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LXX.

Ils protes

tent contre

le synode.

Les raisons

Les Remontrans condamnés changèrent leurs requêtes en protestation contre le synode. On délibéra dessus (1); et comme les raisons qu'ils dont on les alléguoient étoient les mêmes dont les Protescombat dans tans s'étoient servis pour éluder l'autorité des le synode évêques catholiques, les réponses qu'on leur fit tout le parti étoient les mêmes que les Catholiques avoient protestant. employées contre les Protestans. On leur disoit

condamnent

que ce n'avoit jamais été la coutume de l'Eglise de priver les pasteurs du droit de suffrage contre les erreurs pour s'y être opposés : que ce seroit leur ôter le droit de leur charge pour s'en être fidèlement acquittés, et renverser tout l'ordre des jugemens ecclésiastiques : que par les mêmes raisons les Ariens, les Nestoriens et les Eutychiens auroient pu récuser toute l'Eglise, et ne se laisser aucun juge parmi les chrétiens : que ce seroit le moyen de fermer la bouche aux pasteurs, et de donner aux hérésies un cours entièrement libre. Après tout, quels juges vouloient-ils avoir ? Où trouveroit-on dans le corps des pasteurs ces gens neutres et indifférens qui n'auroient pris aucune part aux questions de la foi et aux affaires de l'Eglise (2)? Ces raisons ne souffroient point de réplique : mais par malheur pour nos Réformés, c'étoit celles qu'on leur avoit opposées lorsqu'ils déclinèrent le jugement des évêques qu'ils trouvoient en place au temps de leur séparation.

(1) Sess. 27, p. 93. (2) Ibid. n. 83, 87, 97, 98, 100,

104, 106.

LXXI.

On décide

que le parti plus foible et le plus

le

nouveau doit

Ce qu'on disoit de plus fort contre les Remontrans, c'est qu'ils étoient des novateurs, et qu'ils étoient, la partie la plus petite aussi bien que la plus nouvelle, qui devoit par conséquent être jugée par la plus grande, par la plus an- céder au plus cienne, par celle qui étoit en possession, et qui grand et au soutenoit la doctrine reçue jusqu'alors (1). Mais plus ancien. c'est par-là que les Catholiques devoient le plus l'emporter car enfin quelle antiquité l'Eglise belgique réformée alléguoit-elle aux Remontrans? Nous ne voulons pas, disoit-elle, laisser affoiblir la doctrine que nous avons toujours soutenue depuis cinquante ans (2); car ils ne remontoient pas plus haut. Si cinquante ans donnoient à l'Eglise qui se disoit réformée tant de droit contre les Arminiens nouvellement sortis de son sein, quelle devoit être l'autorité de toute l'Eglise catholique fondée depuis tant de siècles?

LXXII.
Embarras

du synode

Remontrans.

Parmi toutes ces réponses qu'on faisoit aux Remontrans sur leurs protestations, ce qu'on passoit le plus légèrement, c'étoit la comparaison qu'ils sur la protefaisoient de leurs exceptions contre le synode de station des Dordrect avec celles des Réformés contre les conciles des Catholiques et ceux des Luthériens. Les uns disoient «< qu'il y avoit grande différence >> entre les conciles des Papistes et des Luthériens, » et celui-ci. Là ón écoute des hommes, le Pape » et Luther; ici on écoute Dieu. Là on apporte » des préjugés; et ici il n'y a personne qui ne soit » prêt à céder à la parole de Dieu. Là on a des » ennemis en tête; et ici on n'a d'affaire qu'avec (1) Pag. 97, 103, etc. - (3) Præf. ad Ecc. ant. Syn. Dord.

LXXIII.

Etrange réponse de

nève.

» ses frères. Là tout est contraint; ici tout est » libre (1)». C'étoit résoudre la question par ce qui en faisoit la difficulté. Il s'agissoit de savoir si les Gomaristes ne venoient pas avec leurs préjugés dans le synode; il s'agissoit de savoir si c'étoit des ennemis ou des frères; il s'agissoit de savoir qui avoit le cœur plus docile pour la vérité et la parole de Dieu; si c'étoit les Protestans en général plutôt que les Catholiques, les disciples de Zuingle plutôt que ceux de Luther, et les Gomaristes plutôt que les Arminiens. Et pour ce qui est de la liberté, l'autorité des Etats, qui intervenoit partout, et qu'aussi on avoit toujours à la bouche dans le synode (2), celle du prince d'Orange, ennemi déclaré des Arminiens, l'emprisonnement de Grotius et des autres chefs du parti, et enfin le supplice de Barneveld, font assez voir comment on étoit libre en Hollande sur cette matière.

Les députés de Genève tranchent plus court; et sans s'arrêter aux Luthériens, à qui aussi quaceux de Ge- tre ans qu'ils avoient au-dessus des Zuingliens ne pouvoient pas attribuer l'autorité de les juger, ils répondoient à l'égard des Catholiques (3): « Il a été libre à nos pères de protester contre les » conciles de Constance et de Trente, parce que »> nous ne voulons avoir aucune sorte d'union » avec eux; au contraire, nous les méprisons et » les haïssons de tout temps ceux qui décli>> noient l'autorité des conciles se séparoient de

(1) Pag. 99. —(2) Sess. 25, p. 80. Sess. 26, p. 81, 82, 83, etc. -(3) Ibid. 103.

>> leur communion ». Voilà toute leur réponse; et ces bons théologiens n'auroient rien eu à opposer au déclinatoire des Arminiens, s'ils avoient rompu avec les Eglises de Hollande, et qu'ils les eussent haïes et méprisées ouvertement.

LXXIV.

Protestans

cile de l'E

Selon cette réponse, les Luthériens n'avoient Que selon que faire de se mettre tant en peine de ramasser le synode de des griefs contre le concile de Trente, ni de di- Dordrect les scuter qui étoit partie ou qui ne l'étoit pas dans étoient oblicette cause. Pour décliner l'autorité du concile gés à reconoù les Catholiques les appeloient, ils n'avoient noître le conqu'à dire sans tant de façon: Nous voulons glise cathorompre avec vous, nous vous méprisons, nous lique. vous haïssons et nous n'avons que faire de votre concile. Mais l'édification publique et le nom même de chrétien ne souffroit pas une telle ré-ponse. Aussi n'est-ce pas ainsi que répondirent les Luthériens au contraire ils déclarèrent, et même à Ausbourg dans leur propre Confession, qu'ils en appeloient au concile, et même au concile que le Pape assembleroit (1). Il y a une semblable déclaration dans la Confession de Strasbourg (2): ainsi les deux partis protestans étoient d'accord en ce point. Ils ne vouloient donc pas rompre avec nous : ils ne nous haïssoient pas; ils ne nous méprisoient pas tant que le disent ceux de Genève. S'il est donc vrai, selon eux, que les Remontrans devoient se soumettre au concile de la Réforme, parce qu'ils ne vouloient pas rompre; les Protestans, qui témoignoient ne vou

(1) Ci-dessus, liv. 111, n. 62. — (2) Conf. Argen. peror. Synt. Gen. 1. part. p. 199.

LXXV.

Pour fer

synode des

loir non plus se séparer de l'Eglise catholique, devoient se soumettre à son concile.

Il ne faut pas oublier une réponse que fit tout mer la bou- un synode de la province de Hollande au décliche aux Re- natoire des Remontrans. C'est le synode tenu à montrans,un Delpht un peu avant celui de Dordrect (1). Les Calvinistes Remontrans objectoient que le synode qu'on vouest contraint loit assembler contre eux ne seroit pas infaillible comme l'étoient les apôtres, et ainsi ne les liedu S. Esprit roit pas dans leur conscience. Il falloit bien promise aux avouer cela, ou nier tous les principes de la Réconciles. forme mais après l'avoir avoué, ceux de Delpht

de recourir à

l'assistance

ajoutent ces mots (2) : « Jésus-Christ qui a promis » aux apôtres l'esprit de vérité dont les lumières >> les conduiroient en toute vérité, a aussi promis » à son Eglise d'être avec elle jusqu'à la fin des » siècles (3), et de se trouver au milieu de deux » ou trois qui s'assembleroient en son nom (4) », d'où ils concluoient un peu après « que lorsqu'il » s'assembleroit de plusieurs pays des pasteurs » pour décider selon la parole de Dieu ce qu'il >> faudroit enseigner dans les Eglises, il falloit » avec une ferme confiance se persuader que » Jésus-Christ seroit avec eux selon sa promesse ». Les voilà donc enfin obligés à reconnoître deux C'est reve- promesses de Jésus-Christ pour assister aux jugenir à la doc- mens de son Eglise. Or les Catholiques n'ont jalique. mais eu d'autre fondement pour croire l'Eglise infaillible. Ils se servent du premier passage pour montrer qu'il est toujours avec elle considérée

LXXVI.

trine catho

(1) 24. Oct. 1618.

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(2) Syn. Delph. int. Act. Dord. Sess. 26,

. (3) Matth. xxVIII. 20. — (4) Ibid. xvII. 20.

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