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connoit, non sans raison, de quelque chose de pis: certaines paroles qui lui échappoient, le faisoient croire favorable aux Sociniens; et un grand nombre de ses disciples tournés depuis de ce côté-là, ont confirmé ce soupçon.

XVIII.

Opposition

le calvinis

me. Parti des

montrans.

Il trouva un terrible adversaire en la personne de François Gomar, professeur en théologie de Gomar, dans l'académie de Leyde (*), rigoureux calvi- qui soutient niste s'il en fut jamais. Les académies se partagèrent entre ces deux professeurs: la division Remontrans s'augmenta les ministres prenoient parti: Ar- et Contre-reminius vit des Eglises entières dans le sien sa mort ne termina pas la querelle; et les esprits s'échauffèrent tellement de part et d'autre sous le nom de Remontrans et Contre-remontrans, c'étoit à dire d'Arminiens et de Gomaristes, que les Provinces-Unies se voyoient à la veille d'une guerre civile.

XIX.

Le prince d'Orange appuie le der

Le prince d'Orange Maurice eut ses raisons pour soutenir les Gomaristes. On croyoit Barneveld, son ennemi, favorable aux Arminiens; et la raison qu'on en eut, c'est qu'il proposa une tolérance mutuelle, et qu'on imposât silence aux l'autre. uns et aux autres (1).

C'étoit en effet ce que souhaitoient les Remon

(*) Les deux premières éditions in-4.o et in-12 portoient dans l'académie de Groningue. Bossuet dans ses Remarques sur quelques ouvrages, imprimées à la fin du sixième Avertissement aux Protestans, a corrigé Leyde, au lieu de Groningue, et ajoute: Il ne fut à Groningue qu'après la mort d'Arminius. (Note de Lequeux. )

(1) Act. Syn. Dordr. edit. Dordr. 1620, præf. ad Ecc. ante Synod. Dordr.

nier parti, et

Barneveld

XX.
Les Remon-

Convocation

trans. Un parti naissant, et foible encore, ne demande que du temps pour s'affermir. Mais les ministres, parmi lesquels Gomar prévaloit, vou. loient vaincre, et le prince d'Orange étoit trop habile pour laisser fortifier un parti qu'il croyoit autant opposé à sa grandeur qu'aux maximes primitives de la Réforme.

Les synodes provinciaux n'avoient fait qu'aitrans ou Ar- grir le mal en condamnant les Remontrans. Il en miniens con- fallut enfin venir à un plus grand remède. Ainsi damnés dans les Etats-Généraux convoquèrent un synode nales synodes provinciaux. tional, où ils invitèrent tous ceux de leur religion en quelque pays qu'ils fussent. A cette invitation, du synode de Dordrect. l'Angleterre, l'Ecosse, le Palatinat, la Hesse, les Suisses, les républiques de Genève, de Brême, d'Embden, et en un mot tout le corps de la Réforme qui n'étoit pas uni aux Luthériens, députèrent, à la réserve des Français, qui en furent empêchés par des raisons d'Etat et de tous ces députés joints à ceux de toutes les ProvincesUnies, fut composé ce fameux synode de Dordrect, dont il nous faut maintenant expliquer la doctrine et la procédure.

XXI.

Ouverture du synode. 1618.

XXII.

L'ouverture de cette assemblée se fit le 14 novembre 1618, par un sermon de Baltasar Lydius, ministre de Dordrect. Les premières séances furent employées à régler diverses choses de discipline, ou de procédure; et ce ne fut proprement que le 13 décembre, dans la trente-unième séance, que l'on commença à parler de la doctrine.

Pour entendre de quelle maniere on y proLa dispute céda, il faut savoir qu'après beaucoup de livres

réduite à

et

Déclaration

et de conférences, la dispute s'étoit enfin réduite cinq chefs. à cinq chefs. Le premier regardoit la prédesti- des Remonnation; le second, l'universalité de la rédem- trans en géption; le troisième et le quatrième qu'on traitoit néral sur les toujours ensemble, regardoient la corruption de l'homme, et la conversion; le cinquième, regardoit la persévérance.

Sur ces cinq chefs les Remontrans avoient déclaré en général en plein synode par la bouche de Simon Episcopius, professeur en théologie à Leyde, qui paroît toujours à leur tête, que des hommes de grand nom et de grande réputation dans la Réforme avoient établi des choses qui ne convenoient ni avec la sagesse de Dieu, ni avec sa bonté et sa justice, ni avec l'amour que JésusChrist avoit pour les hommes, ni avec sa satisfaction et ses mérites, ni avec la sainteté de la prédication et du ministère, ni avec l'usage des sacremens, ni enfin avec les devoirs du chrétien. Ces grands hommes qu'ils vouloient taxer, étoient les auteurs de la Réforme, Calvin, Bèze, Zanchius, et les autres qu'on ne leur permettoit pas de nommer, mais qu'ils n'avoient pas épargnés dans leurs écrits. Après cette déclaration générale de leur sentiment, ils s'expliquèrent en particulier sur les cinq articles (1), et leur déclaration attaquoit principalement la certitude du salut, et l'inamissibilité de la justice dogmes par lesquels ils prétendoient qu'on avoit ruiné la piété dans la Réforme, et déshonoré un si beau

(1) Sess. 31, p. 112.

BOSSUET. XX.

23

cinq chefs.

XXIII.

toit la décla

ration des

chef particu

tion.

nom. Je rapporterai la substance de cette déclaration des Remontrans, afin qu'on entende mieux ce qui fit la principale matière de la délibération, et ensuite des décisions du synode.

» seuls

>>

Sur la prédestination, ils disoient (1) « qu'il ne Ce que por falloit reconnoître en Dieu aucun décret absolu, >> par lequel il eût résolu de donner Jésus-Christ Remontrans » aux élus seuls, ni de leur donner non plus à eux sur chaque par une vocation efficace, la foi, la justilier. Sur la »fication, la persévérance, et la gloire; mais prédestinaqu'il avoit ordonné Jésus-Christ rédempteur > commun de tout le monde, et résolu par ce » décret de justifier et sauver tous ceux qui croi>> roient en lui, et en même temps leur donner à » tous les moyens suffisans pour être sauvés; que » personne ne périssoit pour n'avoir point ces >> moyens, mais pour en avoir abusé; que l'élec» tion absolue et précise des particuliers se faisoit » en vue de leur foi et de leur persévérance fu»ture, et qu'il n'y avoit d'élection que condi»tionnelle; que la réprobation se faisoit de même » en vue de l'infidélité et de la persévérance dans » un si grand mal ».

XXIV.

des Remon

Ils ajoutoient deux points dignes d'une partiDoctrine culière considération : l'un, que tous les enfans trans sur le des fidèles étoient sanctifiés, et qu'aucun de ces baptême des enfans qui mouroient devant l'usage de la raison n'étoit damné l'autre, qu'à plus forte raison loient con- aucun de ces enfans qui mouroient après le Baptême avant l'usage de la raison, ne l'étoit non plus (2).

enfans, et ce

qu'ils en vou

clure.

(1) Sess. 31, p. 112. — (2) Art. 9, 10. Ibid.

En disant que tous les enfans des fidèles étoient sanctifiés, ils ne faisoient que répéter ce que nous avons vu plus clairement dans les Confessions de foi calviniennes ; et s'ils étoient sanctifiés, il étoit évident qu'ils ne pouvoient être damnés en cet état. Mais après ce premier article, le second sembloit inutile; et si ces enfans étoient assurés de leur salut avant le Baptême, ils l'étoient beaucoup plus après. Ce fut donc avec un dessein particulier qu'on mit ce second article; et les Remontrans vouloient noter l'inconstance des Calvinistes, qui d'un côté, pour sauver le Baptême donné à tous ces enfans, disoient qu'ils étoient tous saints et nés dans l'alliance, de laquelle par conséquent on ne leur pouvoit refuser le signal: et qui, pour sauver de l'autre côté la doctrine de l'inamissibilité de la justice, disoient que le Baptême donné aux enfans n'avoit son effet que dans les seuls prédestinés; en sorte que les baptisés qui vivoient mal dans la suite n'avoient jamais été saints, pas même avec le Baptême qu'ils avoient reçu dans leur enfance.

:

Remarquez, je vous en conjure, lecteur judicieux, cette importante difficulté elle porte coup pour décider sur l'inamissibilité; et il sera curieux de voir ce que dira ici le synode.

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XXV.

des Remontrans sur l'u

A l'égard du second chef, qui regarde l'universalité de la rédemption, les Remontrans di- Déclaration soient que « le prix payé par le Fils de Dieu » n'étoit pas seulement suffisant à tous, mais ac>>tuellement offert pour tous et un chacun des >> hommes; qu'aucun n'étoit exclus du fruit de la

niversalité de

la Rédemp

tion.

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