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qui les blâme tant, ne feint pas de dire, « qu'ils » vivoient justement devant les hommes; qu'ils » croyoient de Dieu ce qu'il en faut croire, et » tout ce qui étoit contenu dans le symbole (1) qu'ils étoient réglés dans leurs mœurs, modestes dans leurs habits, justes dans leur négoce, chastes dans leurs mariages, abstinens dans leur manger, et le reste qu'on sait assez. Nous aurons un mot à dire sur ce témoignage de Renier mais en attendant nous voyons qu'il flatte, pour ainsi dire, plutôt les Vaudois que de les calomnier; et ainsi on ne peut douter que ce qu'il dit de ces hérétiques ne soit véritable. Et quand on voudroit supposer avec les ministres, que les auteurs catholiques, poussés de la haine qu'ils avoient contre eux les auroient chargés de calomnies, c'est une nouvelle preuve de ce que nous venons de dire de leur croyance : puisqu'enfin si les Vaudois s'étoient opposés à la transsubstantiation et à l'adoration de l'Eucharistie dans un temps où nos adversaires conviennent qu'elle étoit si établie parmi nous, les Catholiques, qu'on nous représente si portés à les charger de faux crimes, n'auroient pas manqué à leur en reprocher de si véritables.

CXIV. Division de

la doctrine

Maintenant donc que nous connoissons toute la doctrine des Vaudois, nous la pouvons diviser en trois sortes d'articles. Il y en que nous dé- des Vaudois testons avec les Protestans il y en a que nous approuvons, et que les Protestans rejettent: il y en a qu'ils approuvent, et que nous rejetons.

:

(1) Ren. ibid. c. 4. p. 749. c. 7, p. 765.

en trois
chefs.

CXV.

Doctrine

Les articles que nous détestons en commun,

c'est premièrement cette doctrine si injurieuse que les Protestans re- aux sacremens, qui en fait dépendre la validité jettent dans de la sainteté de leurs ministres : c'est secondeles Vaudois, ment de rendre commune indifféremment l'adaussi bien que les Ca- ministration des sacremens entre les prêtres et tholiques. les laïques c'est ensuite de défendre le serment en tout cas, et par-là de condamner non-seulement l'apôtre saint Paul, mais encore Dieu même qui a juré (1) : c'est enfin de condamner les justes supplices des malfaiteurs, et d'autoriser tous les crimes par l'impunité.

CXVI.

La doctrine que les Ca

Les articles que nous approuvons, et que les Protestans rejettent, c'est celui des sept Sacretholiques ap- mens, à la réserve de l'Ordre peut-être, et à la prouvent manière que nous avons dite; et ce qui est encore dois, et que plus important, celui de la présence réelle et de les Protestans la transsubstantiation. Tant d'articles que les rejettent.

dansles Vau

CXVII.

Protestans détestent, ou avec nous, ou contre nos sentimens, dans les Vaudois, passent à la faveur de cinq ou six chefs où ces mêmes Vaudois les favorisent; et malgré leur hypocrisie et leurs erreurs ces hérétiques deviennent leurs ancêtres.

Tel étoit l'état de cette secte jusqu'au temps de Les Vaudois la nouvelle Réforme. Quoiqu'elle fit tant de bruit changent de doctrine de- depuis l'an 1517, les Vaudois, que nous avons puis Luther vus jusqu'à cette année dans tous les sentimens et Calvin.

de leurs ancêtres, ne s'en ébranlèrent pas. Enfin en 1530, après beaucoup de souffrances, où ils furent sollicités, où ils s'avisèrent d'eux-mêmes de se faire des protecteurs de ceux qu'ils enten(1) Heb. vi. 13, 16, 17, et vii. 21,

doient depuis si long-temps crier comme eux contre le Pape. Ceux qui s'étoient retirés depuis environ deux cents ans, comme le remarque Séyssel (1), dans les montagnes de Savoie et de Dauphiné, consultèrent Bucer et les Suisses leurs voisins. Avec beaucoup de louanges qu'ils en reçurent, Gilles un de leurs historiens nous apprend qu'ils reçurent aussi des avis sur trois défauts qu'on remarquoit parmi eux (2). Le premier regardoit la décision de certains points de doctrine; le second l'établissement de l'ordre de la discipline et des assemblées ecclésiastiques pour les faire plus à découvert; le troisième les invitoit à ne plus permettre à ceux qui désiroient d'être tenus pour membres de leurs Eglises «< d'assister >> aux messes, ou d'adhérer en aucune sorte aux » superstitions papales, ni de reconnoître les prêtres de l'Eglise romaine pour pasteurs, et » se servir de leur ministère ».

Il n'en faut pas davantage pour confirmer toutes les choses que nous avons dites sur l'état de ces malheureuses Eglises, qui cachoient leur foi et leur culte sous une profession contraire. Sur ces avis de Bucer et d'OEcolampade, le même Gilles raconte qu'on proposa de nouveaux articles parmi les Vaudois. Il avoue qu'il ne les rapporte pas tous, mais en voici cinq ou six de ceux qu'il rapporte, qui feront bien voir l'ancien esprit de la secte. Car afin de réformer les Vaudois à la mode des Protestans, il fallut leur faire dire (3),

(1) Seyss. f. 2. — (2) Hist. eccl. des Egl. Réf. de Pierre Gilles c. v. (3) Ibid.

CXVIII. Nouveaux dogmes proposés aux Vaudois par

les Protes

tans.

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<«<< que le chrétien peut jurer licitement; que la >> confession auriculaire n'est pas commandée de » Dieu; que le chrétien peut licitement exercer » l'office de magistrat sur les autres chrétiens; qu'il n'y a point de temps déterminé pour jeû→ »ner; que le ministre peut posséder quelque » chose en particulier pour nourrir sa famille, » sans préjudice à la communion apostolique; » que Jésus-Christ n'a ordonné que deux sacre» mens, le Baptême et la sainte Eucharistie ». On voit par-là une partie de ce qu'il falloit réformer dans les Vaudois, pour en faire des Zuingliens ou des Calvinistes, et entre autres qu'une des corrections étoit de ne mettre que deux sacremens. Il fallut bien aussi leur dire deux mots de la prédestination, dont assurément ils n'avoient guère entendu parler; et on les instruisit de ce nouveau dogme, qui étoit alors comme l'ame de la Réforme, que quiconque reconnoît le franc-arbitre, nie la prédestination. On voit, par ces mêmes articles, que dans la suite des temps les Vaudois étoient tombés dans de nouvelles erreurs; puisqu'il fallut leur apprendre « qu'on doit au jour de dimanche cesser des » œuvres terriennes, pour vaquer au service de » Dieu »; et encore, « qu'il n'est point licite au >> chrétien de se venger de son ennemi (1) ». Ces deux articles font voir la brutalité et la barbarie où ces Eglises vaudoises, qu'on veut être comme la ressource du christianisme renversé, étoient tombées lorsque les Protestans les réformèrent : (1) Gill. ibid.

et cela confirme ce qu'en dit Séyssel (1), que c'é-
toit «< une race d'hommes lâche et bestiale, qui
» à peine savent distinguer par raison s'ils sont
» des bêtes ou des hommes, mourans ou vivans ».
Tels étoient à peu près, au rapport de Gilles,
les articles de réformation qu'on proposoit aux
Vaudois pour les rapprocher des Protestans. Si
Gilles n'en a pas dit davantage, c'est ou qu'il a
craint de faire paroître trop d'opposition entre
les Vaudois et les Calvinistes, dont on tâchoit
c'est là tout ce
de faire un même corps, ou que
qu'on put alors tirer des Vaudois. Quoi qu'il en
soit, il avoue qu'on ne put convenir de cet ac-
cord (2)
« à cause que quelques Barbes esti-
» moient qu'en établissant toutes ces conclusions,
>> on déshonoroit la mémoire de ceux qui avoient
>> tant heureusement conduit ces Eglises jusqu'a-
» lors ». Ainsi on voit clairement que le dessein
des Protestans n'étoit pas de suivre les Vaudois,
mais de les faire changer, et de les réformer à
leur mode.

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CXIX.

des Vaudois

avec OEco

Durant cette négociation avec les ministres de Strasbourg et de Bâle, deux députés des Vaudois Conférence eurent une longue conférence avec OEcolampade, qu'Abraham Sculter, historien protestant, rap- lampade. porte toute entière dans ses Annales évangéliques, et déclare qu'il l'a transcrite de mot à mot (5). Un des députés commence la conversation en avouant que les ministres, du nombre desquels il étoit, « souverainement ignorans, étoient inca(3) Ann. Eccl. decad.

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(1) Seyss. f. 38. (2) Gill. ibid. c. 5. 2. ann. 1530, à pag. 294, ad 306. Heidelb.

LOR

INST

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