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XCII.

Que tous les

moyens du ministre

communs avec celles des Soci

niens et des

autres sec

taires que la

Il ne sert de rien de répondre que ces Eglises avoient leurs prédécesseurs dans ces grandes sociétés qui étoient auparavant, et qui conservoient les vérités fondamentales; car il ne tient pour défendre ses Egliqu'aux Sociniens d'en dire autant. Le ministre ses leur sont les presse en vain par ces paroles : « Que ces gens » nous montrent une communion qui ait ensei» gné leur dogme. Pour trouver la succession » de leur doctrine, ils commencent par un Cé>> rinthus; ils continuent par un Artémon, par un Réforme re» Paul de Samosate, par un Photin, et autres gens jette. » semblables, qui n'ont jamais assemblé en un » quatre mille personnes, qui n'ont jamais eu de » communion, et qui ont été l'abomination de » toute l'Eglise (1) ». Quand le ministre les presse ainsi, il a raison dans le fond; mais il n'a pas raison selon ses principes, puisque les Sociniens lui diront toujours que le seul fondement du salut, c'est de croire un seul Dieu et un seul Christ médiateur; que c'est l'unité de ces dogmes où tout le monde convient, qui fait l'unité de l'Eglise ; que les dogmes surajoutés peuvent bien faire des confédérations particulières, mais non pas un autre corps d'Eglise universelle ; que leur foi a subsisté et subsiste encore dans toutes les sociétés chrétiennes; qu'ils peuvent vivre parmi les Calvinistes comme les prétendus élus des Calvinistes vivoient dans l'Eglise romaine avant Calvin; qu'ils ne sont non plus obligés à montrer, ni à compter leurs prédécesseurs, que les Luthériens ou les Calvinistes; qu'il n'est pas vrai (1) Syst. l. 11, c. 1, p. 238.

XCIV.

raisonne

dens.

qu'ils aient été l'abomination de toute l'Eglise, puisqu'outre qu'ils en étoient, toute l'Eglise n'a jamais pu s'assembler contre eux; que toute l'Eglise n'enseigne rien, ne décide rien, ne déteste rien; que toutes ces fonctions n'appartiennent qu'aux Eglises particulières ; qu'on a tort de leur reprocher la clandestinité, ou plutôt la nullité de leurs assemblées; que celles des Luthériens ou des Calvinistes n'étoient pas d'une autre nature au commencement ; qu'à cet exemple ils s'assemblent lorsqu'ils le peuvent, et où ils en ont la liberté; que si d'autres l'ont arrachée par des guerres sanglantes, leur cause n'en est pas meilleure; et qu'en quelque sorte qu'on obtienne du prince ou du magistrat une telle grâce, soit par négociation, ou par force, y attacher le salut, c'est faire dépendre le christianisme de la politique.

Après les grandes avances que le ministre vient Abrégé des de faire, pour peu qu'il voulût s'entendre luimens précé- même, il seroit bientôt de notre avis. Le sentiment de l'Eglise universelle, c'est une règle; c'est une règle certaine contre les Sociniens: il faut donc pouvoir montrer une Eglise universelle où les Sociniens ne soient pas compris. Ce qui les en exclut, c'est le défaut d'étendue et de succession: il faut donc leur pouvoir montrer une succession qu'ils ne puissent trouver parmi eux : or ils

y trouvent manifestement la même succession dont les Calvinistes se vantent, c'est-à-dire une succession dans les principes qui leur sont communs avec les autres sectes: il faut donc en pou

voir trouver une autre; il faut, dis-je, pouvoir trouver une succession dans les dogmes particuliers à la secte dont on veut établir l'antiquité. Or cette succession ne convient pas aux Calvinistes, qui dans leurs dogmes particuliers n'ont pas plus de succession ni d'antiquité que les Sociniens il faut donc sortir de leur Eglise aussi bien que de l'Eglise socinienne: il faut pouvoir trouver une antiquité et une succession meilleure que celle des uns et des autres. En la trouvant cette antiquité et cette succession, on aura trouvé la certitude de la foi: on n'aura donc qu'à se reposer sur les sentimens de l'Eglise et sur son autorité; et tout cela qu'est-ce autre chose, je vous prie, que de reconnoître l'Eglise infaillible? Ce ministre nous conduit donc par une voie assurée à l'infaillibilité de l'Eglise.

Je sais qu'il use de restriction. « L'Eglise uni>> verselle, dit-il (1), est infaillible jusqu'à un » certain degré, c'est-à-dire, jusqu'à ces bornes » qui divisent les vérités fondamentales de celles » qui ne le sont pas ». Mais nous avons déjà fait voir que cette restriction est arbitraire. Dieu ne nous a point expliqué qu'il renfermât dans ces bornes l'assistance qu'il a promise à son Eglise, ni qu'il dût restreindre ses promesses au gré des ministres. Il donne son Saint-Esprit, non pas pour enseigner quelque vérité, mais pour enseigner toute vérité (2); parce qu'il n'en a point révélé qui ne fût utile et nécessaire en certains cas. Jamais donc il ne permettra qu'aucune de ces vé(1) P. 236. (2) Joan. XVI. 13.

XCV.

Il n'y a nulle restriction

dans l'infail

libilité de P'Eglise touchant les dogmes.

XCVI.

Que ce qui

est cru une

a tonjours

été cru.

rités s'éteigne dans le corps de l'Eglise universelle.

Ainsi, quelle que soit la doctrine que je montrerai une fois universellement reçue, il faut que fois dans tou- le ministre la reçoive selon ses principes; et te l'Eglise, y s'il croit se sauver en répondant que cette doctrine, par exemple, la transsubstantiation, le sacrifice, l'invocation des saints, l'honneur des images, et les autres de cette nature, se trouvent en effet dans toutes les communions orientales aussi bien que dans l'Eglise d'Occident, mais qu'elles n'y ont pas toujours élé, et que c'est dans cette perpétuité qu'il a mis le fort de sa preuve et l'infaillibilité de l'Eglise universelle ; il ne s'est pas entendu lui-même, puisqu'il n'a pu croire dans l'Eglise universelle une assistance perpétuelle du Saint-Esprit, sans comprendre dans cet aveu non-seulement tous les temps ensemble, mais encore chaque temps en particulier; cette perpétuité les enfermant tous: d'où il s'ensuit qu'entre tous les temps de la durée de l'Eglise, il ne s'en pourra jamais trouver un seul où l'erreur dont le Saint-Esprit s'est obligé de la garder prévale. Or on a vu que le Saint-Esprit s'est également obligé de la garder de toute erreur, et pas plus de l'une que de l'autre ; il n'y en aura donc jamais aucune.

XCVII.

lique est le

Ce qui fait ici hésiter les adversaires, c'est qu'ils Le Catho- n'ont qu'une foi humaine et chancelante. Mais le seul qui croit Catholique, dont la foi est divine et ferme, dira aux promes- sans hésiter: Si le Saint-Esprit a promis à l'Eglise universelle de l'assister indéfiniment contre

ses.

les

XCVIII. Que le miplus nier l'in

nistre nepeut

faillibilité

les erreurs, donc contre toutes; et si contre toutes, donc toujours: et toutes les fois qu'on trouvera en un certain temps une doctrine établie dans toute l'Eglise catholique, ce ne sera jamais que par erreur qu'on croira qu'elle est nouvelle. Nous le pressons trop, dira-t-il, et enfin nous le forcerons à abandonner son principe de l'infaillibilité de l'Eglise universelle. A Dieu ne plaise qu'il abandonne un principe si véritable, ni qu'il se plonge dans tous les inconvéniens qu'il a voulu qu'ilareconéviter en l'établissant ; car il lui arriveroit ce que dit saint Paul: Si je rebátis ce que j'ai abattu, je me rends moi-même prévaricateur (1). Mais puisqu'il a commencé à prendre une médecine si salutaire, il faut la lui faire avaler jusqu'à la dernière goutte, quelque amère qu'elle lui paroisse maintenant, c'est-à-dire qu'il faut du moins lui marquer toutes les conséquences nécessaires de la vérité qu'il a une fois reconnue.

nue.

XCIX.

L'infaillibilité des con

suite de l'in

Il s'embarrasse sur l'infaillibilité des conciles universels: mais premièrement quand il n'y auroit point de conciles, le ministre demeure d'ac- ciles univercord que le consentement de l'Eglise, même sans sels est une être assemblée, serviroit de règle certaine. Son faillibilité de consentement pourroit être connu, puisqu'on l'Eglise. suppose qu'à présent il l'est assez pour condamner les Sociniens, et pour servir de règle immuable dans les questions les plus épineuses. Or par le même moyen qu'on condamne les Sociniens, on pourra aussi condamner les autres

(1) Gal. 11. 18.

BOSSUET. XX.

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