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de trivial pour nous, il y a encore plus à perdre du côté de l'analogie et de la sensibilité.

Pour ce qui regarde le style métaphorique et l'analogie des images, soit avec la pensée, soit avec elles-mêmes, voyez IMAGES.

ANAPESTE. L'un des nombres ou pieds des vers grecs et latins, composé de deux brèves et d'une longue.

Les Grecs, dont l'oreille avait une sensibilité si délicate pour le nombre, avaient réservé l'anapeste aux poésies légères, comme le dactyle aux poèmes héroïques; et en effet, quoique ces deux mesures soient égales, le dactyle -པ, frappé sur là première syllabe, a plus de gravité dans sa marche que l'anapeste frappé sur la dernière. On a remarque que la langue française a peu de dactyles et beaucoup d'anapestes. Lully semble être un des premiers qui s'en soit aperçu, et son récitatif a le plus souvent la marche du dactyle renversé.

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On n'en doit pas conclure que nos vers héroïques, où l'anapeste domine, ne soient pas susceptibles d'un caractère grave et majestueux : il suffit, pour le ralentir, d'y entremêler le spondée; et l'anapeste, alors assujetti par la gravite du spondée, n'est plus que coulant et rapide, et cesse d'être sautillant.

J'observerai même, à ce propos, que, dans notre

déclamation, ainsi que dans notre musique, rien n'est moins invariable que le caractère que les anciens attribuaient aux différents pieds; que l'iambe, par exemple, -, le pied tragique, est, dans nos vaudevilles et dans nos airs de danse, aussi sautillant que le chorée ; le dactyle, le pied favori de l'épopée, imite, quand on veut, tout aussi bien que l'anapeste, un galop rapide, et d'autant plus léger que les derniers temps sont en l'air; et au contraire l'anapeste exprime, quand on veut, la langueur et l'abattement, en glissant mollement sur les deux premières syllabes, et en appuyant sur la dernière, comme dans

ce vers:

N'allons point plus avant. Demeurons, chère OEnone.

Le rhythme est donc un moyen d'expression, changeant selon le mouvement et l'inflexion de la voix; et lorsqu'on lui attribue un caractère inaltérable, on est préoccupé de quelque exemple particulier, que mille autres exemples dé

mentent.

ANCIENS. Il se dit particulièrement des écrivains et des artistes de l'ancienne Grèce et de l'ancienne Rome.

Dans les dialogues de Perrault, intitulés : Parallèle des anciens et des modernes, l'un des interlocuteurs prétend que c'est nous qui sommes les anciens. «N'est-il pas vrai, dit-il, que la durée

du monde est communément regardée comme celle de la vie d'un homme; qu'il a eu son enfance, sa jeunesse et son âge parfait ; et qu'il est présentement dans la vieillesse? Figurons-nous de même que la nature humaine n'est qu'un seul homme. Il est certain que cet homme aurait été enfant dans l'enfance du monde, adolescent dans son adolescence, homme parfait dans la force de son âge, et que présentement le monde et lui seraient dans leur vieillesse. Cela supposé, nos premiers pères ne doivent-ils pas être regardés comme les enfants; et nous, comme les vieillards et les véritables anciens du monde ? »

Ce sophisme ingénieux, d'après lequel on a dit plaisamment, Le monde est si vieux qu'il radote, a été pris un peu trop à la lettre par l'auteur du Parallèle. Il peut s'appliquer avec quelque justesse aux connaissances humaines, au progrès des sciences et des arts, à tout ce qui ne reçoit son accroissement et sa maturité que du temps. Mais qu'il en soit de même du goût et du génie, c'est ce que Perrault n'a pu sérieusement penser et dire. Ici les caprices de la nature, les circonstances combinées des lieux, des hommes et des choses, ont tout fait, sans aucune règle de suceession et de progrès. Où les causes ne sont pas constantes, les effets doivent être bizarrement divers.

L'avantage que Fontenelle attribue aux modernes, d'étre montés sur les épaules des anciens,

est donc bien réel du côté des connaissances progressives, comme la physique, l'astronomie, les mécaniques: la mémoire et l'expérience du passé, les vérités qu'on aura saisies, les erreurs où l'on sera tombé, les faits qu'on aura recueillis, les secrets qu'on aura surpris et dérobés à la nature, les soupçons même qu'aura fait naître l'induction ou l'analogie, seront des richesses acquises; et quoique, pour passer d'un siècle à l'autre, il leur ait fallu franchir d'immenses déserts d'ignorance, il s'est encore échappé, à travers la nuit des temps, assez de rayons de lumière pour que les observations, les découvertes, les travaux des anciens aient aidé les modernes à pénétrer plus avant qu'eux dans l'étude de la nature et dans l'invention des arts.

Mais en fait de talents, de génie, et de goût, la succession n'est pas la même. La raison et la vérité se transmettent, l'industrie peut s'imiter; mais le génie ne s'imite point, l'imagination et le sentiment ne passent point en héritage. Quand même les facultés naturelles seraient égales dans tous les siecles, les circonstances qui développent ou qui étouffent les germes de ces facultés se varient à l'infini; un seul homme changé, tout change. Qu'importe que, sous Attila et sous Mahomet, la nature eût produit les mêmes talents que sous Alexandre et sous Auguste?

Il y a plus: après deux mille ans, la vérité ensevelie se retrouve dans sa pureté, comme l'or;

et pour la découvrir il ne faut qu'un seul homme. Copernic a vu le système du monde, comme s'il fût sorti tout récemment de l'école de Pythagore. Combien d'arts et combien de sciences, après dix siècles de barbarie, ont repris leurs recherches au même point où l'antiquité les avait lais-. sées ?

Mais quand le flambeau du génie est éteint; quand le goût, ce sentiment si délicat, s'est dépravé; quand l'idée essentielle du beau, dans la nature et dans les arts, a fait place à des conceptions puériles et fantasques, ou absurdes et monstrueuses; quand toute la masse des esprits est corrompue dans un siècle, et depuis des siècles; quels lents efforts ne faut-il pas à la raison et au génie même, pour se dégager de la rouille de l'ignorance et de l'habitude, pour discerner, parmi les exemples de l'antiquité, ceux qu'il est bon de suivre et ceux que l'on doit éviter?

Perrault, ses partisans, et ses adversaires, ont tous eu tort dans cette dispute: aux uns, c'est le bon goût qui manque; et aux autres, la bonne foi.

Quelle pitié de voir, dans les Dialogues sur les anciens et les modernes, opposer sérieusement Mézerai à Tite-Live et à Thucydide, sans daigner parler de Xénophon, de Salluste, ni de Tacite; de voir opposer l'avocat Le Maître à Cicéron et à Démosthène; Chapelain, Desmarets, Le Moine, Scudéri, à Homère et à Virgile; de voir dépri

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