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tant qu'il est possible, et que Dieu le permet :
où visiblement on prépare une exception en fa-
veur des Réformateurs. En effet, on dit aussitôt
après : «< laquelle exception nous y ajoutons no-
» tamment, pour ce qu'il a fallu quelquefois,
» même de notre temps auquel l'état de l'Eglise
» étoit interrompu, que Dieu ait suscité des gens
>> d'une façon extraordinaire pour dresser l'Eglise
» de nouveau qui étoit en ruine et désolation ».
On ne pouvoit pas marquer en termes plus clairs
ni plus généraux l'interruption du ministère or-
dinaire établi de Dieu, ni la pousser plus loin
que d'être obligé d'avoir recours à la mission
extraordinaire, où Dieu envoie par lui-même,
et donne aussi des preuves particulières de sa vo-
lonté. Car on avoue franchement qu'on n'a ici à
produire ni pasteurs qui aient consacré, ni peuple
qui ait pu élire : ce qui emportoit nécessaire-
ment l'entière extinction de l'Eglise dans sa vi-
sibilité : et il étoit remarquable que, par l'inter-
ruption de la visibilité et du ministère, on avouoit
simplement que l'Eglise étoit en ruine, sans dis-
tinguer la visible d'avec l'invisible; parce qu'on
étoit entré dans les idées simples où nous mène
naturellement l'Ecriture, de ne reconnoître
d'Eglise qui ne soit visible.

XXVIII. dans les sy

Embarras

On aperçut à la fin cet inconvénient dans la Réforme, et en 1603, quarante-cinq ans après la Confession de foi, la difficulté fut proposée nodes deGap en ces termes au synode national de Gap. « Les et de la Roprovinces sont exhortées à peser aux synodes ce que l'Egli

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chelle,

sur

>> provinciaux en quels termes l'article xxv de la se invisible

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bliée dans la Confession.

avoit été ou-> Confession de foi doit être couché; d'autant » qu'ayant à exprimer ce que nous croyons tou>> chant l'Eglise catholique dont il est fait men>>tion au Symbole, il n'y a rien en ladite Con»fession qui se puisse prendre que pour l'Eglise >> militante et visible ». On ajoute un ordre général : « Que tous viennent préparés sur les ma»tières de l'Eglise (1) ».

C'est donc un fait bien avoué, que lorsqu'il s'agit d'expliquer la doctrine de l'Eglise, article si essentiel au christianisme, qu'il a même été énoncé dans le Symbole, l'idée d'Eglise invisible ne vint pas seulement dans l'esprit aux Réformateurs; tant elle étoit éloignée du bon sens et peu naturelle. On s'a vise pourtant dans la suite qu'on en a besoin, parce qu'on ne peut trouver d'Eglise qui ait toujours visiblement persisté dans la croyance qu'on professe ; et on cherche le remède à cette omission. Mais que dire? Que l'Eglise pouvoit être entièrement invisible? C'étoit introduire dans la Confession de foi un songe si éloigné du bon sens, qu'il n'étoit pas seulement venu dans la pensée de ceux qui la dressèrent. On résolut donc à la fin de la laisser en son entier; et quatre ans après, en 1607, dans le synode national de la Rochelle, après que toutes les provinces eurent bien examiné ce qui manquoit à la Confession de foi, on conclut de ne rien ajouter ou diminuer aux articles xxv et xxix (2), qui étoient ceux où la visibilité de l'Eglise étoit la

(1) Syn. de Gap, chap. de la Conf, de foi. — (2) Syn. de la Roch. 1607.

mieux exprimée, et de ne toucher de nouveau à

la matière de l'Eglise.

XXIX. Vaine sub

pour éluder

ces synodes.

M. Claude étoit le plus subtil de tous les hommes à éluder les décisions de son Eglise lors- tilité du miqu'elles l'incommodoient: mais à cette fois il se nistreClaude moque trop visiblement; car il voudroit nous faire accroire que toute la difficulté que le synode de Gap trouvoit dans la Confession de foi, c'est qu'il eût souhaité qu'au lieu de marquer seulement la partie militante et visible de l'Eglise universelle, on eút aussi marqué ses parties invisibles qui sont l'Eglise triomphante, et celle qui est encore à venir (1). N'étoit-ce pas là en effet une question bien importante et bien difficile pour la faire agiter dans tous les synodes et dans toutes les provinces, afin de la décider au prochain synode national? S'étoit-on seulement jamais avisé d'émouvoir une question si frivole? Et pour croire qu'on s'en mît en peine, ne faudroit-il

pas
avoir oublié tout l'état des controverses de-
puis le commencement de la Réforme prétendue?
Mais M. Claude ne vouloit pas avouer que l'em-
barras au synode étoit de ne trouver pas dans la
Confession de foi l'Eglise invisible, pendant que
son confrère M. Jurieu, en cela de meilleure foi,
demeure d'accord qu'on croyoit en avoir besoin
dans le parti (2), pour répondre à la demande
où étoit l'Eglise.

XXX.

Décision

Le même synode de Gap fit une importante décision sur l'article xxxi de la Confession de foi, mémorable, qui parloit de la vocation extraordinaire des pas à laquelle on (1) Rép. au disc. de M. de Cond. p. 220.- (2) Ci-dessus, n. 17.

ne se tient teurs; car la question étant proposée, «< s'il étoit pas du syno

de de Gap,

tion extraor

dinaire.

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expédient lorsqu'on traiteroit de la vocation sur la voca- » des pasteurs qui ont réformé l'Eglise, de fonder » l'autorité qu'ils ont eue de la réformer et d'enseigner, sur la vocation qu'ils avoient tirée » de l'Eglise romaine »; la compagnie jugea qu'il la faut simplement rapporter selon l'ar>>ticle à la vocation extraordinaire, par laquelle » Dieu les a poussés intérieurement à ce minis» tère, et non pas à ce peu qu'il leur restoit de >> cette vocation ordinaire corrompue ». Telle fut la décision du synode de Gap; mais comme nous l'avons déjà remarqué souvent, on ne dit jamais bien la première fois dans la Réforme. Au lieu qu'elle ordonne ici qu'on aura recours simplement à la vocation extraordinaire, le synode de la Rochelle dit qu'on y aura recours principalement. Mais on ne tiendra non plus à l'explication du synode de la Rochelle qu'à la détermination du synode de Gap; et tout le sens de l'article, si soigneusement expliqué par deux synodes, sera changé par deux ministres.

XXXI.

Les minis

tres éludent

Les ministres Claude et Jurieu n'ont plus voulu de la vocation extraordinaire, où Dieu envoie le décret de par lui-même : ni la Confession de foi, ni les syla vocation nodes ne les étonnent: car comme au fond on

extraordi

naire.

ne se soucie dans la Réforme ni de Confession de foi ni de synode, et qu'on n'y répond que pour la forme, on se contente aussi des moindres évasions. M. Claude n'en manqua jamais. « Autre

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chose, dit-il (1), est le droit d'enseigner et (1) Déf. de la Ref. I. part. ch. 4, et IV. part. ch. 4.

» de faire les fonctions de pasteur; autre est le droit de travailler à la Réformation ». Quant au dernier, la vocation étoit extraordinaire, à cause des dons extraordinaires dont furent ornés les Réformateurs (1): mais il n'y eut rien d'extraordinaire quant à la vocation au ministère de pasteur, puisque ces premiers pasteurs étoient établis par le peuple, dans lequel réside naturellement la source de l'autorité et de la vocation (2). On ne pouvoit plus grossièrement éluder l'article xxx1; car il est clair qu'il ne s'y agit en aucune sorte ni du travail extraordinaire de la Réforme, ni des rares qualités des Réformateurs; mais simplement de la vocation pour gouverner l'Eglise, à laquelle il n'étoit pas permis de s'ingérer de soi-même. Or c'étoit à cet égard qu'on avoit recours à la vocation extraordinaire par conséquent c'étoit à l'égard des fonctions pastorales.

Le synode ne s'explique pas moins clairement : car sans songer seulement à distinguer le pouvoir de réformer et celui d'enseigner, qui en effet étoient si unis, puisque le même pouvoir qui autorise à enseigner, autorise aussi à réformer les abus: la question fut si le pouvoir, tant de réformer que celui d'enseigner, doit être fondé ou sur la vocation tirée de l'Eglise romaine, ou sur une commission extraordinaire immédiatement émanée de Dieu; et on conclut pour la dernière.

Mais il n'y avoit plus moyen de la soutenir, (1) Rép. à M. de Cond. p. 313, 333. — (2) Ibid. p. 307, 313.

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