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tant de fausses idées, et sur lesquelles ces prétendus esprits forts auroient souvent besoin d'être instruits comme des enfans, toute leur conduite se termine à n'en avoir que d'eux-mêmes ou à n'en point avoir du tout : ils ne craignent rien tant que cette direction qui leur paroît importune, parce qu'elle les mèneroit plus loin qu'ils ne souhaitent. Ils veulent, disent-ils, des confesseurs, et non des directeurs ; comme si l'un pouvoit être séparé de l'autre, et que le confesseur, pour s'acquitter de son devoir et pour assurer l'ouvrage de la grâce, ne fût pas obligé d'entrer dans le même détail que le directeur. Tout cela veut dire qu'ils veulent des confesseurs qui ne les connoissent pas, qui ne les examinent pas, qui ne les gênent pas ; des confesseurs dont ils ne reçoivent nuls avis, dont ils n'entendent nulles remontrances, à qui ils ne rendent nul compte; parce qu'ils savent bien que s'ils se mettoient entre les mains de quelque ministre zélé, ils n'auroient pas la force de lui résister en mille rencontres et sur mille sujets, où ses décisions ne s'accorderoient pas avec leurs inclinations vicieuses et leurs passions; parce qu'ils ne sont pas bien résolus de changer de vie, ou de persévérer dans celle qu'ils ont embrassée; parce qu'ils sentent bien et qu'ils ne peuvent ignorer quel seroit l'effet d'une direction ferme et sage, soit pour les confirmer dans ce qu'ils ont entrepris, soit pour

faire de nouveaux progrès dans le service de Dieu. Enfin, à considérer la confession par rapport à nous-mêmes, l'expérience nous l'apprend, et nous n'en pouvons disconvenir, que c'est un frein merveilleux pour arrêter notre cœur, et pour réprimer ses désirs criminels. Cette seule pensée, Il faudra déclarer ce péché, a je ne sais quoi de plus convaincant et de plus fort que les plus solides raisonnemens et que les plus pathétiques exhortations; surtout si la confession est fréquente, et que parlà elle ne soit jamais éloignée; car la pensée d'une confession prochaine fait alors la même impression sur nous que la pensée de la mort et du jugement de Dieu. Oui, mon cher Auditeur, se dire à soi-même, je dois demain, Je dois dans quelques jours comparoître au tribunal de la pénitence, et m'accuser sur tel ou tel article, c'est une réflexion presque aussi efficace et aussi touchante que de se dire, Je dois peut-être demain, peut-être dans quelques jours, comparoître devant le tribunal de Dieu et y être jugé. Combien cette vue a-t-elle retiré d'âmes du précipice où le penchant les entraînoit, et combien y en a-t-il encore dont elle soutient tous les jours la fragilité naturelle et l'infirmité contre les plus violentes tentations!

Mais, par une règle toute contraire, quand une fois nous avons secoué le joug de la confession que Jésus-Christ nous a imposé, il n'y a plus rien qui

nous retienne; et, livrés à nous-mêmes, en quels abîmes n'allons-nous pas nous jeter? Comme la vue de la mort ne nous effraie point lorsque nous la croyons bien éloignée, la vue d'une confession remise jusqu'à la fin d'une année ne nous inquiète guère. On dit, Il ne m'en coûtera pas plus d'en dire beaucoup que d'en dire peu. Ce péché passera bien encore avec les autres. Plus ou moins dans la même espèce, c'est à peu près la même chose. On le dit, et cependant on accumule dettes sur dettes, on ajoute offenses à offenses, on grossit ce trésor de colère qui retombera sur nous au dernier jour pour nous accabler. De là vient que les hérésies qui sc sont attaquées à la confession ont été suivies d'une si grande corruption de mœurs ; ce qui ne parut que trop dès la naissance du lutheranisme. Partout où l'usage de la confession s'abolissoit, le libertinage et la licence s'introduisoient. Cette décadence frappoit tellement les yeux et devenoit tous les jours si sensible, que les hérétiques eux-mêmes en étoient surpris. Jusque-là (vous le savez, et qui oseroit m'en démentir?) jusque-là que des villes entières, quoiqu'attachées au parti de l'erreur et infectées de son venin, s'adressèrent au prince qui les gouvernoit, pour rétablir l'ancienne discipline de la confession; reconnoissant qu'il n'y avoit plus chez elles ni bonne foi, ni probité, ni innocence, depuis que les peuples étoient déchargés de ce joug qui les rete

noit. De là vient que l'hérésie de Calvin fit d'abord de si grands progrès et trouva tant de sectateurs, parce qu'en les affranchissant de la confession elle leur donnoit une libre carrière pour se plonger impunément dans tous les excès et pour vivre au gré de leurs cœurs corrompus. De là vient qu'à mesure que l'iniquité croît dans le monde, la pratique de la confession diminue, et que l'on commence à la quitter dès que l'on commence à se dérégler.

Vous me direz qu'il se glisse bien des abus dans la confession. Je le veux; et de quoi dans le christianisme ne peut-on pas abuser et n'abuse-t-on pas en effet? mais tous les abus qu'on peut faire d'un exercice chrétien ne lui ôtent rien de son excellence et de ses avantages, puisque ce n'est pas de l'exercice même que viennent les abus, mais de nous qui le profanous. Ainsi, malgré les fautes qui se commettent dans la confession, ou qui peuvent s'y commettre, trois vérités sont toujours incontestables. La première, que d'elle-même et de son fond, c'est pour le pécheur un moyen de conversion, et de persévérance dans sa conversion: la seconde, que c'est encore pour le juste un moyen de perfection et de sanctification; et la troisième, que la conséquence qui suit naturellement de là, c'est de retenir l'usage de la confession, et cependant d'en corriger les abus. Grâces immortelles vous

soient rendues, Seigneur, Dieu de toute consolation et Père des miséricordes. Vous pouviez après notre péché nous abandonner, et par un prompt châtiment punir notre ingratitude et réparer ainsi votre gloire; votre justice le demandoit: mais votre bonté s'y est opposée, et vous a inspiré des sentimens plus favorables. Elle nous a ouvert une voie sûre, une voie courte et facile pour retourner à vous. C'est par-là que vous nous rappelez, par-là que vous venez vous-même nous chercher. Heureux si nous écoutons votre voix, si nous la suivons, si nous rentrons, comme la brebis égarée, dans votre troupeau, pour entrer un jour dans votre royaume, où nous conduise, etc.

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