primoit ces choses qu'il avoit méditées long-temps auparavant, il apprit les merveilles de ce roi pieux, heureux, et victorieux, que Dieu envoyoit du Nord pour défendre sa cause (1) : c'étoit, en un mot, le grand Gustave. Mède ne peut plus douter que sa conjecture ne soit une inspiration? et il adresse à ce grand roi le même cantique que David adressoit au Messie: Mettez votre épée, ó grand Roi; combattez pour la vérité et pour la justice, et régnez (2). Mais il n'en fut rien; et avec sa prophétie Mède a publié sa honte. XXXIX. Ridicule Il y a encore un bel endroit, où, pendant que Mède contemple la ruine de l'empire Turc, son pensée sur le disciple y voit au contraire les victoires de cet Turc. empire. L'Euphrate, dans l'Apocalypse, c'est à Mède l'empire des Turcs; et l'Euphrate mis à sec dans l'épanchement de la sixième fiole c'est l'empire Turc détruit (3). Il n'y entend rien: M. Jurieu nous fait voir que l'Euphrate c'est l'Archipel et le Bosphore, que les Turcs passèrent en 1390 pour se rendre maîtres de la Grèce et de Constantinople (4). Bien plus, « il y a beaucoup d'apparence que les conquêtes des Turcs sont » poussées si loin, pour leur donner le moyen de » servir avec les Protestans au grand œuvre de » Dieu (5) », c'est-à-dire à la ruine de l'Empire papal car, encore que les Turcs n'aient jamais été si bas qu'ils sont, c'est cela même qui fait croire à notre auteur qu'ils se relèveront bientôt. (1) Comm. Ap. p. 529. — (3) Ps. XLIV. (3) Apoc. XVI. 12. Ibid. ad Ph. 6, p. 529. — (4) Acc. 11. part. ch. vu, p. 99. · (5) Ibid. 101. XL. Pourquoi on souffre ces absurdités dans le parti. « Je regarde, dit-il, cette année 1685 comme ». critique en cette affaire. Dieu y a abaissé les » Réformés et les Turcs en même temps POUR LES » RELEVER EN MÊME TEMPS, et les faire être les >> instrumens de sa vengeance contre l'Empire papal Qui n'admireroit cette relation du turcisme avec la Réforme, et cette commune destinée de l'un et de l'autre? Si les Turcs se relèvent; pendant que le reste des chrétiens s'affligera de leurs victoires, les Réformés alors leveront la tête, et croiront voir approcher le temps de leur délivrance. On ne savoit pas encore ce nouvel avantage de la Réforme, de devoir croître et décroître avec les Turcs. Notre auteur luimême étoit demeuré court en cet endroit quand il composoit ses Préjugés légitimes; et il n'avoit rien entendu dans les plaies des deux dernières fioles où ce mystère étoit renfermé: mais enfin, après avoir frappé deux fois, quatre, cinq et six fois, avec une attention religieuse, la porte s'est ouverte (1), et il a vu ce grand secret. On me dira que parmi les Protestans les habiles gens se moquent, aussi bien que nous, de ces rêveries. Mais cependant on les laisse courir, parce qu'on les croit nécessaires pour amuser un peuple crédule. Ç'a été principalement par ces visions qu'on a excité la haine contre l'Eglise romaine, et qu'on a nourri l'espérance de la voir bientôt détruite. On en revient à cet artifice; et le peuple, trompé cent fois, ne laisse pas de prêter l'oreille, comme les Juifs livrés à l'esprit Acc. II. part. ch. vn, p. 94. d'erreur faisoient autrefois aux faux prophètes. Les exemples ne servent de rien pour désabuser le peuple prévenu. On crut voir dans les prophéties de Luther la mort de la papauté si prochaine, qu'il n'y avoit aucun Protestant qui n'espérât d'assister à ses funérailles. Il a bien fallu prolonger le temps mais on a toujours conservé le même esprit; et la Réforme n'a jamais cessé d'être le jouet de ces prophètes de mensonge, qui prophétisent les illusions de leur cœur. par Dieu me garde de perdre le temps à parler ici d'un Cotterus, d'un Drabicius, d'une Christine, d'un Coménius, et de tous ces autres visionnaires dont notre ministre nous vante les prédictions, et reconnoît les erreurs (1)! Il n'est pas jusqu'au savant Usser qui n'ait voulu, à ce qu'on prétend, faire le prophète. Mais le même ministre demeure d'accord qu'il s'est trompé comme les autres. Ils ont tous été démentis l'expérience; et on y trouve, dit le ministre (2), tant de choses qui achoppent, qu'on ne sauroit affermir son cœur là-dessus. Cependant il ne laisse pas de les regarder comme des prophètes et de grands prophètes, des Ezéchiels, des Jérémies. Il trouve « dans leurs visions tant de ma» jesté et tant de noblesse, que celles des anciens prophètes n'en ont pas davantage; et une suite » de miracles aussi grands qu'il en soit arrivé depuis les apôtres ». Ainsi le premier homme de la Réforme se laisse encore éblouir par ces (1) Avis à tous les Ch. au comm. p. 5, 6, 7.- (2) Acc. des proph. II part. p. 174. XLI. Les pro phètes du parti sont des trompeurs, Aveu du mi nistre Jurieu. XLII. faux prophètes, après que l'événement les a con- : Les interprètes de la Réforme ne valent pas Les inter- mieux que ses prophètes. L'Apocalypse et les prètes ne va (1) Jer. xxvii. 7 et seq. mieux. autres prophéties ont toujours été le sujet sur lent pas Il : XLIII. Ce que les ministres ont touchant J'ai honte de discourir si long-temps sur des visions plus creuses que celles des malades. Mais je ne dois pas oublier ce qu'il y a de plus impor- trouvé dans tant dans ce vain mystère des Protestans. Selon l'Apocalypse l'idée qu'ils nous donnent de l'Apocalypse, rien leurs Réforne devroit y être marqué plus clairement que la mateurs. Réforme elle-même avec ses auteurs, qui étoient venus pour détruire l'empire de la bête; et surtout elle devroit être marquée dans l'épanche (1) Jur acc. des Proph. I. part. p. 71. II. part. p. 183. |