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spécifier quelle obéissance; de sorte que Piscator n'avoit point de peine à se défendre de la Confession de foi. Mais puisqu'on veut qu'il ait innové, au préjudice de la Confession des Prétendus Réformés de ce royaume, qui avoit été souscrite par ceux des Pays-bas, j'y consens.

XXIX.

Seconde condamna

ion de la doctrine de

Piscator au

synode de la

1607.

On écrivit à Piscator de la part du synode, ainsi qu'il avoit été résolu; et sa réponse modeste, mais ferme dans son sentiment, fut lue au synode de la Rochelle en l'année 1607. Après cette lecture on fit ce décret : « Sur les lettres du docteur >> Jean Piscator, professeur en l'académie de Her- Rochelle. » borne, responsives à celle du synode de Gap, » pour raison de sa doctrine, où il établit la jus>> tification par la seule obéissance de Christ en » sa mort et passion, imputée à justice aux croyans, » et non par l'obéissance de sa vie : La compa» gnie N'APPROUVANT la division des causes si con» jointes, a déclaré que toute l'obéissance de » Christ en sa vie et en sa mort nous est imputée » pour l'entière rémission de nos péchés, COMME » n'étant qu'une seule et mÊME OBÉISSANCE ». Sur ces dernières paroles, je demanderois volontiers à nos Réformés, pourquoi ils requièrent, Remarque importante: pour nous mériter la rémission des péchés, non- Que la docseulement l'obéissance de la mort, mais encore trine desCalcelle de toute la vie de notre Seigneur? Est-ce que tre Piscator le mérite de Jésus-Christ mourant n'est pas infini, résout les difet dès-là plus que suffisant à notre salut? Ils ne le ficultés qu'ils diront pas; et il faudra donc qu'ils disent que ce le sacrificede qu'on requiert comme nécessaire après un mérite l'Eucharisinfini n'en ôte ni l'infinité, ni la suffisance: mais

XXX.

vinistes con

nous font sur

tie.

XXXI. Troisième décision. Formulaire et souscri

ption ordon

née contre

en même temps il s'ensuit que considérer JésusChrist comme continuant son intercession par sa présence non-seulement dans le ciel, mais encore sur nos autels dans le sacrifice de l'Eucharistie, ce n'est rien ôter à l'infinité de la propitiation faite à la croix : c'est seulement, comme parle le synode de la Rochelle, ne vouloir pas diviser des choses conjointes, et regarder tout ce qu'a fait Jésus-Christ dans sa vie, tout ce qu'il a fait dans sa mort, et tout ce qu'il fait encore, soit dans le ciel où il se présente pour nous à son Père, soit sur nos autels où il est présent d'une autre sorte, comme la continuation d'une même intercession et d'une même obéissance, qu'il a commencée dans sa vie, qu'il a consommée dans sa mort, et qu'il ne cesse de renouveler et dans le ciel et dans les mystères, pour nous en faire une vive et perpétuelle application.

La doctrine de Piscator eut ses partisans. On ne trouvoit rien contre lui dans les articles xvIII, xx et xxii de la Confession de foi. En effet, on abandonna les deux derniers, pour s'arrêter au xvi qui ne disoit pas davantage, comme on a Piscatordans vu; et afin de pousser à bout Piscator et sa docle synode de Privas. trine, on en vint dans le synode national de Privas, jusqu'à obliger tous les pasteurs à souscrire expressément contre Piscator, en ces termes : « Je soussigné N....... sur le contenu en l'article » xvш de la Confession de foi des Eglises réfor» mées, touchant notre justification, déclare et » proteste que JE L'ENTENDS SELon le sens reçu EN » NOS ÉGLISES, APPROUVÉ PAR LES SYNODES NATIO

1612.

» NAUX, ET CONFORME A LA PAROLE DE DIEU : qui » est que notre Seigneur Jésus-Christ a été sujet » à la loi morale et cérémoniale, non-seulement » pour notre bien, mais en notre place; et que » toute l'obéissance qu'il a rendue à la loi nous » est imputée; et que notre justification consiste » non- seulement en la rémission des péchés, » mais en l'imputation de la justice active; et » M'ASSUJETTISSANT A LA PAROLE DE DIEU, je crois » que le Fils de l'homme est venu pour servir, et » non pour étre servi, et qu'il a servi pour ce » qu'il est venu; PROMETTANT de ne me déparTIR » JAMAIS DE LA doctrine reçue en nos EGLISES, ET » DE M'ASSUJETTIR AUX RÉGLEMENS DES SYNODES NA»TIONAUX sur ce sujet ».

XXXII. L'Ecriture

mal alléguée,

et toute la

A quoi sert à la justice imputée que Jésus-Christ soit venu pour servir, et non pour étre servi; et ce que fait ce passage venu tout-à-coup sans liaison au milieu de ce décret, le devine qui pourra. doctrine mal Je ne vois pas aussi à quoi nous sert l'imputation entendue. de la loi cérémoniale, qui n'a jamais été faite pour nous; ni pour quelle raison il a fallu que Jésus-Christ y fút sujet non-seulement pour notre bien, mais en notre place. Je comprends bien comment Jésus-Christ, ayant dissipé par sa mort les ombres et les figures de la loi, nous a laissés libres de la servitude des lois cérémonielles, qui n'étoient qu'ombres et figures: mais qu'il ait fallu pour cela qu'il y ait été sujet en notre place, la conséquence en seroit pernicieuse : et on concluroit de même qu'il nous a aussi déchargés de la loi morale en l'accomplissant. Tout cela montre

XXXIII.

Tonneins.

1614.

le peu

de justesse de nos Réformés, plus soigneux d'étaler de l'érudition, et de jeter en l'air de grands mots, que de parler avec précision dans leurs décrets.

Je ne sais pourquoi l'affaire de Piscator tenoit Quatrième si extraordinairement au cœur à nos Réformés de décision contre Piscator France, ni pourquoi le synode de Privas en étoit au synode de venu aux dernières précautions, en ordonnant la souscription que nous avons vue. Il falloit du moins s'en tenir là. Un formulaire de foi qu'on fait souscrire à tous les pasteurs doit expliquer la matière pleinement et précisément. Néanmoins, après cette souscription et tous les décrets précédens, on eut besoin de faire encore une nouvelle déclaration au synode de Tonneins en 1614. Quatre grands décrets coup sur coup et en termes si différens, sur un article particulier, et dans une matière si bornée, c'est assurément beaucoup mais dans la nouvelle Réforme on trouve toujours quelque chose qu'il faut ajouter ou diminuer; et jamais on n'y explique la foi si sincèrement, ni avec une si pleine suffisance, qu'on s'en tienne précisément aux premières décisions. Pour achever cette affaire, je ferai une courte réflexion sur le fond de la doctrine, et quelques autres réflexions sur la procédure.'

XXXIV.

Impiété de la justice imputative,

comme elle

Sur le fond, j'entends bien que la mort de est proposée Jésus-Christ, et le paiement qu'il a fait pour

par ces synodes.

nous à la justice divine de la peine dont nous étions redevables envers elle, nous est imputé comme on impute à un débiteur le paiement que sa caution fait à sa décharge. Mais que la justice

parfaite accomplie par notre Seigneur dans sa vie et dans sa mort, et l'obéissance absolue qu'il a rendue à la loi nous soit imputée, ou, comme on parle, allouée dans le même sens que le paiement de la caution est imputé au débiteur; c'est dire que par sa justice il nous décharge de l'obligation d'être gens de bien, comme par son supplice il nous décharge de l'obligation de subir celui que nos péchés avoient mérité.

XXXV.

Netteté et simplicité de

J'entends donc et très-clairement d'une autre manière à quoi il nous sert d'avoir un Sauveur d'une sainteté infinie. Car par-là je le vois seul la doctrine digne de nous impétrer toutes les grâces néces- catholique, saires pour nous faire justes. Mais que formelle- apposée aux ment nous soyons faits justes, parce que Jésus- la doctrine Christ l'a été, et que sa justice nous soit allouée contraire. comme s'il avoit accompli la loi à notre décharge;

ni l'Ecriture ne le dit, ni aucun homme de bon sens ne le peut entendre.

Par ce moyen, en comptant pour rien la justice que nous avons intérieurement, et celle que nous pratiquons par la grâce, on nous fait tous dans le fond également justes, parce que la justice de Jésus-Christ, qu'on suppose être la seule qui nous rende justes, est infinie.

On ravit aussi aux élus de Dieu la couronne de justice, que le juste Juge réserve à chacun en particulier; puisqu'on suppose qu'ils ont tous la même justice qui est infinie : ou si enfin on avoue que cette justice infinie nous est allouée par divers degrés, suivant que nous en approchons plus ou moins par la justice particulière que la grâce met

obscuritésde

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