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insupportable, et pour demander un roi. Le sénat fut surpris d'un tel goût; mais il leur permit de le satisfaire, et de conférer le royaume à qui bon leur sembleroit. Ils élurent Ariobarzane. Au fond, il y a beaucoup d'apparence que le gouvernement monarchique leur convenoit mieux que l'état républicain. Il faut être d'un certain tour d'esprit pour n'abuser pas de la liberté, et tous les peuples n'ont (M. de JAUCOURT.)

pas ce tour-là.

OPPOSITIO

PPOSITION qu'on éprouve au dedans de soi-même à faire quelque chose. Il y a deux sortes de situations de l'ame lorsqu'on est sur le point d'agir; l'une où l'on se porte librement, facilement et avec joie à l'action; l'autre où l'on éprouve de l'éloignement, de la difficulté, du dégoût, de l'aversion et d'autres sentimens opposés qu'on tâche de surmonter : ce dernier cas est celui de la répugnance. Si vous allez le solliciter de quelque chose d'humiliant, vous lui trouverez la plus forte répugnance. Je ne dissimule pas ma pensée sans quelque répugnance.

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Une infinité de motifs particuliers peuvent causer la répugnance qu'on a à user des choses, ou à les faire, selon la nature de ces choses, les occasions et les circonstances; on ne la sent qu'autant qu'on est contraint par les autres, ou qu'on s'y contraint soi-même.

La répugnance n'est pas une habitude qui dure; c'est un sentiment passager qui empêche qu'on ne fasse les choses de bonne grace, et donne un air gêné qui fait voir que ce n'est pas le cœur qui commande ce qu'on exécute.

On ne doit jamais faire avec répugnance ce que la raison, l'honneur et le devoir exigent; il ne faut en avoir que pour les fausses démarches ou pour ce qui peut donner atteinte à la réputation.

(ANONYME.)

REPUTA

ÉPUTATION, CONSIDÉRATION. Voici, selon madame de Lambert, la différence d'idées que donnent ces deux mots.

La considération vient de l'effet que nos qualités personnelles font sur les autres. Si ce sont des qualités grandes et élevées, elles excitent l'admiration; si ce sont des qualités aimables et liantes, elles font naître le sentiment de l'amitié. L'on jouit mieux de la considération que de la réputation; l'une est plus près de nous, et l'autre s'en éloigne : quoique plus grande, celle-ci se fait moins sentir, et se convertit rarement dans une possession réelle. Nous obtenons la considération de ceux qui nous approchent, et la réputation de ceux qui ne nous connoissent pas. Le mérite nous assure l'estime des honnêtes gens, et notre étoile celle du public. La considération est le revenu du mérite de toute la vie, et la réputation est souvent donnée à une action faite au hasard : elle est plus dépendante de la fortune; savoir profiter de l'occasion qu'elle nous présente; une action brillante, une victoire; tout cela est à la merci de la renommée : elle se charge des actions éclatantes; mais, en les étendant et les célébrant, elle les éloigne de nous. La considération, qui tient aux qualités personnelles, est moins étendue; mais, comme elle porte sur ce qui nous entoure, la jouissance en est plus sentie et plus répétée; elle tient plus aux mœurs que la réputation qui quelquefois n'est due qu'à des vices d'usage bien placés et bien préparés, ou d'autres fois même à des crimes heureux et illustres, parce qu'elle tient à des qualités moins brillantes; mais aussi la réputation s'use, et a besoin, pour se soutenir, d'être sans cesse entretenue par de nouveaux efforts.

C'est une sorte de problême dans la nature, dans la philosophie et dans la religion, que le soin de sa propre répu tation et de son honneur.

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La nature répand de l'agrément sur les marques d'estime qu'on nous donne, et cependant elle attache une sorte de flétrissure à paroître les rechercher. Ne croiroit-on

pas qu'elle est ici en contradiction avec elle-même? Pour quoi proscrit - elle par le ridicule une recherche qu'elle semble autoriser par le plaisir? La philosophie, qui tend à nous rendre tranquilles, tend aussi à nous rendre indépendans des jugemens que les hommes peuvent porter de nous; et l'estime qu'ils en font n'est qu'un de ces jugemens, en tant qu'il nous est avantageux. Cependant la philosophie la plus épurée, loin de réprouver en nous le soin d'être gens d'honneur, non seulement elle l'autorise, mais elle l'excite et l'entretient. D'un autre côté, la religion ne nous recommande rien davantage que le mépris de l'opinion des hommes, et de l'estime qu'ils peuvent, selon leur fantaisie, nous accorder ou nous refuser. L'Evangile "même porte les saints à desirer et à rechercher le mépris, mais en même temps le Saint-Esprit nous prescrit d'avoir soin de notre réputation.

La contrariété de ces maximes n'est qu'apparente: elles s'accordent dans le fond; et le point qui en concilie le sens, est celui qui doit servir de règle au bien de la société, et au nôtre en particulier. Nous ne devons point naturellement être insensibles à l'estime des hommes, à notre honneur, et à notre réputation. Ce seroit aller contre la raison, qui nous oblige d'avoir égard à ce qu'approuvent les hommes, ou à ce qu'ils improuvent le plus universellement et le plus constamment; car ce qu'ils approuvent de la sorte, par un consentement presque unanime, est la vertu; et ce qu'ils improuvent ainsi, est le vice. Les hommes, malgré leur perversité, font justice à l'une et à l'autre. Ils méconnoissent quelquefois la vertu, mais ils sont obligés souvent de la reconnoître; et alors ils ne manquent point de l'honorer: être donc insensible, par cet endroit, à l'honneur, je veux dire à l'estime, à l'approbation et au témoignage que la conscience des hommes rend à la vertu, ce seroit l'être en quelque façon à la vertu même, qui y seroit intéressée. Cette sensibilité naturelle est comme une impression mise dans nos ames par l'auteur de notre être; mais elle regarde seulement le tribut que les hommes rendent en général à la vertu, pour nous attacher plus fortement à elle. Nous n'en devons pas être moins indifférens à l'honneur que chaque particulier, conduit

souvent par la passion ou la bizarrerie, accorde ou refuse à la vertu de quelques-uns, ou à la nôtre directement.

L'estime des hommes en général ne sauroit être légitimement méprisée, puisqu'elle s'accorde avec celle de Dieu même qui nous en a donné le goût, et qu'elle suppose un mérite de vertu que nous devons rechercher.

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L'estime des hommes en particulier étant plus subordonnée à leur imagination qu'à la providence, nous la devons compter pour peu de chose, ou pour rien, c'està-dire que nous devons toujours la mériter, sans nous soucier de l'obtenir la mériter par notre vertu, qui contribue à notre bonheur et à celui des autres nous soucier peu de l'obtenir par une noble égalité d'ame qui nous mette au dessus de l'inconstance et de la vanité des opinions particulières des hommes. Recherchons l'approbation d'une conscience éclairée, que la haine et la calomnie ne peuvent nous enlever, par préférence à l'estime des autres hommes, qui suit tôt ou tard la vertu. C'est se dégrader soi-même que d'être trop avide de l'estime d'autrui; elle est une sorte de récompense de la vertu, mais elle n'en doit pas être le motif.

(ANONYME.)

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