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n'est pas opposée à la piété et à la vraie foi. Ceuxlà sont vrais ennemis de la divinité du Fils de Dieu, puisqu'ils en tiennent le dogme pour indifférent : M. Jurieu est Pélagien, et ennemi de la grâce dans le même sens.

XCII.

Autre paro

le pélagienne du même mi.

En effet, quel est le but de cette parole: Dans les exhortations il faut nécessairement parler à la Pélagienne? Ce n'est pas là le discours d'un théologien ; puisque si le pélagianisme est une hérésie nistre, et ses qui rende inutile la croix de Jésus-Christ, comme contradicpitoyables on l'a tant prêché même dans la Réforme (1), il tions. en faut être éloigné jusqu'à l'infini dans l'exhortation, loin d'y en conserver la moindre tein

ture.

Ce ministre ne s'entend pas mieux lorsqu'il excuse les Pélagiens ou les semi-Pélagiens de la Confession d'Ausbourg avec les Arminiens qui en suivent les sentimens, sous prétexte que « pen>> dant qu'ils sont semi-Pélagiens de parole et » pour l'esprit, ils sont disciples de saint Au» gustin pour le cœur (2) » : car ne sait-il pas que l'esprit gâté a bientôt corrompu le cœur? On est trop attaché à l'erreur quand on ne se réveille pas lors même que la vérité nous est présentée, principalement par un synode de toute la communion dont on est.

>>

Quand donc M. Jurieu dit d'un côté que le pélagianisme ne damne pas (3), et que de l'autre on ne rendra jamais de vrais chrétiens et de vrais dévots, Pélagiens et semi-Pélagiens (4), tout subtil

(1) Meth. Sect. 15, p. 131.— (2) Meth. Sect. 14, p. 113, 114.
(3) Ci-dessus, n. 83, 84, 87. — (4) Meth. Sect. 15, p. 113, 121.
BOSSUET. XX.
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XCIII.

Que ce mi

nistre retom

formateurs

sur la cause

du péché.

théologien qu'il est, il ne pouvoit pas montrer plus clairement qu'il ne songe pas à ce qu'il dit, et qu'en voulant tout sauver, on perd tout.

Il croit aussi avoir évité ces excès de faire Dieu auteur du péché, où il prétend qu'on ne tombe be dans les plus dans son parti depuis cent ans (1), et il y reexcès des Ré- tombe lui-même dans le même livre, où il prétend montrer qu'on les évite. Car enfin tant qu'on ôtera au genre humain la liberté de son choix, et qu'on croira que le libre arbitre subsiste avec une entière et inévitable nécessité, il sera toujours véritable que ni les hommes ni les anges prévaricateurs n'ont pas pu ne pas pécher; et qu'ainsi les péchés où ils sont tombés sont une suite nécessaire des dispositions où leur Créateur les a mis. Or M. Jurieu est de ceux qui laissent en leur entier cette inévitable nécessité, lorsqu'il dit que nous ne savons de notre ame, sinon qu'elle pense, et qu'on ne peut pas définir ce qu'il faut pour étre libre (2). Il avoue donc qu'il ignore si ce n'est point cette inévitable et fatale nécessité qui nous entraîne au mal comme au bien, et il se replonge dans tous les excès des premiers Réformateurs, dont il se vante qu'on est sorti depuis un siècle.

Pour éviter ces terribles inconvéniens, il faut du moins savoir croire, si on n'est pas parvenu jusqu'à l'entendre, qu'on ne peut admettre sans blasphême, et sans faire Dieu auteur du péché, cette invincible nécessité que les Remontrans ont reprochée aux Prétendus Réformateurs, et dont le synode de Dordrect ne les a pas justifiés.

(Ci-dessus, n. 4. — (2) Meth. Sect. 15, 129, 130.

Et en effet, je remarque qu'on ne dit rien dans

XCIV. Connivence

ment sur ces

tout le synode contre ces damnables excès. On du synode voulu épargner les Réformateurs, et sauver d'un de Dordrect, blâme éternel les commencemens de la Réforme. non seule Mais du moins il ne falloit pas ménager les excès des PréRemontrans, qui opposoient aux excès des Réfor- tendus Rémateurs des excès qui n'étoient pas moins crimi- formateurs, nels.

On imprima en Hollande en 1618, un peu devant le synode, un livre avec ce titre : Etat des controverses des Pays-bas, où l'on fait voir que c'étoit la doctrine des Remontrans; qu'il pouvoit survenir à Dieu quelques accidens; qu'il étoit capable de changement; que sa prescience sur les événemens particuliers n'étoit pas certaine; qu'il agissoit par discours et par conjecture en tirant comme nous une chose de l'autre (1) : et d'autres erreurs infinies de cette nature, où l'on prenoit le parti de ces philosophes, qui, de peur de blesser notre liberté, ôtoient à Dieu sa prescience. On faisoit voir qu'ils s'égaroient jusqu'à faire Dieu corporel, jusqu'à lui donner trois essences; et le reste, qu'on peut apprendre de ce livre qui est très-net et très-court. Ce livre fut composé pour préparer au synode qu'on alloit tenir la matière de ses délibérations: mais on n'y parla point de toutes ces choses, ni de beaucoup d'autres aussi essentielles que les Remontrans remuoient. On fut seulement soigneux de conserver les articles qui étoient particuliers au calvinisme, et on eut

(1) Specim. Controv. Belg. ex offic. Elzev. p. 2, 4, 7, etc.

mais encore

sur ceux des Remontrans.

XCV.

Charenton,

munion.

1631.

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plus de zèle pour ces opinions que pour les principes essentiels du christianisme.

Les complaisances que nous avons vu qu'on Décret de avoit pour les Luthériens n'en obtenoient rien où les Luthé- pour l'union, et ils persistoient à tenir tout le riens sont re- parti des Sacramentaires pour excommunié. Ençus à la comfin les Prétendus Réformés de France, dans leur synode national de Charenton, firent ce décret mémorable, où ils déclarent «< que les Allemands » et autres suivant la Confession d'Ausbourg, >> attendu que les Eglises de la Confession d'Ausbourg conviennent avec les autres Réformés » aux principes et points fondamentaux de la » vraie religion, et qu'il n'y a en leur culte ni » idolâtrie, ni superstition, pourront, sans faire >> abjuration, être reçus à la sainte table, à >> contracter mariage avec les fidèles de notre » Confession, et à présenter comme parrains des >> enfans au Baptême, en promettant au consis» toire qu'ils ne les solliciteront jamais à contre>> venir directement ou indirectement à la doc» trine reçue et professée en nos Eglises, mais se >> contenteront de les instruire dans les principes » desquels nous convenons tous ».

XCVI. Conséquen

En conséquence de ce décret, il a fallu dire

ces de ce dé que la doctrine de la présence réelle prise en

cret.

elle-même n'a aucun venin; qu'elle n'est pas contraire « à la piété ni à l'honneur de Dieu, ni au >> bien des hommes; qu'encore que l'opinion des » Luthériens sur l'Eucharistie induise aussi bien » que celle de Rome la destruction de l'huma» nité de Jésus-Christ: cette suite néanmoins ne

LIV. XIV. 405 » leur peut être mise sus sans calomnie, vu qu'ils » la rejettent formellement (1) » : de sorte qu'il demeure pour constant qu'en matière de religion il ne faut plus faire le procès à personne sur ce qu'on tire de sa doctrine, quelque claire que paroisse la conséquence; mais sur ce qu'il avoue en termes formels.

les fon

les

XCVII.

Les Calvi

nistes n'a

fait de semblable avan

ce.

Jamais les Sacramentaires n'avoient fait de si grande avance envers les Luthériens. La nouveauté de ce décret ne consiste pas à dire que voient jamais la présence réelle et les autres dont on dispute entre les deux partis, ne regardent pas demens du salut; car il faut demeurer d'accord de bonne foi que dès le temps de la conférence de Marpourg (2), c'est-à-dire, dès l'an 1529, Zuingliens offrirent aux Luthériens de les tenir pour frères malgré leur doctrine de la présence réelle; et dès-lors ils ne croyoient pas qu'elle fût fondamentale : mais ils vouloient que la fraternité fût mutuelle et également reconnue de part et d'autre ; ce qui leur étant refusé par Luther, ils demeurèrent de leur côté sans tenir pour frères ceux qui ne vouloient pas prononcer le même jugement en leur faveur au lieu que dans le synode de Charenton ce sont les Sacramentaires seuls qui reconnoissent pour frères les Luthériens, encore qu'ils en soient tenus pour excommuniés.

:

La date de ce décret de Charenton est mémorable: il fut fait en 1631. Le grand Gustave

(1) Daille, Apol. c. vu, 43. id. Lettre à Mongl. (3) Cir dessus, l. 11, n. 45.

XCVIII.
Date mé-

morable du

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