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dans l'ordre apostolique, étoient contraints de se mêler parmi nous pour y venir mendier ou plutôt dérober les ordres.

Au reste, Luther leur reprochoit qu'ils ne voyoient goutte non plus que Jean Hus dans la Justification, qui étoit le point principal de l'Evangile : car « ils la mettoient, poursuit-il (1), » dans la foi et dans les œuvres ensemble, ainsi qu'ont fait plusieurs Pères; et Jean Hus étoit » plongé dans cette opinion ». Il a raison : car nj les Pères, ni Jean Hus, ni Viclef son maître, ni les orthoxodes, ni les hérétiques, ni les Albigeois, ni les Vaudois, ni aucun autre, n'avoient songé avant lui à la justice imputative. C'est pourquoi il méprisoit les Frères de Bohême, «< comme des gens sérieux, rigides, d'un regard » farouche, qui se martyrisoient avec la loi et » les œuvres, et qui n'avoient pas la conscience » joyeuse (2) ». C'est ainsi que Luther traitoit les plus réguliers à l'extérieur de tous les Réformateurs schismatiques, et les seuls restes de la vraie Eglise, à ce qu'on disoit. Il fut bientôt satisfait les Frères outrèrent la justification luthérienne, jusqu'à donner aveuglément dans les excès des Calvinistes, et même dans ceux dont les Calvinistes d'aujourd'hui tâchent de se défendre. Les Luthériens vouloient que nous fussions justifiés sans y coopérer, et sans y avoir part. Les Frères ajoutèrent que c'étoit même « sans le savoir et » sans le sentir, comme un embryon est vivifié

(1) Luth. coll. p. 286; edit. Franc. an. 1676 - (2) Ibid.

CLXXIX.

Reproches que leur fait Luther.

CLXXX.

trine sur les

mens.

:

» dans le ventre de sa mère (1) ». Après qu'on étoit régénéré, Dieu commençoit à se faire sentir et si Luther vouloit qu'on connût avec certitude sa justification, les Frères vouloient encore qu'on fût entièrement et indubitablement assuré de sa persévérance et de son salut. Ils poussèrent l'imputation de la justice jusqu'à dire que les péchés, quelque énormes qu'ils fussent, étoient véniels, pourvu qu'on les commît avec répugnance (2); et que c'étoit de ces péchés que saint Paul disoit, qu'il n'y avoit point de damnation pour ceux qui étoient en Jésus-Christ (3).

Les Frères avoient comme nous sept sacremens Leur doc- dans la Confession de 1504, présentée au roi Lasept Sacre- dislas. Ils les prouvoient par les Ecritures, et ils les reconnoissoient établis pour l'accomplissement des promesses que Dieu avoit faites aux fidèles (4). Il falloit qu'ils conservassent encore cette doctrine des sept Sacremens du temps de Luther, puisqu'il le trouva mauvais. La Confession de foi fut réformée, et les sacremens réduits à deux, le Baptême et la Cène, comme Luther l'avoit prescrit. L'absolution fut reconnue, mais hors du rang des sacremens (5). En 1504 on parloit de la confession des péchés comme d'une chose d'obligation. Cette obligation ne paroît plus si précise dans la Confession réformée, et on y dit seule

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(1) Apol. part. IV, ap. Lyd. t. 11, p. 244, 248. (2) Ibid. 11. part. p. 172, 173. IV. part. p. 282. Ibid. part. II. p. 168.(3) Rom. vi. I. — • (4) Conf. fid. ap. Lyd. t. 11, p. 8 et seq. citat. in Apol. 1531, ap. eumd. Lyd. 296, t. 11, Ien. Germ. liv. do Vador. p. 229, 230 —(5) Ibid. art. 11, 12, 13.

ment << qu'il faut demander au prêtre l'absolu>>tion de ses péchés par les clefs de l'Eglise, et » en obtenir la rémission par ce ministère établi >> de Jésus-Christ pour cette fin (1) ».

Pour la présence réelle, les défenseurs du sens littéral et les défenseurs du sens figuré ont également tâché de tirer à leur avantage les Confessions de foi des Bohémiens. Pour moi, à qui la chose est indifférente, je rapporterai seulement leurs paroles; et voici d'abord ce qu'ils écrivirent à Roquesane, comme ils le rapportent eux-mêmes dans leur Apologie (2). « Nous croyons qu'on >> reçoit le corps et le sang de notre Seigneur » sous les espèces du pain et du vin ». Et un peu après « Nous ne sommes pas de ceux qui en>> tendent mal les paroles de notre Seigneur, di>> sent qu'il a donné le pain consacré en mémoire » de son corps, qu'il montroit avec le doigt, en di»sant: Ceci est mon corps. D'autres disent que ce

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CLXXXI.

Sur la pré

sence réelle.

pain est le corps de notre Seigneur qui est dans » le ciel, mais en signification. Toutes ces expli»cations nous paroissent éloignées de l'intention » de Jésus-Christ, et nous déplaisent beaucoup Dans leur Confession de foi de 1504, ils par- CLXXXII. lent ainsi (3): Toutes les fois « qu'un digne prêtre » avec un peuple fidèle prononce ces paroles: » Ceci est mon corps, ceci est mon sang, le pain » présent est le corps de Jésus-Christ qui a été

(1) Ibid. art. 5, 14. Prof. fid. ad Lad. cap. de poenit. laps. ap. Lyd. t. 11, p. 15. (2) Apol. 1532, IV. part. ap. Lyd. 295. — (3) Prof. fid. ad Lad. cap. de Euch. ap. Lyd. t. 1, p. 10, citat. Apol. IV. part. Ibid. 296.

Suite.

CLXXXIII.
Ils font dé-

pendre le sa

mérite du ministre.

>> offert pour nous à la mort, et le vin est le sang

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répandu pour nous; et ce corps et ce sang sont » présens sous les espèces du pain et du vin en » mémoire de sa mort ». Et pour montrer la fermeté de leur foi, ils ajoutent qu'ils en croiroient autant d'une pierre, si Jésus-Christ avoit dit que ce fût son corps (1).

On voit ici le même langage dont se servent les Catholiques on voit le corps et le sang sous crement du les espèces incontinent après les paroles; et on les y voit non point en figure, mais en vérité. Ce qu'ils ont de particulier, c'est qu'ils veulent que ces paroles soient prononcées par un digne prêtre. Voilà ce qu'ils ajoutoient à la doctrine catholique. Pour accomplir l'œuvre de Dieu dans le pain de l'Eucharistie, la parole de Jésus-Christ ne suffisoit pas, et le mérite du ministre étoit nécessaire : c'est ce qu'ils avoient appris de Jean Viclef et de Jean Hus.

CLXXXIV.

pression de la réalité.

Ils répètent la même chose dans un autre enForte ex- droit: « Lors, disent-ils (2), qu'un digne prêtre prie avec son peuple fidèle, et dit : Ceci est » mon corps, ceci est mon sang; aussitôt le pain » présent est le même corps qui a été livré à » la mort, et le vin présent est son sang, qui a » été répandu pour notre rédemption ». On voit donc qu'ils ne changent rien sur la présence réelle dans la doctrine catholique : au contraire, ils semblent choisir les termes les plus forts pour l'établir, en disant « qu'incontinent après les

(1) Prof. fid. ad Lad. cap. de Euch. ap. Lyd. t. 1, p. 12. — (2) Apol. ad Lad. ibid. 42.

» paroles le pain est le vrai corps de Jésus-Christ, » le même qui est né de la Vierge et qui devoit » être livré à la croix; et le vin son vrai sang » naturel, le même qui devoit être répandu pour » nos péchés (1) »; et tout cela, « sans délai, » et au moment même, et d'une présence très» réelle et très - véritable (2) », præsentissimè, comme ils parlent. Et le sens figuratif leur parut, disent-ils, si odieux dans un de leurs synodes, qu'un des leurs nommé Jean Czizco, qui avoit osé le soutenir, fut chassé de leur communion (3). Ils ajoutent qu'ils ont publié divers écrits contre cette présence en signe, et que ceux qui la défendent les tiennent pour leurs adversaires; qu'ils les appellent des papistes, des Antechrists et des Idolâtres (4).

La même chose ap

C'est encore une autre preuve de leur senti- CLXXXV. ment de dire que Jésus-Christ est présent dans le pain et dans le vin par son corps et par son sang: puyée. autrement, continuent-ils (5), « ni ceux qui sont » dignes ne recevroient que du pain et du vin, ni >> ceux qui sont indignes ne seroient coupables du » corps et du sang, ne pouvant être coupables » de ce qui n'y est pas ». D'où il s'ensuit qu'ils y sont, non-seulement pour les dignes, mais encore pour les indignes.

La manière dont ils refu

Il est vrai qu'ils ne veulent pas qu'on adore Jé- CLXXXV. sus-Christ dans l'Eucharistie pour deux raisons: l'une, qu'il ne l'a pas commandé; l'autre, qu'il sent l'adora

(1) Prof. fid. ad Ladisl. ibid. p. 27, Apol. 66, etc. (2) Ibid. Apol. 132, 1. part. 290, --i (3) Ibid. p. 298.— (4) Ibid. p. 294, 299.-(5) Ibid. 309.

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