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Voltaire était usée ; qu'il falloit en créer une nouvelle; que notre poésie, qui pourtant est assez vivante dans leurs ouvrages, « se mouroit de timidité; qu'il n'y avoit point de >> mots qu'on ne pût faire entrer dans la poésie noble, » et cent autres assertions aussi folles, répétées magistralement par des journalistes qui ont le privilége de nous enseigner tous les jours ce qu'ils n'ont jamais appris. L'exécution est venue à l'appui de cette belle théorie; et prétexte d'égaler les Grecs et les Latins, on nous a fait une foule de vers qui ne sont pas français. On s'est mis à multiplier les enjambemens, à tourmenter, à hâcher le vers de toutes les manières, à lui donner un air étranger en voulant le faire paroître neuf, à chercher les vieux mots, quand ceux qui sont en usage valoient mieux, à faire, ce que n'eût pas osé Chapelain, un hémistiche entier d'un adverbe de six syllabes; et tout cet amas de prose brisée et martelée, de locutions barbares, de constructions forcées, s'est appelé, pendant quelque temps, «du mou>>vement, de l'effet,. de la variété, de la physionomie; » et ces sublimes découvertes du dix-huitième siècle n'étoient pas tout-à-fait renouvelées des Grecs, mais du siècle de Ronsard heureusement elles ont passé aussi vîte : que lui.

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ROSE.

CETTE fleur étoit consacrée à Vénus. Tous nos poètes

la célèbrent, à l'imitation des Grecs et des Latins: si nous les en croyons,

C'est la reine des fleurs dans le printemps éclose;
Elle est le plus doux soin de Flore et des Zéphirs:
C'est l'ouvrage de leurs soupirs.

Anacréon s'étoit contenté de dire, avec plus de simplicité, qu'elle est tout le soin du printemps. Nos vieux poètes emploient toujours la rose dans leurs vers. Aujourd'hui, les comparaisons tirées de cette fleur ont été si souvent répétées, qu'on n'en sauroit user trop sobrement.

Aphtonius et Tretzès nous assurent que c'est du sang de Vénus que les roses ont pris leur couleur vermeille. Bion prétend, au contraire, que la rose doit sa naissance au sang d'Adonis; et ce poète a pour lui non seulement Ovide, mais l'auteur du per Vigilium Veneris, dans l'hymne charmante qu'il a faite sur ce sujet.

«Avec quelle grace, dit-il, le zéphir amoureux vient» il voltiger autour de la robe verte de cette reine des >> fleurs, et chercher à lui plaire par ses plus douces » caresses? Déja la divine rosée fait sortir ce bouton » vermeil du foureau qui l'enveloppe. Je le vois, ce >> bouton qui commence à s'épanouir; je le vois glorieux » d'étaler ce rouge incarnat dont la teinture est due au » sang d'Adonis, dont l'éclat est augmenté par les baisers » de l'Amour, et qui semble composé de tout ce que la » jeune Aurore offre de plus brillant quand elle monte >> dans son char pour annoncer de beaux jours à la

>> terre. >>

En un mot, les poètes ne se sont plaints que du peu de durée de cette aimable fleur, « et ces roses, ces char>> mantes fleurs, qui passent, hélas! trop tôt pour nos » plaisirs. La durée d'un jour est la mesure de l'âge de » la rose; la même étoile qui la voit naître le matin, la

> voit mourir le soir de vieillesse ». Malherbe a bien su tirer partie de cette idée; il dit, en parlant de la mort de la fille de M. Duperrier:

Mais elle étoit du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin;

Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.

Ainsi a vécu madame la princesse de Condé.

Les Romains aimoient passionnément les roses, et faisoient beaucoup de dépenses pour en avoir en hiver : les plus délicats les recherchoient encore lorsque la saison en étoit passée. Dans le temps même de la république, ils n'étoient point contens, dit Pacatus, si, au milieu de l'hiver, les roses ne nageoient sur le vin de Falerne qu'on leur présentoit. Ils appeloient leurs maîtresses, du nom de Rose, mea rosa, ma belle amie.

Enfin, les couronnes de roses étoient chez les anciens la marque du plaisir et de la galanterie. Horace ne les oublie jamais dans ses Descriptions des repas agréables. Aussi roseus, rosea, signifioient brun, belle, éclatant, éclatante. C'est pourquoi Virgile dit, en parlant de Vénus : « En se détournant, elle fit voir la beauté de son cou. »

Dans notre langue, un teint de lis et de roses désigne aussi le plus beau teint du monde, tel qu'il se trouve seulement dans la plus florissante jeunesse.

(M. de JAUCOURT.)

BOURGADE

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OURGADE de France dans la Normandie, sur la Seine, entre les villes de Mantes et de Vernon, avec titre de marquisat et un château.

C'est dans ce château que naquit, en 1559, Maximilien de Béthune, duc de Sully, l'un des plus grands hommes que la France ait produit, et qui mourut en son château de Villebon en 1641, à quatre-vingt-deux ans, après avoir été toujours inséparablement attaché à sa religion et à Henri IV.

Il avoit vu, dit M. de Voltaire, Henri II et Louis XIV. Il fut grand-voyer et grand-maître de l'artillerie, grand maître des ports de France, sur-intendant des finances, duc et pair, et maréchal de France. C'est le seul homme à qui on ait jamais donné le bâton de maréchal, comme une marque de disgrace. Il ne l'eût qu'en échange de sa charge de grand-maître de l'artillerie, que la reine régente lui ôta en 1634. Il étoit très - brave homme de guerre, et encore meilleur ministre, incapable de tromper le roi, et d'être trompé par les financiers. Il fut inflexible pour les courtisans, dont l'avidité est insatiable, et qui trouvoient en lui une rigueur conforme au temps et aux besoins d'Henri IV. Ils l'appeloient le négatif, et disoient que le mot de oui n'étoit jamais dans sa bouche. Avec cette vertu sévère il ne pouvoit plaire qu'à son maître, et le moment de la mort de Henri IV fut celui de sa disgrace. Il composa, dans la solitude de Sully, des mémoires, dans lesquels règne un air d'honnête homme, avec un style naïf, mais trop diffus. On y trouve quelques vers de sa façon. Voici ceux qu'il fit en se retirant de la cour, sous la régence de Marie de Médicis :

Adieu maisons, châteaux, armes, canons du roi ;
Adieu conseils, trésors déposés à ma foi ;

Adieu munitions, adieu grands équipages,

Adieu tant de rachats, adieu tant de ménages,

Adieu faveurs, grandeurs; adieu ce temps qui court;
Adieu les amitiés et les amis de cour, etc.

Il ne voulut jamais changer de religion; et, comme le eardinal du Perron l'exhortoit à quitter le calvinisme il lui répondit : « Je me ferai catholique quand vous aurez » supprimé l'Evangile; car il est si contraire à l'église » romaine, que je ne peux pas croire que l'un et l'autre » aient été inspirés par le même esprit. »

Le pape, lui écrivant un jour une lettre remplie de louanges sur la sagesse de son ministère, finissoit sa lettre, comme un bon pasteur, par prier Dieu qu'il ramenât sa brebis égarée, et conjuroit le duc de Sully de se servir de ses lumières pour entrer dans la bonne voie.. Le duc lui répondit sur le même ton. Il l'assura qu'il prioit Dieu tous les jours pour la conversion de sa sainteté cette lettre est dans ses mémoires. :

ans;

Il se signala dans les armes jusqu'à l'âge de quarante il se trouva à la bataille de Coutras, au combat d'Arques, à la bataille d'Ivry, aux sièges de Paris, de Noyon, de Rouen, de Laon, et à toutes les occasions périlleuses. Dans sa place de sur-intendant des finances, ik rétablit si bien celles de l'état, qu'il paya deux cents millions de dettes en dix ans, et qu'il remit de grandes sommes dans les trésors de son maître.

Il l'aimoit avec un zèle et un attachement inexprimable. Un soir, Henri IV lui fit quelques reproches vifs, et mal à propos. Ce bon prince y songea pendant la nuit, et, le lendemain de grand matin, il courut à l'arsenal chez Sully, pour réparer sa faute. « Mon ami, lui » dit-il en l'abordant, j'ai eu tort hier avec vous, je » viens vous prier de me le pardonner. Sire, répondit » Sully, vous voulez que je meure à votre service, de joie » et de reconnoissance. » Voilà le portrait de Henri IV et de Sully.

A la mort funeste de ce grand monarque, arrivée en 1610, le duc de Sully se vit contraint de se rendre dans une de ses terres, et d'y mener une vie privée. Quelques années après, le roi Louis XIII le fit revenir à la cour, pour lui demander son avis sur des affaires importantes. Il y vint, quoiqu'avec répugnance. Les jeunes courtisans, qui gouvernoient Louis XIII, voulurent selon l'usage, donner des ridicules à ce vieux ministre

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