua, in morte quoque non sunt divisi: aquilis velociores, leonibus fortiores. Filice Israel, super Saul flete... Doleo super te, frater mi, Jonatha, decore nimis et amabilis super amorem mulierum : sicut mater unicum amat filium suum, ita ego te diligebam (1). Depuis David jusqu'à Michel Montaigne, je ne crois pas que jamais l'amitié se soit exprimée plus tendrement.

par

Tout le monde connaît le cantique d'Ézéchias

l'imitation embellie que Rousseau en a donnée. Mais le cantique de Salomon, encore plus

:

(1) C'est sur tes montagnes, ô Israël, qu'ont péri ces hommes vaillants! Comment les forts sont-ils tombés ? N'allez pas l'annoncer à Geth; ne donnez pas aux filles des Philistins cette cruelle joie. O montagne de Gelboë, que jamais sur toi ne descende ni la pluie, ni la rosée ! C'est là que gît sur la poussière le bouclier des hommes vaillants Saül et Jonathas, aimables et beaux l'un et l'autre; unis durant leur vie, la mort ne les a point séparés plus rapides que les aigles, plus forts que les lions. Filles d'Israël, pleurez Saül! et moi, je pleurerai sur toi, ô mon frère, mon cher Jonathas, plus beau, plus aimable à mes yeux, qu'aux yeux de leurs amantes ne peuvent l'être des amants! Comme une mère aime son fils unique, c'était ainsi que je t'aimais.

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célèbre, considéré, non comme un ouvrage mystérieux, mais comme un morceau de poésie, ne me semble pas mériter toute sa réputation. On y voit quelques traits d'un sentiment assez naïf, des et images assez douces: Fasciculus myrrha, dilectus meus mihi; inter ubera mea commorabitur... Ecce tu pulcher es, dilecte mi, et decorus: Lectulus noster floridus. Sicut lilium inter spinas, sic amica mea inter filias. - Sicut malus inter ligna sylvarum, sic dilectus meus inter filios. Sub umbra illius, quem desideraveram, sedi; et fructus ejus dulcis gutturi meo... Fulcite me floribus... quia amore langueo. Læva ejus sub capite meo, et dextera illius amplexabitur me... Vox dilecti mei. Ecce iste venit saliens in montibus, transiliens colles... En dilectus meus loquitur mihi:

Surge, propera, amica mea, columba mea, formosa mea, et veni... Sonet vox tua in auribus meis; vox enim tua dulcis, et facies tua decora... Dilectus meus mihi, et ego illi... In lectulo meo per noctes quæsivi quem diligit anima mea; quæsivi illum, et non inveni (1).

(1) Mon bien-aimé est pour moi comme un faisceau de myrrhe. Il se reposera sur mon sein. Viens, mon bien-aimé : tu es la grâce et la beauté même; notre lit est semé de fleurs.

Comme le lys au milieu des épines, ma bien-aimée s'élève entre ses jeunes compagnes. Comme le pommier au milieu des bois, on distingue mon bien-aimé entre les hommes de son âge. Je me suis reposée à l'ombre de celui que je désirais; et ses fruits ont été délicieux pour moi.

Cela est simple et naturel; mais cela est noyé dans une multitude de comparaisons sans justesse, et de détails sans agrément; et que ce fût l'épithalame, le chant nuptial de Salomon, je n'y vois nulle vraisemblance.

Est-il possible d'imaginer que Salomon eût fait dire à sa jeune épouse qu'elle courait les rues toute la nuit pour le chercher; qu'elle avait rencontré la sentinelle, et qu'elle lui avait demandé si elle n'avait pas vu son amant? Surgam et circuibo civitatem; per vicos et plateas quæram quem diligit anima mea. Quæsivi illum, et non inveni. Invenerunt me vigiles qui custodiunt civitatem : Num quem diligit anima mea vidistis?

L'épouse de Salomon aurait-elle dit que ses frères l'avaient battue et lui avaient fait garder les vignes? Salomon lui-même aurait-il demandé qu'on lui prît les petits renards qui gâtaient les vignes, parce que sa vigne était en fleur? etc. etc.

Posez-moi sur un lit de fleurs, car je me sens languir d'amour. Sa main gauche soulèvera må tête, et sa droite m'embrassera. C'est la voix de mon bien-aimé. Le voilà qui vient bondissant sur les monts, franchissant les collines. Je l'entends qui me dit : Lève-toi, viens, ma bien-aimée, ma colombe, ma toute belle.... Ah! que ta voix se fasse donc entendre à mon oreille; car ta voix a autant de douceur que ton visage a de beauté. Mon bien-aimé fait mes délices, et je fais ses plaisirs. Toutes les nuits, en soupi rant, j'ai cherché dans mon lit celui que chérit tant mon ame; je l'ai cherché, et ne l'ai point trouvé.

Ou ce livre a un sens mystérieux, ou il n'en a aucun pour nous; et si ce n'est qu'une pastorale, il est bien évident qu'elle n'est pas de Salomon.

CATASTROPHE. On n'attache plus à ce mot que l'idée d'un événement funeste. On ne dirait pas la catastrophe de Bérénice, ou de Cinna. Avant Corneille, on n'osait pas donner le nom de tragédie à une pièce dont le dénouement n'avait rien de sanglant; et Aristote pensait de même, lorsqu'il semblait vouloir interdire à la tragédie les dénouements heureux. On va voir cependant qu'il ne tenait pas constamment à sa doctrine.

« Ce qui se passe entre ennemis ou indifférents, disait-il, n'est pas digne de la tragédie; c'est lorsqu'un ami tue ou va tuer son ami; un fils, son père; une mère, son fils; un fils, sa mère, etc. que l'action est vraiment tragique. Or il peut arriver que le crime se consomme, ou ne se consomme pas; qu'il soit commis aveuglément, ou avec connaissance. » Et il tirait de là quatre sortes de fables celle où le crime est commis de : propos délibéré; celle où le crime n'est reconnu qu'après qu'il est commis; celle où la connaissance du crime empêche tout à coup qu'il ne soit consommé; et celle où, résolu à commettre le crime avec connaissance, on est retenu par ses remords, ou par quelque nouvel incident. Aris

tote rejetait absolument celle-ci, et donnait la préférence à celle où le crime qu'on allait commettre aveuglément, est reconnu sur le point d'être exécuté, comme dans Mérope.

C'était donc ici une heureuse révolution qui lui semblait préférable. Mais ailleurs c'est un dénouement funeste qu'il demande, sans quoi, ditil, l'action n'est point tragique ; et c'est là qu'il est conséquent car il voulait un spectacle propre à rendre les hommes moins sensibles à des événements dont la douleur ne change pas le cours ; et c'était là bien réellement à quoi tendait l'ancienne tragédie. Sou objet moral n'était pas de modérer en nous les passions actives, mais d'habituer l'ame aux impressions de la terreur et de la pitié, de l'en charger comme d'un poids qui exerçât ses forces, et lui fit paraître plus léger le poids de ses propres malheurs. Or ceci ne pouvait être l'effet d'une affliction passagère, qui, causée par les incidents de la fable, se serait apaisée au dénouement. Si l'acteur intéressant finissait par être heureux, si le spectateur se retirait tranquille et consolé, l'exemple était sans fruit. Il fallait que chacun s'en allât frappé de ces idées: «L'homme est né pour souffrir, il doit s'y attendre et s'y résoudre.» Sans donc s'occuper de l'émotion que nous cause le progrès des événements, Aristote s'attache à celle que le spectacle laisse dans nos ames; C'est par là, dit-il, que la tragédie purge la crainte, la pitié, et toutes les

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