Obrazy na stronie
PDF
ePub

LXXX.

On n'y par

l'Eucharis

tie.

leurs défenses; et on fait voir que ces prédications séditieuses tendent à la subversion des foibles et des ignorans (1). Surtout, on prouve par l'Ecriture que les femmes, qui n'ont que le silence en partage, ne doivent pas se mêler d'enseigner (2). Enfin on montre aux Vaudois le tort qu'ils ont de rejeter la prière pour les morts qui avoit tant de fondement dans l'Ecriture, et une suite si évidente de la tradition (3): et comme ces hérétiques s'absentoient des églises pour prier entre eux en particulier dans leurs maisons, on leur fait voir qu'ils ne devoient pas abandonner la maison d'oraison, dont toute l'Ecriture et le Fils de Dieu lui-même avoit tant recommandé la sainteté (4).

Sans examiner ici qui a raison ou tort dans le point de cette querelle, on voit quel en étoit le fondement, et quels furent les points contestés; et il est plus clair que le jour, que dans ces commencemens, loin qu'il s'agît ou de la présence réelle et de la transsubstantiation, ou des sacremens, on ne parloit pas encore de la prière des saints, de leurs reliques, ou de leurs images.

LXXXI.

fait le dé

Ce fut à peu près dans ce même temps qu'AAlanus, qui lanus écrivit le livre dont il a été parlé; où, après nombrement avoir soigneusement distingué les Vaudois des audes erreurs tres hérétiques de son temps, il entreprend de n'objecte prouver, contre leur doctrine : « Qu'on ne doit rien sur l'Eu- >>> point prêcher sans mission; qu'il faut obéir aux prélats, et non-seulement aux bons, mais en

vaudoises,

charistie.

[ocr errors]

(1) Ibid. c. 4 et seq. (2) Ibid. c. 7. (3) Ibid. 8.

(4) Ibid. 9.

» core

[ocr errors]

» core aux mauvais, que leur mauvaise vie ne » leur fait pas perdre leur puissance; que c'est à » l'ordre sacré qu'il faut attribuer le pouvoir de » consacrer, et celui de lier et de délier, et non >> pas au mérite de la personne; qu'il se faut con» fesser aux prêtres, et non aux laïques; qu'il est permis de jurer en certain cas, et de punir de » mort les malfaiteurs (1) ». C'est à peu près ce qu'il oppose aux erreurs des Vaudois. S'ils avoient erré sur l'Eucharistie, Alanus ne l'auroit pas oublié; car il sait bien le reprocher aux Albigeois, contre lesquels il entreprend de prouver et la présence réelle et la transsubstantiation (2); et après avoir repris dans les Vaudois tant de choses moins importantes, il n'en auroit pas omis une si essentielle.

LXXXII.

Ni Pierre

Un peu après Alanus, et environ l'an 1209, Pierre de Vaucernai, homme assez simple, et as- de Vaucersurément très-sincère, distingue les Vaudois des nai. Albigeois par leurs propres caractères, en disant que les Vaudois étoient méchans, mais bien moins que ces autres hérétiques (3), qui admettoient les deux principes et toutes les suites de cette damnable doctrine. « Pour ne point parler, poursuit » cet auteur, de leurs autres infidélités, leur er>> reur consistoit principalement en quatre chefs : » en ce qu'ils portoient des sandales à la manière » des apôtres; en ce qu'ils disoient qu'il n'étoit permis de jurer pour quelque cause que ce fût;

[ocr errors]

r

(1) Alan. lib. 11, p. 175 et seq. · (2) Lib. 1, p. 128 et seq. (3) Pet., de Vall. Cern. hist. Albig. c. 2. Duch. Hist. Franc. t. v. p. 557.

BOSSUET. XX.

10

LXXXIII.
Les Vaudois

» et qu'il n'étoit non plus permis de faire mourir » les hommes (même pour crime;) enfin en ce » qu'ils disoient que chacun d'eux, (quoiqu'ils » fussent de purs laïques) pourvu qu'il eût des >> sandales, (c'est-à-dire, comme on a vu, la » marque de la pauvreté apostolique) pouvoit >> consacrer le corps de Jésus-Christ ». Voilà en effet les caractères particuliers qui désignent le vrai esprit des Vaudois: l'affectation de la pauvreté dans les sandales qui en étoient la marque; la simplicité et la douceur apparente, en rejetant tout serment et tout supplice; et ce qu'il y avoit de plus propre à cette secte, la croyance que les laïques, pourvu qu'ils eussent embrassé leur prétendue pauvreté apostolique, et qu'ils en portassent la marque, c'est-à-dire pourvu qu'ils fussent de leur secte, pouvoient faire les sacremens, et même le corps de Jésus-Christ. Le reste, comme leur doctrine sur les prières pour les morts, alloit avec les autres infidélités de ces hérétiques, que cet auteur ne veut pas marquer en particulier. Mais s'ils s'étoient élevés contre la présence réelle, après le bruit que cette matière avoit fait dans l'Eglise, non-seulement ce religieux ne l'auroit pas oublié, mais encore il se seroit bien gardé de dire qu'ils faisoient le corps de Jésus-Christ; ne les faisant en ce point différer d'avec les Catholiques, sinon en ce qu'ils attribuoient aux laïques le pouvoir que les Catholiques ne reconnoissent que dans les prêtres.

Il paroît donc clairement que les Vaudois en viennent de 1209, lorsque Pierre de Vaucernai écrivoit, n'a

d'Innocent

voient pas seulement songé à nier la présence mander l'apréelle ; et il leur restoit alors tant de soumission probation ou véritable ou apparente envers l'Eglise ro- III. maine, qu'encore en 1212 ils vinrent à Rome pour y obtenir du saint Siége l'approbation de leur secte. Ce fut alors que Conrad, abbé d'Ursperg les y vit, comme il le raconte lui-même (1), avec leur maître Bernard. On les reconnoît aux caractères que leur donne ce chroniqueur : c'étoit les pauvres de Lyon, ceux que Lucius III avoit mis au nombre des hérétiques, qui se rendoient remarquables par l'affectation de la pau vreté apostolique, avec leurs souliers coupés pardessus; qui dans leurs secrètes prédications et dans leurs assemblées cachées ravilissoient l'Eglise et le sacerdoce. Le Pape trouvoit étrange l'affectation qu'ils faisoient paroître dans ces souliers coupés par-dessus, et dans leurs capes semblables à celles des religieux, quoiqu'ils eussent contre la coutume une longue chevelure comme les laïques. En effet, ordinairement ces affectations bizarres couvrent quelque chose de mauvais. Mais surtout on fut offensé de la liberté que se donnoient ces nouveaux apôtres d'aller pêlemêle, hommes et femmes, à l'exemple, à ce qu'ils disoient, des femmes pieuses qui suivoient Jésus-Christ et les apôtres pour les servir : mais les temps, les personnes et les circonstances étoient bien différentes.

Ce fut, dit l'abbé d'Ursperg, pour donner à LXXXIV. l'Eglise de vrais pauvres, plus dépouillés et plus

(1) Conr. Ursper. ad an. 1212.

On commence à trai

dois comme hérétiques opiniâtres.

:

ter les Vau- soumis que ces faux pauvres de Lyon, que le Pape approuva dans la suite l'institut des frères mineurs, rassemblés sous la conduite de saint François, un modèle d'humilité, et la merveille de ce siècle et ces pauvres remplis de haine contre l'Eglise et ses ministres, malgré leur humilité trompeuse, furent rejetés par le saint Siége; de sorte qu'on les traita dans la suite comme des hérétiques opiniâtres et incorrigibles. Mais enfin ils firent semblant d'être soumis jusqu'à l'an 1212, qui étoit le quinzième d'Innocent III, et cinquante ans après leur naissance.

LXXXV.

Patience de

l'Eglise en

dois.

De là on peut juger de la patience de l'Eglise envers ces hérétiques; puisqu'on voit cinquante vers les Vau- ans durant qu'on n'exerce contre eux aucune rigueur, mais qu'on tâche de les ramener par des conférences. Outre celle que Bernard abbé de Fontcald nous a rapportée, nous en avons encore une dans Pierre de Vaucernai, environ Fan 1206, où les Vaudois furent confondus (1); et enfin en 1212 ils viennent encore à Rome, où l'on se contente seulement de rejeter leur tromperie. Trois ans après Innocent III tint le grand concile de Latran, où en condamnant les hérétiques, il note en particulier ceux qui, sous prétexte de piété, s'attribuent l'autorité de précher sans étre envoyés (2) : par où il semble avoir voulu noter principalement les Vaudois, et les faire remarquer par l'origine de leur schisme.

(1) Pet. de Vall. t. v1, p. 56. (2) Conc. Lat. IV. Can. 3. de hæret. Labb, t. x1, part. I. col. 147.

« PoprzedniaDalej »