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employer pour l'expiation de nos crimes, quand nous les avons une fois commis, il n'est point de lui-même capable de les effacer, si Dieu ne l'accepte pour cela, et s'il n'y ajoute sa grâce, qui est la grâce de la rémission. Mais la même théologie reconnoît aussi que les moyens que Dieu veut bien accepter sont dans les règles ordinaires des moyens proportionnés, et qui de leur nature ont déjà quelque vertu, pour contribuer à un effet si noble et si relevé. Voilà, Chrétiens, les deux principes sur lesquels j'établis la proposition que j'ai avancéc quand j'ai dit que la confession étoit un des remèdes les plus efficaces pour abolir le péché. Car si vous me demandez d'où elle tire cette vertu, je prétends que c'est premièrement de la volonté et du don de Dieu, secondement d'elle-même et de son propre fonds. De la volonté de Dieu, parce que Dieu l'a spécialement choisie et agréée pour cette fin; de son propre fonds, parce qu'elle a tout ce qu'il faut pour faire entrer un pécheur, avec le secours de la grâce, dans l'esprit d'une parfaite pénitence. De la volonté de Dieu, parce que Dieu semble lui avoir remis absolument le pardon du péché; de son propre fonds, parce qu'elle a des qualités merveilleuses pour convertir le pécheur et le ramener dans les voies de la justice. Deux considérations auxquelles je réduis tout ce que j'ai à vous dire dans cette première partie. Donnons à

l'une et à l'autre tout l'éclaircissement qu'elles demandent.

Oui, Chrétiens, Dieu l'a voulu, que la rémission du péché fût attachée à la confession du péché; et la loi qu'il en a faite, quoique d'abord elle paroisse une loi de justice, est tellement une loi de miséricorde, qu'elle n'a pu venir que de la miséricorde même. Car quel excès et quel prodige de bonté, que pour être absous d'un crime qui m'exposoit à une damnation éternelle et qui la méritoit, ce soit assez de m'en accuser moi-même; que Dieu se contente d'une telle déclaration, et qu'il me suffise, comme parle saint Augustin, de confesser ce que je suis pour devenir ce que je ne suis pas. Ah! mes Frères, s'écrie là-dessus Zénon de Vérone, voici un jugement bien extraordinaire et bien nouveau. Si le criminel s'excuse, il est condamné; et s'il se reconnoît coupable, il est justifié. Novum judicii genus, in quo reus, si excusaverit crimen, damnatur; absolvitur, si fatetur. ' Dans la justice des hommes, la procédure est bien différente : ils ne punissent que ce que l'on découvre ; mais dans la justice divine, il n'y a de châtiment et de punition que pour ce que l'on cache. Si vous révélez votre péché, en le révélant vous le faites disparoître à mes yeux; et si vous vous rendez votre accusateur, je cesse d'être votre juge. Ce sont les belles

Zen. Ver.

paroles que Pierre de Blois attribue à Dieu, et qu'il lui met dans la bouche, pour inviter un pécheur à cet exercice si salutaire de la confession. De là vient, reprenoit le grand évêque de Vérone dont j'ai déjà cité le témoignage, que notre confession, c'est-à-dire celle que nous faisons selon les lois du christianisme et au tribunal de la pénitence, n'est point une confession forcée, ni arrachée par la crainte ou par la violence des tourmens; mais une confession libre, volontaire, où nous nous expliquons de nous-mêmes et d'un plein gré, avec repentir, avec amour : pourquoi? parce que nous savons, dit-il, qu'elle ne nous peut être qu'avantageuse, et que si notre Dieu l'exige de nous, ce n'est point pour s'en prévaloir contre nous et à notre perte, mais pour avoir lieu de nous combler de ses faveurs les plus abondantes et les plus précieuses. De là vient, ajoute saint Chrysostôme, que nous confessons jusqu'à nos péchés les plus secrets. Prenez garde, Chrétiens, à ce passage: il est important contre nos hérétiques, et je le tire de l'homélie quinzième sur la seconde épître aux Corinthiens. Les juges de la terre, dit ce saint docteur, ne prononcent que sur les faits dont il y a conviction, et qui sont devenus publics : mais

pour nous, qui suivons d'autres maximes, et qui faisons profession d'une discipline toute sainte, nous soumettons au tribunal de l'Église jusqu'à nos

pensées. Et voici la raison qu'il en apporte : c'est que notre foi nous apprend que cette confession de nos propres pensées et de nos sentimens les plus intérieurs et les plus cachés, bien loin de nous attirer de la part de Dieu un arrêt de condannation, prévient au contraire tous les arrêts que nous aurions à craindre de sa justice, et nous en pré

serve.

Mystère, mes chers Auditeurs, que David avoit si bien compris, lorsqu'après avoir demandé à Dieu dans les termes les plus affectueux qu'il lui fit grâce, qu'il versât sur lui ses miséricordes et ses plus grandes miséricordes, qu'il le purifiât de toutes les taches du péché, Amplius lava me ab iniquitate mea, et a peccato meo munda me,' ce roi pénitent ne se servoit point d'autre motif pour l'y engager et pour le toucher en sa faveur, que de lui dire Vous voyez, Seigneur, que je reconnois mon iniquité : Quoniam iniquitatem meam ego cognosco. Quelle conséquence? Elle est très-juste, répond saint Chrysostôme; et David, parlant de la sorte, étoit parfaitement instruit des intentions de Dieu et de ses vues toutes miséricordieuses. Car c'est comme s'il lui eût dit: Il est vrai, Seigneur, cet aveu que je fais de l'offense que j'ai commise est une réparation très-légère; mais puisque vous voulez bien l'agréer et vous en contenter, j'ose . Psal. 50. — Ibid. 4.

vous l'offrir, et j'espère par-là me réconcilier avec Yous. Vous me pardonnerez, mon Dieu, parce que je confesse mon péché : Et a peccato meo munda me, quoniam iniquitatem meam ego cognosco.

Voilà comment Dieu veut qu'on traite avec lui; et cela, Chrétiens, fondé sur deux de ses divins attributs : l'un est sa grandeur, et l'autre sa bonté. Sa grandeur, parce que c'est là qu'il fait paroître ce qu'il est et ce qu'il peut, remettant le péché en souverain, et sans observer avec nous toutes les formalités d'une justice rigoureuse. Sur quoi je me rappelle un beau mot de saint Ambroise dans le panégyrique du grand Théodose. Il dit que ce prince prenoit quelquefois plaisir à juger lui-même les criminels d'état, et qu'après les avoir convaincus et forcés d'avouer leur crime, au moment qu'ils attendoient une sentence de mort, et qu'ils redo u toient son juste courroux, il changeoit tout à coup de visage pour leur faire entendre qu'il leur rendoit la vie, et que de sa pleine volonté il les renvoyoit sans châtiment. Or il en usoit ainsi, poursuit le même Père, parce qu'il ne vouloit pas perdre ces malheureux, et qu'il se faisoit une gloire de vaincre leur malice par sa clémence vraiment royale: Vincere enim volebat, non perdere.' Telle est, mes chers Auditeurs, la conduite de Dieu envers nous. Outre qu'il y va de sa grandeur, sa

1 Amb.

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