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» du tout insensibles : nous les visitâmes fort diligemment, sans rien oublier de tout ce qui y est requis, les fai>> sant dépouiller tout nus: ils furent piqués en plusieurs >> endroits; mais ils avoient le sentiment fort aigu. Nous >> les interrogeâmes sur plusieurs points, comme ont fait » les mélancoliques; nous n'y reconnûmes que de pau>> vres gens stupides; les uns qui ne se soucioient de » mourir, les autres qui le desiroient notre avis fut « de leur bailler plutôt de l'ellébore pour les purger " » qu'autre remède pour les punir. La cour les renvoya

>> suivant notre rapport. »,

par

Cependant ces accusations fréquentes de sorcellerie, jointes à la créance qu'on donnoit à l'astrologie judiciaire et autres semblables superstitions sous le règne des premiers Valois, avoient tellement enraciné le préjugé qu'il existe un grand nombre de vrais sorciers, que, dans le siècle suivant, on trouve encore des traces assez fortes de cette opinion. En 1609, Filesac, docteur de Sorbonne, se plaignoit que l'impunité des sorciers en multiplioit le nombre à l'infini. Il ne les compte plus par cent mille ni trois cent mille, mais millions. par La maréchale d'Ancre fut accusée de sortilège, et l'on produisit en preuve contre elle, de s'être servie d'images de cire qu'elle conservoit dans des cercueils; d'avoir fait venir des sorciers prétendus religieux, dits Ambroisiens, de Nanci en Lorraine, pour l'aider dans l'oblation d'un coq, qu'elle faisoit, pendant la nuit, dans l'église des Augustins et dans celle de Saint-Sulpice; et enfin d'avoir eu chez elle trois livres de caractères, avec un autre petit caractère et une boîte où étoient cinq rondeaux de velours, desquels caractères elle et son mari usoient pour dominer sur les volontés des grands. On se souviendra avec étonnement, dit M. de Voltaire dans son Essai sur le siècle de Louis XIV, jusqu'à la dernière postérité, que la maréchale d'Ancre fut brûlée en place de Grêve comme sorcière, et que le conseiller Courtin, interrogeant cette femme infortunée, lui demanda de quel sortilége elle s'étoit servie pour gouverner l'esprit de Marie de Médicis. La maréchale lui répondit: Je me suis servi du pouvoir qu'ont les ames fortes sur les esprits foibles, et

qu'enfin cette réponse ne servit qu'à précipiter l'arrêt de

sa mort.

Il en fut de même dans l'affaire de ce fameux curé de Loudun, Urbain Grandier, condamné au feu comme magicien, par une commission du conseil. Ce prêtre étoit sans doute répréhensible et pour ses mœurs et pour ses écrits; mais l'histoire de son procès, et celle des diables de Loudun, ne prouvent en lui aucun des traits pour lesquels on le déclara duement atteint et convaincu du crime de magie, maléfice et possession, et pour réparation desquels on le condamna à être brûlé vif, avec les pactes et caractères magiques qu'on l'accusoit d'avoir employé.

En 1680, la Vigoureuse et la Voisin, deux femmes intrigantes qui se donnoient pour devineresses, et qui réellement étoient empoisonneuses, furent convaincues de crimes énormes, et brûlées vives. Un grand nombre de personnes de la première distinction furent impliquées dans leur affaire; elles nommèrent comme complices ou participans de leurs opérations magiques la duchesse de Bouillon, la comtesse de Soissons et le duc de Luxembourg, sans doute afin de tâcher d'obtenir grace à la faveur de protections si puissantes. La première brava ses juges dans son interrogatoire, et ne fut pas mise en prison; mais on l'obligea de s'absenter pendant quelque temps. La comtesse de Soissons, décrétée de prise de corps, passa en Flandre pour le duc de Luxembourg, accusé de commerce avec les magiciennes et les démons, il fut envoyé à la Bastille, mais élargi bientôt après, et renvoyé absous. Le vulgaire attribuoit à la magie son habileté dans l'art de la guerre.

Si les personnes dont nous venons de parler eussent pratiqué l'art des sorciers, elles auroient fait une exception à ce que dit le jurisconsulte Ayrault, qu'il n'y a plus maintenant que des stupides, des paysans et des rustres, qui soient sorciers. On a raison en effet de s'étonner que des hommes qu'on suppose avoir commerce avec les démons, et leur commander, ne soient pas mieux partagés du côté des lumières de l'esprit et des biens de la fortune, et que le pouvoir qu'ils ont de nuire ne s'étend jamais

jusqu'à leurs accusateurs et à leurs juges. Car on ne donne aucune raison satisfaisante de la cessation de ce pouvoir dès qu'ils sont entre les mains de la justice. Delrio rapporte pourtant quelques exemples de sorciers qui ont fait du mal aux juges qui les condamnoient et aux bourreaux qui les exécutoient; mais ces faits sont de la nature de beaucoup d'autres qu'il adopte; et son seul témoignage n'est pas une autorité suffisante pour en persuader la certitude ou la vérité à ses lecteurs.

(M. de JAUCOURT.)

FIN DU TOME DIXIÈME.

TABLE

Des articles contenus dans le dixième
Volume.

Les articles marqués d'une étoile sont ceux qui ont déjà
paru dans la collection imprimée en 5 vol. in-12, à
Genève, 1769, sous le même titre d'Esprit de l'Ency-
clopédie.

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Richelieu. (cardinal de ) ( Voyez Ruel. )

Richesse.

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Ibid.

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