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A l'eau du Styx. Pour un pauvre animal,

Grenouilles, à mon sens, ne raisonncient pas

XIII

mal.

LE VILLAGEOIS ET LE SERPENT.

ÉSOPE conte qu'un manaut,

Charitable autant que peu sage,
Un jour d'hiver se promenant
A l'entour de son héritage,
Aperçut un serpent sur la neige étendu,
Transi, gelé, perclus, immobile rendu,

N'ayant pas à vivre un quart d'heure.

Le villageois le prend, l'emporte en sa demeure;
Et, sans considérer quel sera le loyer
D'une action de ce mérite,

Il l'étend le long du foyer,
Le réchauffe, le ressuscite.

L'animal engourdi sent à peine le chaud,
Que l'ame lui revient avecque la colère.
Il lève un peu la tête, et puis siffle aussitôt,
Puis fait un long repli, puis tâche à faire un saut
Contre son bienfaiteur, son sauveur et son père.
Ingrat, dit le manant, voilà donc mon salaire!
Tu mourras. A ces mots, plein d'un juste courroux,
H vous prend sa cognée, il vous tranche la bête;
Il fait trois serpents de deux coups,
Un tronçon, la queue, et la tête.
L'insecte, sautillant, cherche à se réunir;
Mais il ne put y parvenir.

Il est bon d'être charitable:

Mais eyers qui? c'est là le peint.

Quant aux ingrats, il n'en est point
Qui ne meure enfin misérable.

XIV.

LE LION MALADE, ET LE RENARD.

DE

E par le roi des animaux,

Qui dans son autre étoit malade,
Fut fait savoir à ses vassaux
Que chaque espèce en ambassade
Envoyât gens le visiter;
Sous promesse de bien traiter
Les députés, eux et leur suite,
Foi de lion, très bien écrite :
Bon passe-port contre la dènt,
Contre la griffe tout autant.
L'édit du prince s'exécute :
De chaque espèce on lui députe.
Les renards gardant la maison,
Un d'eux en dit cette raison:

Les pas empreints sur la poussière

Par ceux qui s'en vont faire au malede leur cour, Tous, sans exception, regardent sa tanière;

Pas un ne marque de retour.

Cela nous met en méfiance.

Que sa majesté nous dispense:
Grand merci de son passe-porn

Je le crois bon : mais dans cet antré
Je vois fort bien comme l'on entre,
Et ne vois pas comme on en sort.

X V.

L'OISELEUR, L'AUTOUR, ET L'ALOUETTE.

LES injustices des pervers

Servent souvent d'excuse aux nôtres.

Telle est la loi de l'univers :

Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres,

Un manant au miroir prenoit des oisillons.
Le fantôme brillant attire une alouette:
'Aussitôt un autour, planant sur les sillons,
Descend des airs, fond et se jette

Sur celle qui chantoit, quoique près du tombeau.
Elle avoit évité la perfide machine,

Lorsque, se rencontrant sous la main de l'oiseau,
Elle sent son ongle maligne.

Pendant qu'à la plumer l'autour est occupé,
Lui-même sous les rets demeure enveloppé :
Oiseleur, laisse-moi, dit-il en son langage,
Je ne t'ai jamais fait de mal.
L'oiseleur repartit : Ce petit animak
T'en avoit-il fait davantage?

XV I.

LE CHEVAL ET L'ANE.

Ex ce monde il se faut l'un l'autre secourir:

Si ton voisin vient à mourir,

C'est sur toi que le fardeau tombe.

Un ane accompagnoit un cheval peu courtois,

Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre baudet si chargé qu'il succombe.
Il pria le cheval de l'aider quelque peu;
Autrement il mourroit devant qu'être à la ville:
La prière, dit-il, n'en est pas incivile:
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Le cheval refusa, fit une pétarade;

Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade,

Et reconnut qu'il avoit tort.

Du baudet en cette aventure
On lui fit porter la voiture,
Et la peau par-dessus encor.

XVII.

LE CHIEN QUI LÂCHE SA PROIE POUR L'OM BRE,

CHACUN

HACUN se trompe ici-bas:

On voit courir après l'ombre

Tant de fous, qu'on n'en sait pas,

La plupart du temps, le nombre;

Au chien dont parle Ésope il faut les renvoyer.

Ce chien voyant sa proie en l'eau représentée
La quitta pour l'image, et pensa se noyer:
La rivière dévint tout d'un coup agitée;
'A toute peine il regagna les bords,

Et n'eut ni l'ombre ni le corps.

LE CHARTIER EMBOURBÉ.

Le Phaeton d'une voiture à fòin

Vit son char cmbourbé. Le pauvre homme étoit lõin
De tout humain secours : c'étoit à la campagne,
Près d'un certain canton de la Basse-Bretagne
Appelé Quimper Corentin.

On sait assez que le Destin

Adresse là les gens quand il veut qu'on enrage.
Dieu nous préserve du voyage!

Pour venir au chartier embourbé dans ces lieux,
Le voilà qui déteste et jure de son mieux,
Pestant, en sa fureur extrême,

Tantôt contre les trous, puis contre ses chevaux,
Contre son char, contre lui-même.

Il invoque à la fin le dieu dont les travaux
Sont si célèbres dans le monde :
Hercule, lui dit-il, aide-moi; si ton dos
A porté la machine ronde,

Ton bras peut me tirer d'ici.

Sa prière étant faite, il entend dans la nue
Une voix qui lui parle ainsi :

Hercule veut qu'on se renue;

Puis il aide les gens. Regarde d'où provient
L'achoppement qui te retient;

Ote d'autour de chaque roue

Ce malheureux mortier, cette maudite boue
Qui jusqu'à l'essieu les enduit;

Prends ton pic, et me romps ce caillou qui te nuit;

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