que ceux-ci en qualité de souverains et de monarques, veulent avoir des princes pour officiers de leur maison, est celle pourquoi Dieu, en qualité de saint des saints, se fait un honneur de recevoir le culte qui lui est dû par des hommes sanctifiés, et qui portent dans eux un caractère de consécration. Tous les hommes, dit saint Grégoire pape, sont essentiellement sujets à l'empire de Dieu; mais tous les hommes ne sont pas pour cela consacrés à Dieu. Cette consécration est l'effet d'une grâce spéciale; et je dis que c'est la grâce propre du christianisme. Pour approfondir cette vérité, concevez bien, s'il vous plaît, trois choses dignes de toute votre réflexion, et capables de remplir vos cœurs des plus nobles sentimens de la foi. Premièrement, l'excellence de ce que j'appelle la consécration du chrétien. En second lieu, l'obligation indispensable desainteté que cette consécration impose à l'homme chrétien. Et enfin la tache particulière qui, par une malheureuse nécessité, et en conséquence de cette consécration, se répand sur tous les péchés du chrétien. Si je vous fais bien comprendre ces trois articles, il n'y a rien, mes chers Auditeurs, que je ne doive espérer de vous. Qu'est-ce que l'onction du baptême en vertu de laquelle nous sommes chrétiens? C'est, dit saint Cyprien, une consécration solennelle qui se fait de nos personnes; mais une consécration dans la quelle il semble que Dieu a pris plaisir de rassembler toutes les richesses de sa grâce pour nous la rendre plus précieuse; car le baptême, ajoute ce Père, nous consacre en je ne sais combien de manières, qui doivent toutes nous inspirer un certain respect pour nous-mêmes. Il nous consacre comme rois, il nous consacre comme prêtres, il nous consacre comme temples de Dieu, il nous consacre comme enfans de Dieu, il nous consacre comme membres de Dieu. Ah! mes chers Auditeurs, apprenons aujourd'hui ce que nous sommes, et confondons-nous si nous ne sommes pas ce que tant de motifs nous excitent à devenir. I Je dis que le baptême nous consacre comme rois et comme prêtres; ainsi l'apôtre saint Pierre le déclare-t-il, lorsque parlant aux chrétiens dans sa première épître canonique, il leur donne tout à la fois ces deux qualités en les appelant sacerdoce royal, Regale sacerdotium. Et ainsi le disciple bien-aimé, dans l'Apocalypse, fait-il consister en partie le bienfait de la rédemption en ce que Jésus-Christ, qui est le souverain rédempteur, nous a établis rois et prêtres de Dieu son Père; Et fecisti nos Deo nostro regnum et sacerdotes. En effet, comme chrétiens, nous ne sommes destinés à rien de moins qu'à régner; et ce n'est point une exagération ni une figure de dire que dans le Apoc. 5. 1. Petr. 2.- ^ 2 baptême nous sommes sacrés pour posséder un royaume, qui est le ciel; que nous y recevons l'investiture d'une couronne, qui est la couronne du ciel; et qu'en même temps que la grâce de ce sacrement nous est conférée, nous avons un droit légitime de prétendre à l'un des trônes que le Fils de Dieu nous a préparés dans le ciel. Comme chrétiens, nous sommes encore consacrés prêtres du Dieu vivant : comment cela? parce que l'onction baptismale non-seulement donne pouvoir au chrétien, mais lui impose l'obligation d'offrir à Dieu des sacrifices continuels; le sacrifice de son esprit par la foi, le sacrifice de son corps par la pénitence, le sacrifice de ses biens par l'aumône, le sacrifice de sa vengeance par la charité, le sacrifice de son ambition par l'humilité; toutes hosties, dit saint Paul, par lesquelles on se rend Dieu favorable, et sans lesquelles le christianisme n'est qu'une ombre de religion: Talibus enim hostiis promeretur Deus. Je dis plus: parce qu'en qualité de chrétiens nous pouvons offrir tous les jours le plus grand de tous les sacrifices, qui est celui du corps et du sang de Jésus-Christ. Car tout laïques, mes Frères, que vous êtes, vous offrez réellement et conjointement avec le ministre du Seigneur ce divin sacrifice et de là saint Léon conclut, que vous devez donc vous regarder comme les associés 1 Hebr. 13. I des prêtres: Agnoscant se, et regii generis, et officii sacerdotalis esse consortes. 1 Or vous ne pouvez offrir ce sacrifice avec les prêtres sans être, dans un sens, prêtres vous-mêmes. D'où il s'ensuit que le caractère de chrétien répand sur vous une partie de l'onction sacerdotale. J'ajoute qu'en vertu de ce même caractère vous êtes consacrés à Dieu comme ses temples. Rien de plus commun dans la doctrine de saint Paul. Non mes Frères, disoit ce grand apôtre, ce n'est point dans des temples bàtis par les hommes que notre Dieu fait sa demeure, mais dans ceux qu'il a bâtis lui-même; c'est-à-dire dans nous-mêmes, car vous êtes vous-mêmes les temples du Dieu tout-puissant. Or prenez garde, mes chers Auditeurs, cette qualité que nous possédons de temples de Dieu est, à parler dans la rigueur, uniquement attachée à la grâce du baptême; et toute autre grâce que celle du baptême, fût-elle aussi éminente que celle des anges, ne nous communique point cette qualité? Ecoutez la raison qu'en donne Guillaume de Paris. C'est qu'à parler dans la rigueur, nous ne sommes proprement les temples de Dieu qu'en tant que nous sommes capables de recevoir le Fils de Dieu par la participation de son corps adorable, lorsque ce Dieu de bonté et de majesté vient habiter dans nous et fait de nos cœurs autant de sanctuaires et de ta Leo. bernacles où il réside. Or par où sommes-nous capables de le recevoir ainsi cet Homme-Dieu? par le baptême. Car quand j'aurois toute la sainteté des esprits bienheureux, si je n'avois le caractère du baptême je ne pourrois me présenter à la table de JésusChrist, ni participer à son sacrement. C'est donc le baptême qui fait en nous comme la première consécration du temple de Dieu, ou plutôt c'est par le baptême et par le caractère de chrétien que le baptême nous confère, que nous devenons les temples de Dieu. Mais qu'est-ce que toutes ces qualités en comparaison des titres glorieux d'enfans de Dieu et de membres de Dieu? Car ce sont là les termes formels et les expressions de l'Écriture. C'est de nous que saint Jean a dit que tous ceux qui ont été unis à Jésus-Christ dans le baptême et par le baptême, que tous ceux qui ont cru en lui et en son saint nom, ont dès lors acquis un droit incontestable d'être appelés enfans de Dieu, comme en effet ils le sont devenus. Quotquot autem receperunt eum, dedit eis potestatem Filios Dei fieri, his qui credunt in nomine ejus. C'est aux chrétiens que saint Paul disoit : Vous êtes le corps de Jésus-Christ, vous êtes ses membres: Vos estis corpus Christi, et membra de membro. De vouloir relever ici l'excellence de tous ces dons descendus du Père céleste et com· Joan. 1. - 1. Cor. 12. |