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journalière, selon les lieux. Plus tard, les fidèles se refroidirent à l'égard de ce divin mystère; et nous voyons, pour les Gaules, par un canon du concile d'Agde, en 506, que beaucoup de chrétiens avaient perdu sur ce point leur ferveur première. Il y est déclaré que les laïques qui ne communieront pas à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, ne seront plus comptés pour catholiques'. Cette disposition du concile d'Agde passa en loi presque générale dans l'Eglise d'Occident. On la retrouve entre autres dans les règlements d'Egbert, archevêque d'York, et dans le troisième concile de Tours. En divers lieux cependant, on voit la communion prescrite pour les dimanches du Carême, et pour les trois derniers jours de la Semaine sainte, sans préjudice de la fête de Pâques.

Ce fut au commencement du xe siècle, au Ive concile général de Latran, en 1215, que l'Eglise, témoin de la tiédeur qui envahissait toujours plus la société, détermina avec regret que les chrétiens ne seraient strictement obligés qu'à une seule communion par an, et que cette communion aurait lieu à Pâques. Afin de faire sentir aux fidèles que cette condescendance est la dernière limite qui puisse être accordée à leur négligence, le saint concile déclare que celui qui osera enfreindre cette loi pourra être interdit de l'entrée de l'église pendant sa vie, et privé de la sépulture chrétienne après sa mort, comme s'il avait renoncé lui-même au lien extérieur de l'unité catholique 2. Ces dispositions d'un concile

1. Concil. Agath., canon xvIII.

2. Plus tard, le pape Eugène IV, dans la constitution Fide digna, donnée en l'année 1440, déclara que cette communion annuelle pouvait avoir lieu depuis le dimanche des Rameaux jusqu'au dimanche de Quasimodo inclusivement.

œcuménique montrent assez l'importance du devoir qu'elles sont destinées à sanctionner; en même temps elles nous font apprécier douloureusement le triste état d'une nation catholique au sein de laquelle des millions de chrétiens bravent chaque année les menaces de l'Eglise leur mère, en refusant de se soumettre à un devoir dont l'accomplissement serait la vie de leurs âmes, en même temps qu'il est la profession essentielle de leur foi. Et quand il faut ensuite retrancher du nombre de ceux qui ne sont pas sourds à la vcix de l'Eglise et viennent s'asseoir au festin pascal, ceux pour lesquels la pénitence quadragésimale a été comme si elle n'existait pas, on se livrerait à la crainte et à l'inquiétude sur le sort de ce peuple, si quelques indices consolants ne venaient de temps en temps relever les espérances, et promettre à l'avenir des générations plus chrétiennes que la nôtre.

La période des cinquante jours qui séparent la fête de Pâques de celle de la Pentecôte a constamment été l'objet d'un respect tout spécial dans l'Eglise. La première semaine, consacrée plus spécialement aux mystères de la Résurrection, devait être célébrée avec une pompe spéciale; mais le reste de la cinquantaine n'a pas laissé d'avoir aussi ses honneurs. Outre l'allégresse qui plane sur toute cette partie de l'année, et dont l'Alleluia est l'expression, la tradition chrétienne assigne deux usages particuliers au temps pascal qui servent à le différencier du reste de l'année. Le premier consiste dans la défense de jeûner durant les quarante jours; c'est l'extension du précepte antique qui prohibe le jeûne au dimanche; toute cette joyeuse période devant être considérée comme un seul et unique dimanche. Les Règles religieuses

les plus austères de l'Orient et de l'Occident acceptèrent cette pratique, qui paraît remonter au temps des Apôtres. L'autre observance spéciale, et qui s'est conservée littéralement dans les Eglises de l'Orient, consiste à ne pas fléchir les genoux dans les offices divins de Pâques à la Pentecôte. Nos usages occidentaux ont modifié cette pratique, qui a régné chez nous durant des siècles. L'Eglise latine a admis depuis longtemps la génuflexion à la messe dans le temps pascal; et les seuls vestiges qu'elle ait conservés de l'ancienne discipline à ce sujet sont devenus presque imperceptibles aux fidèles qui ne sont pas familiarisés avec les rubriques intimes du service divin.

Le Temps pascal est donc tout entier comme un seul jour de fête ; c'est ce qu'attestait Tertullien dès le Ie siècle, lorsque, reprochant à certains chrétiens sensuels le regret qu'ils éprouvaient d'avoir renoncé par leur baptême à tant de fêtes qui décoraient l'année païenne, il leur disait : « Si vous aimez les fêtes, vous en trouvez chez nous : non pas des fêtes d'un jour, mais de plusieurs. Chez les païens, la fête est une fois célébrée pour l'année ; pour vous maintenant, autant de huitième jour, autant de fêtes. Additionnez toutes les solennités des gentils, vous n'arriverez pas à notre cinquantaine de la Pentecôte 1. » Saint Ambroise, écrivant pour les fidèles sur le même sujet, fait cette remarque « Si les Juifs, non contents de leur sabbat hebdomadaire, célèbrent un autre sabbat qui dure toute une année, combien plus devons-nous faire pour honorer la résurrection du Seigneur ! Aussi nous ont-ils appris à célébrer les cinquante jours. de la Pentecôte comme partie intégrante de la

1. De Idololatria, cap. XIV.

Pâque. Ce sont sept semaines entières ; et la fête de la Pentecôte en commence une huitième. Durant ces cinquante jours, l'Eglise s'interdit le jeûne, comme au dimanche où le Seigneur est ressuscité; et tous ces jours sont comme un seul et même dimanche 1. »

1. In Lucam, lib. VIII, cap. xxv.

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CHAPITRE II.

MYSTIQUE DU TEMPS PASCAL.

E toutes les saisons de l'Année liturgique, le Temps pascal est, sans contredit, le plus fécond en mystères; on peut même dire que ce temps est le point culminant de toute la Mystique de la liturgie dans la période annuelle. Quiconque a le bonheur d'entrer avec plénitude d'esprit et de cœur dans l'amour et l'intelligence du mystère pascal, est parvenu au centre même de la vie surnaturelle; et c'est pour cette raison que notre Mère la sainte Eglise, s'accommodant à notre faiblesse, nous propose à nouveau chaque année cette initiation. Tout ce qui a précédé n'en était que la préparation: la pieuse attente de l'Avent, les doux épanchements du Temps de Noël, les graves et sévères pensées de la Septuagésime, la componction et la pénitence du Carême, le spectacle déchirant de la Passion, toute cette série de sentiments et de merveilles n'était que pour aboutir au terme sublime auquel nous sommes arrivés. Et afin de nous faire comprendre qu'il s'agit dans la solennité pascale du plus grand intérêt de l'homme ici-bas, Dieu a voulu que ces deux grands mystères qui n'ont qu'un même but, la Pâque et la Pentecôte, s'offrissent à l'Eglise naissante avec un passé qui comptait déjà quinze siècles période immense qui n'a pas semblé trop longue à la divine Sagesse pour préparer, au moyen des figures, les grandes réalités dont nous sommes aujourd'hui en possession

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