Obrazy na stronie
PDF
ePub

de sens. Oui. Mais encore que cela excuse ceux qui l'offrent telle, et que cela les ôte du blâme de la produire sans raison, cela n'excuse pas ceux qui, sur l'exposition qu'ils en font, refusent de la

[merged small][ocr errors]

Croyez-vous qu'il soit impossible que Dieu soit infini sans parties? Oui. Je veux donc vous faire voir une chose infinie et indivisible : c'est un point se mouvant partout d'une vitesse infinie.

Que cet effet de nature, qui vous sembloit impossible auparavant, vous fasse connoitre qu'il peut y en avoir d'autres que vous ne connoissez pas encore. Ne tirez pas cette conséquence de votre apprentissage, qu'il ne vous reste rien à savoir; mais qu'il vous reste infiniment à savoir.

IV.

La conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le cœur par sa grâce. Mais de vouloir la mettre dans le cœur et dans l'esprit par la force et par les menaces, ce n'est pas y mettre la religion, mais la terreur. Commencez par plaindre les incrédules; ils sont assez malheureux. Il ne faudroit les injurier qu'au cas que cela servit; mais cela leur nuit.

Toute la foi consiste en JESUS-CHRIST et en Adam; et toute la morale, en la concupiscence et en la grâce

[ocr errors]

Le cœur a ses raisons, que la raison ne connoit pas on le sent en mille manières. Il aime l'être universel naturellement, et soi-même naturellement, selon qu'il s'y adonne ; et il se durcit contre l'un et l'autre, à son choix. Vous avez rejeté l'un et conservé l'autre : est-ce par raison?

VI.

Le monde subsiste pour exercer miséricorde et jugement : non pas comme si les hommes y étoient sortant des mains de Dieu, mais comme des ennemis de Dieu, auxquels il donne, par sa grâce, assez de lumière pour revenir, s'ils veulent le chercher et le suivre; mais pour les punir, s'ils refusent de le chercher et de le suivre.

VII.

On a beau dire, il faut avouer que la religion chrétienne a quelque chose d'étonnant! C'est parce que vous y êtes né, dira-t-on; tant s'en faut; je me roidis contre par cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne. Mais quoique j'y sois né, je ne laisse pas de le trouver ainsi.

VIII

Il y a deux manières de persuader les vérités de notre religion; l'une par la force de la raison, l'autre par l'autorité de celui qui parle. On ne se

sert pas de la dernière, mais de la première. On ne dit pas : Il faut croire cela; car l'Écriture, qui le dit, est divine; mais on dit : Qu'il faut le croire par telle et telle raison, qui sont de foibles arguments, la raison étant flexible à tout.

les au

Ceux qui semblent les plus opposés à la gloire de la religion n'y seront pas inutiles pour tres. Nous en ferons le premier argument, qu'il y a quelque chose de surnaturel; car un aveuglement de cette sorte n'est pas une chose naturelle ; et si leur folie les rend si contraires à leur propre bien, elle servira à en garantir les autres par l'horreur d'un exemple si déplorable et d'une folie si digne de compassion.

IX.

Sans JÉSUS-CHRIST, le monde ne subsisteroit pas; car il faudroit, ou qu'il fût détruit, ou qu'il fut comme un enfer.

Le seul qui connoît la nature ne la connoîtrat-il que pour être misérable? le seul qui la connoit sera-t-il le seul malheureux?

Il ne faut pas que l'homme ne voie rien du tout il ne faut pas aussi qu'il en voie assez pour croire qu'il possede la vérité; mais qu'il en voie assez pour connoître qu'il l'a perdue; car, pour connoître ce qu'on a perdu, il faut voir et ne pas voir; et c'est précisément l'état où est la nature.

Il falloit que la veritable religion enseignât la grandeur et la misère, portât à l'estime et au mépris de soi. et à l'amour, et à la haine.

Je vois la religion chrétienne fondée sur une religion précédente, et voilà ce que je trouve d'effectif.

Je ne parle pas ici des miracles de Moïse, de JÉSUS-CHRIST et des apôtres; parce qu'ils ne paroissent pas d'abord convaincants, et que je ne veux mettre ici en évidence que tous les fondements de cette religion chrétienne qui sont indubitables, et qui ne peuvent être mis en doute par quelque personne que ce soit.

X.

La religion est une chose si grande, qu'il est juste que ceux qui ne voudroient pas prendre la peine de la chercher, si elle est obscure, en soient privés. De quoi donc se plaint-on, si elle est telle qu'on puisse la trouver en la cherchant?

L'orgueil contre-pèse et emporte toutes les misères. Voilà un étrange monstre, et un égarement bien visible de l'homme. Le voilà tombé de sa place, et il la cherche avec inquiétude.

Après la corruption, il est juste que tous ceux qui sont dans cet état le connoissent; et ceux qui s'y plaisent, et ceux qui s'y déplaisent. Mais il n'est pas juste que tous voient la rédemption.

Quand on dit que JÉSUS-CHRIST n'est pas mort pour tous, vous abusez d'un vice des hommes qui s'appliquent incontinent cette exception; ce qui favorise le désespoir, au lieu de les en détourner pour favoriser l'espérance.

XI.

Les impies, qui s'abandonnent aveuglément à leurs passions sans connoître Dieu et sans se mettre en peine de le chercher, vérifient par euxmêmes ce fondement de la foi qu'ils combattent; qui est que la nature des hommes est dans la corruption. Et les Juifs, qui combattent si opiniâtrément la religion chrétienne, vérifient encore cet autre fondement de cette même foi qu'ils attaquent; qui est que JÉSUS-CHRIST est le véritable Messie, et qu'il est venu racheter les hommes, et les retirer de la corruption et de la misère où ils étoient, tant par l'état où on les voit aujourd'hui, et qui se trouve prédit dans les prophéties, que par ces mêmes prophéties qu'ils portent, et qu'ils conservent inviolallement comme les marques auxquelles on doit reconnoître le Messie. Ainsi les preuves de la corruption des hommes et de la rédemption de Jésus-CHRIST, qui sont les deux principales vérités qu'établit le christianisme, se tirent des impies qui vivent dans l'indifférence de la religion, et des Juifs qui en sont les ennemis irréconciliables.

XII.

La dignité de l'homme consistoit, dans son innocence, à dominer sur les créatures, et à en user; mais aujourd'hui elle consiste à s'en séparer, et à s'y assujettir.

« PoprzedniaDalej »