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LV.

«

peut parvenir jusqu'à participer à son ame,
c'est-à-dire à la charité et à la grâce de Dieu :
c'est ce qu'il explique assez clairement par une
histoire abrégée qu'il fait de l'Eglise. Il la com-
mence par dire qu'elle se gâta après le troi-
sième siècle (1): qu'on retienne cette date. Il
passe par-dessus le quatrième siècle, sans l'ap-
prouver ni le blâmer:
Mais, poursuit - il,
» dans le cinquième, le six, le sept et le huit,
l'Eglise adopta des divinités d'un second ordre,
» adora les reliques, se fit des images, et se pros-
» terna devant elles jusque dans les temples : et
» alors, devenue malade, difforme, ulcéreuse,
» elle étoit néanmoins vivante » de sorte que
l'ame y étoit encore, et, ce qu'il est bon de re-
marquer, elle y étoit au milieu de l'idolâtrie.

>>

Il continue en disant «< que l'Eglise universelle » s'est divisée en deux grandes parties, l'Eglise >> grecque et l'Eglise latine. L'Eglise grecque » avant ce grand schisme étoit déjà subdivisée en » Nestoriens, en Eutychiens, en Melchites, et » en plusieurs autres sectes: l'Eglise latine, en » PAPISTES, Vaudois, Hussites, Taboristes, Lu>> thériens, Calvinistes et Anabaptistes (2) »; et il décide que «< c'est une erreur de s'imaginer que » toutes ces différentes parties aient absolument >> rompu avec Jésus-Christ, en rompant les unes » avec les autres (3) »

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Qui ne rompt pas avec Jésus-Christ ne rompt L'Eglise ro- pas avec le salut et la vie; aussi compte-t-il ces prise parmi sociétés parmi les sociétés vivantes. Les sociétés

maine com

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les fonde

mortes, selon ce ministre; sont « celles qui rui- les sociétés » nent le fondement, c'est-à-dire, la Trinité, vivantes, où » l'Incarnation, la satisfaction de Jésus-Christ, mens du sa» et les autres articles semblables; mais il n'en lut sont con» est pas ainsi des Grees, des Arméniens, des Cophtes, des Abyssins, des Russes, des PA» PISTES et des Protestans. Toutes ces sociétés, » dit-il (1), ont formé l'Eglise, et Dieu y conserve » ses vérités fondamentales ».

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Il ne sert de rien d'objecter qu'elles renversent ces vérités par des conséquences tirées en bonne forme de leurs principes; parce que, comme elles désavouent ces conséquences, on ne doit pas, selon le ministre (2), les leur imputer; ce qui lui fait reconnoître des élus jusque chez les Eutychiens qui confondoient les deux natures de Jésus-Christ, et parmi les Nestoriens qui en divisoient la personne. « Il n'y a pas lieu de douter, » dit-il (3), que Dieu ne s'y conserve un résidu » selon l'élection de la grâce »; et de peur qu'on ne s'imagine qu'il y ait plus de difficulté pour l'Eglise romaine que pour les autres, à cause qu'elle est, selon lui, le royaume de l'Antechrist, il satisfait expressément à ce doute, en assurant qu'il s'est conservé des élus dans le règne de l'Antechrist même (4), et jusque dans le sein de Babylone.

serves.

LVI..

Que l'anti

Le ministre le prouve par ces paroles : Sortez de Babylone, mon peuple. D'où il conclut que le christian'speuple de Dieu, c'est-à-dire ses élus, y étoient me de l'E

(1) Syst. p. 147, 149.-(a) Ibid. p. 155. (3) Prej. c. 1, p. 16.

(4) Ibid.

BOSSUET. XX.

32

salut.

glise romai- donc. Mais, poursuit-il (1), il n'y étoit pas comme ne n'empêses élus sont en quelque façon parmi les Païens n'y fasse son d'où on les tire; car Dieu n'appelle pas son peuple des gens qui sont en état de damnation : par conséquent les élus qui se trouvent dans Babylone sont absolument hors de cet état, et en état de grâce. « Il est, dit-il, plus clair que le jour que » Dieu, dans ces paroles: Sortez de Babylone, » mon peuple, fait allusion aux Juifs de la cap»tivité de Babylone, qui constamment en cet » état ne cessèrent pas d'être Juifs et le peuple de

LVII.

peut sauver

» Dieu »>.

Ainsi les Juifs spirituels et le vrai Israël de Dieu (2), c'est-à-dire ses véritables enfans, se trouvent dans la communion romaine, et s'y trouveront jusqu'à la fin ; puisqu'il est clair que cette sentence: Sortez de Babylone, mon peuple (3), se prononce même dans la chute et dans la désolation de cette Babylone mystique qu'on veut être l'Eglise romaine.

Pour expliquer comment on s'y sauve, le miQu'on se nistre distingue deux voies : la première, qu'il a parmi nous prise de M. Claude, est la voie de séparation conser- et de discernement, lorsqu'on est dans la comvant notre munion d'une Eglise sans participer à ses erreurs notre culte. et à ce qu'il y a de mauvais dans ses pratiques.

en

croyance et

La seconde, qu'il a ajoutée à celle de M. Claude, est la voie de tolérance du côté de Dieu, lorsqu'en vue des vérités fondamentales que l'on conserve dans une communion Dieu pardonne les erreurs qu'on met par-dessus.

(1) Syst. p. 145.— (2) Gal. v1. 16. — (3) Apoc. xviu. 4.

Savoir s'il nous faut comprendre dans cette dernière voie, il s'en explique clairement dans le Systême, où il déclare les conditions sous lesquelles on peut espérer de Dieu quelque tolérance dans les sectes qui renversent le fondement par leurs additions sans l'ôter pourtant (1). On voit bien par ce qui vient d'être dit, que c'est de nous et de nos semblables qu'il entend parler; et la condition sous laquelle il accorde qu'on se peut sauver dans une secte de cette nature, c'est << qu'on y communique de bonne foi, croyant qu'elle a conservé l'essence des sacremens, et qu'elle n'oblige à rien contre la conscience » : ce qui montre que, loin d'obliger ceux qui demeurent dans ces sectes d'en rejeter la doctrine pour être sauvés, ceux qui y peuvent le plutôt être sauvés sont ceux qui y demeurent de la meilleure foi, et qui sont le mieux persuadés tant de la doctrine que des pratiques qu'on y

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observe.

LVIII.

se sauver en

se convertis

ne foi du cal

Il est vrai qu'il semble ajouter deux autres conditions à celle-là; l'une, d'être engagé dans Qu'on peut ces sectes par sa naissance (2); et l'autre, de ne pouvoir pas communier dans une société plus sant de bonpure, ou parce qu'on n'en connoît pas, ou vinisme à l'Eparce qu'on n'est pas en état de rompre avec la glise romaisociété où l'on se trouve (3). Mais il passe plus ne. avant dans la suite; car, après avoir proposé la question, s'il est permis d'être tantôt Grec, tantốt Latin, tantôt Réformé, tantôt PAPISTE, tan(1) Syst. p. 173, 174. — (2) Ibid. (3) Ibid. 158, 164, 259. Ibid. 174, 175, 195.

>>

tốt Calviniste, tantôt Luthérien, il répond que non, lorsqu'on fait profession de croire ce qu'en effet on ne croit pas. Mais si « on passe d'une »secte à l'autre par voie de séduction, et parce » que l'on cesse d'étre persuadé de certaines opi>>nions qu'on avoit auparavant regardées comme » véritables, il déclare qu'on peut passer en dif»férentes communions sans risquer son salut, » comme on y peut demeurer, parce que ceux qui passent dans les sectes qui ne ruinent ni » ne renversent les fondemens ne sont pas en un » autre état que ceux qui y sont nés » : de sorte que non - seulement on peut demeurer Latin et Papiste quand on est né dans cette communion, mais encore qu'on y peut venir du calvinisme sans sortir de la voie du salut; et ceux qui se sauvent parmi nous ne sont plus, comme disoit M. Claude, ceux qui y sont sans approuver notre doctrine, mais ceux qui y sont de bonne foi. Nos frères Prétendus Réformés peuvent apprendre de là que tout ce qu'on leur dit de nos ministre dé- idolâtries est visiblement excessif. On n'a jamais truit tout ce cru ni pensé qu'on pût sauver un idolâtre sous qu'il dit conprétexte de sa bonne foi: une si grossière erreur, tre nous et de nos idolàune impiété si manifeste ne compatit pas avec tries. la bonne conscience. Ainsi l'idolâtrie qu'on nous impute est d'une espèce particulière c'est une idolâtrie inventée pour exciter contre nous la haine des foibles et des ignorans. Mais il faut aujourd'hui qu'ils se désabusent; et ce n'est pas un si grand malheur de se convertir, puisque celui qui vante le plus nos idolâtries, et qui

LIX.

Que cette

doctrine du

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