Il fait tomber fa glace comme coupée pár morceaux: qui peut foutenir la rigueur de fon froid? Il envoiera fa parole, & les eaux glacées fe fondront: fon foufle fe répandra, & les eaux couleront. Il annonce fa parole à Jacob, fes juftices & fes Jugemens à Ifraël. Il n'a point agi de la forte envers toutes les nations, & il ne leur a pas manifefté fes jugemens. (e) (e) S'il ne s'agiffoit ici que d'une connoiffance ftérile & deftituée d'amour, telle que Dieu la donna à Ifrael en faifant alliance avec lui au pied du mont Sina, le privilege d'Ifrael feroit-il fi grand? Quel eft le Chrétien inftruit à l'école de S. Paul, (Rom. 2. 3. & 4. ) qui ignore qu'Ifrael au milieu même des plus vives lumieres de la loi, n'a jamais été qu'un prévaricateur plus abominable aux yeux de la vérité, que les nations que Dieu laiffoit marcher dans leurs voies, fans daigner les inftruire autrement que par le fpectacle de la nature & les cris de leur confcience? (Ezech. 20.) Mais le Prophete veut nous parler d'un privilege plus intéreffant c'est celui du peuple de la nouvelle allian ce, choifi gratuitement comme Jacob pour être l'héritier des bénédictions fpirituelles pour le Ciel; (Eph. 1.) recevant non-feulement dans fon efprit, mais dans le plus intime de fon cœur la parole efficace du Pere, auteur de tout don parfait & principe créateur de toute juftice (Jacq. 1.) fe nourriffant de cette parole, & des jugemens de bonté, de miféricorde, & d'amour qu'elle eft venue prononcer. Tel eft le vrai point de vile où il faut fe placer pour voir ce qui excite l'admi rarion du Prophete, & pour s'écrier avec lui dans les fentimens de la plus tendre reconnoiffance: il n'a point agi de la forte envers toutes les nations, &c. Salutis & monftras & qui voulez bien nous viam ? Tu, quam jubes, donas fidem; Hæc cultui præeft tuo; Hæc mentis errores fugat; Hæc corda furfum dirigit. Te deftituta fpiritu Nil pompa facrorum juvat: Secreta puri blandiùs Tibi litabunt pec toris. Voxinde cordi confona Vectigal fuum conduire par elle dans le chemin du falut? La foi que vous commandez eft un don de votre miféricorde; mais un don précieux, qui eft l'ame du culte que nous vous devons; qui délivre notre efprit des préjugés de l'erreur; & qui éleve nos cœurs vers les biens céleftes. Deftituée de l'efprit de foi, la pompe même du Sacrifice le plus augufte ne vous touche point: le facrifice d'un cœur pur qui s'immole dans le fecret, eft une victime bien plus agréable à vos yeux." C'eft du fond de ce cœurfreligieux, que s'é exolvet leve une voix fincere deftinée à vous offrir le Et ad falutem libe- tribut de louanges qui vous eft dû ; & à rendre tas. à la verité un généreux Prometur ore veri témoignage, en la confeffant de bouche pour être fauvé. O Dieu, qui rejettez les fuperbes, & qui aimez les ames fimples; reprimez l'orgueil de nos cœurs, pour faire croître en nous la fimplicité de la foi. Gloire infinie au Pere, gloire infinie au Fils, qui a fcellé de fonSang le don ineffable de la foi: gloire infinie au Saint Efprit. Amen. Q & O qui fuperbos ref puis, fimplices amas, Deus, Ut crefcat in nobis tumorem comprime. Sit fumma Patri gloria, Sit fumma Nato, qui fidem Cruore fundavit fuo; Par fit tibi laus, Spiritus, Amen. PRIME. PSEAUME 66. Ue Dieu aye pitié de nous, & qu'il nous béniffe qu'il répande fur nous la lumiere de fa face, & qu'il aye pitié de nous. (a) DE Eus mifereatur noftri, & benedicat nobis: * illuminet vultum fuum fuper nos, & mife reatur noftri. (a) On ne peut, fans faire injure à l'Esprit de J. C. qui prie dans fes Saints, borner ce Pfeaume à aucun bienfait temporel. C'eft l'Incarnation & fes effets admirables que le Prophete demande pour fon peuple & pour toute la terre. Que Dieu aye pitié de nous, &c. On ne fçauroit trop fouvent le remarquer la pure miféricorde de Dieu eft le principe de toutes les bénédictions qui ont été répandues fur nous par J. C, la lumiere 5 la fplenden * Ut cognofcamus in terrâ viam tuam, in omnibus gentibus falutare tuum. Confiteantur tibi populi, Deus:* confiteantur tibi populi omnes. : Lætentur & exul tent gentes, quoniam judicas populos in æquitate, & gentes in terrâ dirie gis. Confiteantur tibi populi, Deus, confiteantur tibi, populi omnes: terra dedit fructum fuum. * Afin que nous connoiffions für la terre votre voie: & que le falut qui vient de vous, foit connu de toutes les nations.. (b) Que les peuples, ô Dieu, vous rendent gloire que tous les peuples vous rendent gloire. (c) Que les nations foient dans la joie & l'allegreffe parce que vous jugez les peuples dans l'équité, & que vous conduifez les nations fur la terre. Que les peuples, â Dieu, vous rendent gloire, que tous les peuples vous rendent gloire la terre a donné fon fruit. (d) du Pere. C'eft par lui & en lui que le Pere nous a regardés pour confommer en nous l'oeuvre de fon éter nelle miféricorde. (b) Heb. Afin que nous falions connoître, &c. C'est le privilege des Juifs, de faire connoître JC. La voie qui conduit au Pere, la voie qui conduit au falut, & qui eft le falut même. (c) Voiez la priere qui eft dans le 36. chap. de l'Eccléfiaftique: elle eft le commentaire de ce Pfeaume. De tels défirs font des prophéties qui feront un jour infailliblement accomplies. (d) Ou fon germe, comme traduit S. Jérôme. Peut-on, ne pas reconnoître ici J. C. le fruit d'une Vierge, le germe du Seigneur, puifque la prédiction de la converon de toute la terre eft liée avec la naiffance, de ce fruit adorable? Cieux, s'écrie Ifaie ch. 45. envoyez d'en baut votre rofée, que les nuées faffent defcendre la justice comme la pluie que la terre s'ouvre, 5 qu'elle produife le fruit qui doit donner le falut, & qu'elle faffe germer en même tems la justice. Que Dieu nous bénifle, notre Dieu, que Dieu nous béniffe, & que toutes les extrêmités de la terre le craignent : (e) Benedicat nosDeus, Deus nofter, bene→ dicat nos Deus, & metuant eum omnes fines terræ. (e) Les Peres ont vu dans cette répétition du nom de Dieu le mystere de l'adorable Trinité. Le Prophéte en ajoutant notre au nom du milieu, vous avertit que le Meffie eft le véritable Emmanuel Dieu avec nous, homme comme nous, & en même-tems le Dieu véritable, égal en tout à fon Pere, & principe avec lui du Saint-Elprit. Eigneur PSEAUME 89. Vous avez Sété notre refuge de D Omine, refu gium factus es génération en généra- nobis à generatiotion. (a) ne in generationem. (a) Moyfe connoissant en qualité de Prophéte l'im puiffance de l'ancienne alliance pour juftifier l'homme, & le rendre heureux éternellement, & fçachant que le tems de contracter la nouvelle alliance avec le corps de fa nation étoit differé pour un grand nombre de fiécles; déplore dans ce Pfeaume (qui porte fon nom, & que plufieurs Interpretes lui attribuent) le malheur de cette multitude d'hommes protegés par des prodiges & des bienfaits temporels, mais réfervés pour être à jamais les victimes de la colere d'un Dieu inexorable, qui verra eternellement leurs péchés pour les punir. Devant l'éternité de ce Dieu terrible, le tems, quelque long qu'il foit, difparoît & n'eft compté pour rien avec tous les avantages dont il eft la mefure & le terme. A la vue de cette longue chaîne de Réprouvés, & de cette multitude de vafes de colere, le Prophére plein d'effroi s'écrie: qui connoît, Seigneur, la puiffance de votre colere? Il demande que le tems de la miféricorde arrive pour les Reftes de fon peuple ; que J. C. la droite du Pere foit manifefté, & que l'on voie paroître ces hommes de la nouvelle alliance inftruits par le cœur dans la fageffe; enfin que Dieu comble fon peuple de biens, à proportion du tems que fes maux ont duré. L'Eglife en répétant ce Pfeaume, entre dans toutes ces vûes du Prophéte. Et certe mere tendre |