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si grande abomination par la bouche de saint Paul.

Tels étoient les principaux points de la doctrine des Manichéens. Mais cette secte avoit en

X.

Trois au

tres caractè

core des caractères remarquables: l'un, qu'au res des Manimilieu de ces absurdités impies, que le démon chéens. Le premier, l'esavoit inspirées aux Manichéens, ils avoient encore prit de sémêlé dans leurs discours je ne sais quoi de si duction. éblouissant, et une force si prodigieuse de séduction, que même saint Augustin, un si beau génie, y fut pris, et demeura parmi eux neuf ans durant, très-zélé pour cette secte (1). On remarque aussi que c'étoit une de celles dont on revenoit le plus difficilement: elle avoit, pour tromper les simples, des prestiges et des illusions inouies. On lui attribue aussi des enchantemens (2); et enfin on y remarquoit tout l'attirail de la séduction.

XI.

ractère: l'hy

L'autre caractère des Manichéens est qu'ils savoient cacher ce qu'il y avoit de plus détestable Second ca. dans leur secte avec un artifice si profond, que pocrisie. non-seulement ceux qui n'en étoient pas, mais encore ceux qui en étoient, y passoient un long temps sans le savoir. Car sous la belle couverture de leur continence, ils cachoient des impuretés qu'on n'ose nommer, et qui même faisoient partie de leurs mystères. Il y avoit parmi eux plusieurs ordres. Ceux qu'ils appeloient leurs auditeurs ne savoient pas le fond de la secte; et leurs élus, c'est-à-dire, ceux qui savoient tout le mystère,

(1) Lib. 1. cont. Faust. Man. c. 10. et Conf. lib. IV, c. 1, et seq. • (2) Theodoret. Hæret. fab. lib. 1, cap. ult. de Manete; p. 212,

et seq.

Boss. xx.

6*

XII. Troisième

caractère: se

les Catholi

en cachoient soigneusement l'abominable secret, jusqu'à ce qu'on y eût été préparé par divers degrés. On étaloit l'abstinence et l'extérieur d'une vie non-seulement belle, mais encore mortifiée; et c'étoit une partie de la séduction de venir comme par degrés à ce qu'on croyoit plus parfait, à cause qu'il étoit caché.

:

Pour troisième caractère de ces hérétiques, nous y pouvons encore observer une adresse inmêler avec concevable à se mêler parmi les fidèles, et à s'y ques dans les cacher sous la profession de la foi catholique; car Eglises, et se cette dissimulation étoit un des artifices dont ils se cacher. servoient pour attirer les hommes dans leurs sentimens. On les voyoit dans les églises avec les autres ils y recevoient la communion; et encore qu'ils n'y reçussent jamais le sang de notre Seigneur, tant à cause qu'ils détestoient le vin dont on se servoit pour le consacrer, qu'à cause aussi qu'ils ne croyoient pas que Jésus-Christ eût eu du vrai sang; la liberté qu'on avoit dans l'Eglise de participer ou à une ou à deux espèces, fit qu'on fut long-temps sans s'apercevoir de leur perpétuelle affectation à rejeter celle du vin consacré. Ils furent donc à la fin reconnus par saint Léon à cette marque (1) mais leur adresse à tromper les yeux, quoique vigilans, des Catholiques, étoit si grande, qu'ils se cachèrent encore, et furent à peine découverts sous le pontificat de saint Gélase. Alors donc, pour les rendre tout-à-fait reconnoissables au peuple, il en fallut venir à une défense expresse

:

(1) Leo 1, serm. 41, qui est iv de Quadr. cap. 4 et 5.

de communier autrement que sous les deux espèces; et pour montrer que cette défense n'étoit pas fondée sur la nécessité de les prendre toujours ensemble, saint Gélase l'appuie en termes formels, sur ce que ceux qui refusoient le vin sacré le faisoient par une certaine superstition (1) : preuve certaine que hors la superstition, qui rejetoit comme mauvaise une des parties du mystère, l'usage de sa nature en eût été libre et indifférent, même dans les assemblées solennelles. Les Protestans, qui ont cru que ce mot de superstition n'étoit pas assez fort pour exprimer les abominables pratiques des Manichéens, ne songent pas que ce mot signifie dans la langue latine toute fausse religion; mais qu'il est particulièrement affecté à la secte des Manichéens, à cause de leurs abstinences et observances superstitieuses : les livres de saint Augustin en sont de bons témoins (2).

XIII.

Les Pauli

d'Arménie.

Cette secte si cachée, si abominable, si pleine de séduction, de superstition et d'hypocrisie, ciens ou les malgré les lois des Empereurs, qui en avoient Manichéens condamné les sectateurs au dernier supplice, ne laissoit pas de se conserver, et de se répandre. L'empereur Anastase et l'impératrice Théodore, femme de Justinien l'avoient favorisée. On en voit les sectateurs sous les enfans d'Héraclius, c'est-àdire, au septième siècle, en Arménie, province

(1) Gelas. in Dec. Grat. de cons. distinct. 1. cap. Comperimus. Ivo. Microl. etc. (2) De morib. Ecc. Cath. c. 34. n. 74. De morib. Man. c. 18, n. 65. tom. 1, col. 713 et 739. Cont. Ep. Fundam. c. 15. n. 19. tom. viii. col. 161.

voisine de la Perse, d'où cette fable détestable étoit venue, et autrefois sujette à son empire. Ils

y furent ou établis, ou confirmés par un nommé Paul (1), d'où le nom de Pauliciens leur fut donné en Orient, par un nommé Constantin, et enfin par un nommé Serge: et ils y parvinrent à une si grande puissance, ou par la foiblesse du gouvernement, ou par la protection des Sarrasins, ou même par la faveur de l'empereur Nicéphore très-attaché à cette secte (2), qu'à la fin persécutés par l'impératrice Théodore, femme de Basile (*), ils se trouvèrent en état de bâtir des villes, et de prendre les armes contre leurs princes (3). Ces guerres furent longues et sanglantes sous l'empire de Basile le Macédonien, c'est-à-dire, par Pierre de à l'extrémité du neuvième siècle. Pierre de Sicile Sicile, adres- fut envoyé par cet Empereur à Tibrique en Arvêque de Bul. ménie (4), que Cédrénus appelle Téphrique (5), une des places de ces hérétiques, pour y traiter de l'échange des prisonniers. Durant ce temps il connut à fond les Pauliciens; et il adressa un livre

XIV.

Histoire des Pauliciens,

sée à l'arche

garie.

(1) Cedr. tom. 1. p. 432. · (2) Cedr. t. 11. p. 480. (3) Ibid. (5) Cedr. ibid.

p. 541.

p. 541, etc.

(4) Petr. Sic. Hist. de Manich.

(*) Théodore étoit femme de Théophile. A la mort de ce prince, arrivée au mois de janvier 842, elle prit les rênes du gouvernement pendant la minorité de Michel III son fils. Ce fut pendant sa régence, qu'après avoir inutilement tenté de convertir les Pauliciens ou Manichéens d'Arménie par les voies de douceur, elle employa la rigueur contre eux. Ces hérétiques se réfugiérent sur les terres des Musulmans, et en tirèrent des secours pour faire la guerre à l'Empire. Basile le Macédonien, qui succéda à Michel, remporta sur eux de grandes victoires. ( Edit. de Versailles.)

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sur leurs erreurs à l'archevêque de Bulgarie pour
les raisons que nous verrons. Vossius reconnoît
que nous avons une grande obligation à Radérus,
qui nous a donné en grec et en latin une histoire
si particulière et si excellente (1). Pierre de Sicile
nous y désigne ces hérétiques par leurs propres
caractères, par leurs deux principes, par le mépris
qu'ils avoient pour l'ancien Testament, par leur
adresse prodigieuse à se cacher quand ils vou-
loient, et par les autres marques que nous avons
vues (2). Mais il en remarque deux ou trois qu'il
ne faut pas oublier : c'étoit leur aversion parti-
culière pour les images de la croix, suite na-
turelle de leur erreur, puisqu'ils rejetoient la
passion et la mort du Fils de Dieu; leur mépris
pour la sainte Vierge, qu'ils ne tenoient point
pour mère de Jésus-Christ, puisqu'il n'avoit pas
de chair humaine; et surtout leur éloignement
pour l'Eucharistie.

XV.

Convenance des Pauli

ciens avec les

réfutés par

Cédrénus, qui a pris de cet historien la plupart des choses qu'il raconte des Pauliciens, marque après lui ces trois caractères, c'est-àdire, leur aversion pour la croix, pour la sainte Manichéens Vierge, et pour la sainte Eucharistie (3). Les an- saint Augusciens Manichéens avoient les mêmes sentimens. tin. Nous apprenons de saint Augustin (4), que leur Eucharistie n'étoit pas la nôtre, mais quelque chose de si exécrable qu'on n'ose même y penser loin qu'on puisse l'écrire. Mais les nouveaux Ma

(1) Voss. de Hist. Græc. (3) Cedr. tom. 1 p. 434. col. 13.

(2) Pet. Sic. ibid. Præf. etc. (4) Aug. Hær. 46, etc. tom. vii.

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