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Christ, le successeur de saint Pierre : c'est Pierre toujours vivant et toujours présidant dans son siége'. Pierre, à qui le Fils du Dieu vivant a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je batirai mon église, et les portes de l'enser ne prévaudront pas contre elle; et jete donnerai les clés du royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. Et encore : Simon, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; lors donc que tu seras converti, confirme tes frères. Et enfin : Pais mes agneaux, pais mes brebis. Pierre qui, suivant saint Chrysostôme, aurait pu, lui seul, choisir un apôtre à la place de Judas, comme étant celui sous la main duquel tous les autres ont été placés 2. Pierre, qui paraît le premier en toutes manières : le premier à confesser la foi; le premier dans l'obligation d'exercer l'amour; le premier de tous les apôtres qui vit Jésus-Christ ressuscité des morts, comme il en devait être le premier témoin devant tout le peuple; le premier quand il fallut remplir le nombre des apôtres; le premier qui confirma la foi par un miracle ; le premier à convertir les Juifs ; le premier à recevoir les Gentils; le premier partout 3. Pierre, la source unique de la juridiction spirituelle; car, dit Tertullien, le Seigneur a donné les clés à Pierre, et par lui à l'Eglise". Et saint Optat de Milève : Saint Pierre a reçu seul les clés du royaume des cieux, pour les communiquer aux autres . Et saint Grégoire de Nysse : Jésus-Christ a donné par Pierre aux évêques les clés du royaume céleste 6. Et saint Léon : Tout ce que Jésus-Christ a donné aux autres évêques, il le leur a donné par Pierre ?. Et saint Césaire d'Arles , qui écrit au saint pape Symmaque : Puisque l'épiscopat prend son origine dans la personne de l'apôtre saint Pierre, il faut que votre Sainteté, par ses sages décisions, apprenne clairement aux églises particulières les règles qu'elles doivent observer 8.

Aussi, comme l'observe le savant Thomassin, les priviléges dont jouissaient les patriarches d'Alexandrie et d'Antioche n'étaient-ils qu'un rejaillissement de la primauté céleste dont Jésus-Christ honora saint Pierre?. Et de fait, dès l'an 494, le pape saint Gélase disait avec le concile de Rome : L'Eglise romaine, sans rides et sans tache, est donc le premier et le principal siége de saint Pierre. Le second est le siége d'Alexandrie, consacré au nom de Pierre par

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Conc. calcéd. 2 Homél. 3, in act., n. 2 et 3. .5 Bossuet. Sermon sur l'unité de l'Eglise.

6 T. 3, P. *Scorpiac., n. 10. — 5 L. 7, contra Parmen., n. 3. 314. – Sermo IV, in ann. assumpt., c. 2. 8 Labbe. Concil., t. 4, col, 1294.

Thomassin. Discipline, t. 1, pars 1, 1. 1, c. 13, n. 4.

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saint Marc, son disciple et son évangéliste, qu'il envoya en Egypte, où, après avoir prêché la parole de vérité, il consomma son glorieux martyre. Le troisième siége, établi à Antioche, tient aussi un rang honorable, à cause du nom du même apôtre qui habita dans cette ville avant de venir à Rome, et parce que c'est en ce lieu que prit naissance le nom du nouveau peuple des chrétiens'. Saint Léon avait dit la même chose auparavant. Saint Grégoire dira de même après : Quoiqu'il y ait eu plusieurs apôtres, il n'y a pourtant qu'un seul d'entre eux, placé en trois lieux différents, qui ait eu autorité sur les autres siéges. Saint Pierre a élevé au premier rang celui où il daigna se fixer et terminer sa vie mortelle. C'est lui qui a illustré le siége où il envoya l'évangéliste son disciple; c'est encore lui qui établit le siége qu'il devait abandonner après l'avoir occupé sept ans : ce n'est ainsi qu'un seul et même siége 3. Nous avons vu le pape saint Nicolas tenir le même langage dans sa réponse aux Bulgares". Nil, archimandrite grec, dira de même : Pierre, le premier des apôtres, après avoir rempli, tant par lui-même que par ceux qu'il institua à sa place, les fonctions d'évêque dans les principales villes de deux parties du monde, l'Asie et l'Europe, résolut aussi d'en créer un pour la troisième partie , je veux dire pour la Libye. C'est pourquoi il envoya de Rome en Egypte l'évangéliste saint Marc, qui fonda dans Alexandrie, capitale de cette contrée, une église qui éclaira toute la Libye. En parcourant l'univers et en prêchant l'évangile, les autres apôtres établissaient des évêques dans toutes les villes où ils passaient; mais les trois que nous venons de nommer possédèrent la primauté sur toutes les autres, savoir : l'évêque d'Antioche, en Asie et dans tout l'Orient; l'évêque de Rome, en Europe, c'est-à-dire en Occident; et dans la Libye, l'évêque d'Alexandrie, qui commandait à toute la Palestine, dont Jérusalem fait parties.

D'où l'on peut conclure que tous les évêques, même ceux créés par les apôtres, furent soumis dès le commencement à la juridiction des trois grands siéges, à qui saint Pierre communiqua la totalité ou une partie de sa primauté; que Thomassin a bien raison de dire que toutes les prérogatives des patriarches d'Alexandrie et d'Antioche ne sont qu'un rejaillissement de la primauté divine de saint Pierre.

Les faits de l'histoire répondent aux conséquences des principes. Nous avons vu le Pape confirmer, déposer, rétablir les patriarches

· Labbe, t. 4, col. 1262. 2 Epist. 104, ad Anatol. — 5 L. 7, epist. 40.* Labbe, t. 8, col. 545. Apud Leo Allat., de Eccl., etc., l. 2, c. 2, n. 9.

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et les autres évêques, tant en Orient qu'en Occident. Dans le même temps, dit Socrate, c'était au quatrième siècle, Paul de Constantinople, Asclepas de Gaze, Marcel d'Ancyre et Lucius d'Andrinople, chargés chacun de différentes accusations et chassés de leurs églises, se rendirent dans la ville de Rome. Ayant instruit Jules de ce qui les concernait, celui-ci , selon la prérogative de l'Eglise romaine, les munit de lettres où il s'exprimait avec une grande autorité, et les renvoya en Orient, après avoir rendu à chacun d'eux son siége et blame fortement ceux qui avaient eu la témérité de les déposer. Etant donc partis de Rome, et appuyés sur les reserits de l'évêque Jules, ils reprirent possession de leurs églises et envoyérent les lettres à qui elles étaient adressées. Sozomène, qui confirme pleinement le récit de Socrate, ajoute que le Pape remit ces évêques dans leurs siéges, « parce que le soin de l'Eglise universelle lui appartient en vertu de la dignité de son trône 2. » Donc, de l'aveu des Grecs, c'est à raison de sa primauté que le Pape dépose ou rétablit les évêques. Ces deux auteurs, ainsi qu'Epiphane dans son histoire tripartite, vont encore plus loin : ils ne balancent point à déclarer nul tout ce qui avait été fait dans un concile d'Antioche, « parce que la règle ecclésiastique défend de rien décider, de s'assembler en concile et de faire aucun canon sans le consentement de l'évêque de Rome 3. >>

Voilà donc ce qu'est le Pape. Tel il se montre dans les conciles généraux. Nous avons vu, en 325, le premier concile æcuménique de Nicée présidé par les légats et confirmé par l'autorité du pape saint Sylvestre". Le concile æcuménique d'Ephèse est présidé par saint Cyrille d'Alexandrie, au nom et par l'ordre du pape saint Célestin, et pour exécuter la sentence déjà prononcée par le Pape. Ce concile dit solennellement : Contraints par les saints canons et par la lettre de notre saint père et coministre Célestin, évêque de l'Eglise romaine, nous en sommes venus , par nécessité, à cette lugubre sentence : Notre Seigneur Jésus-Christ, que Nestorius a blasphêmé, a défini par ce très-saint concile, qu'il est privé de toute dignité épiscopale et retranché de toute assemblée ecclésiastique 5. Le concile æcuménique de Calcédoine, présidé par les légats du Pape, s'écrie : Pierre a parlé par Léon. Il demande au Pape l'approbation de ses actes : Saint Léon approuve ce qu'a fait le concile touchant la doctrine, mais il casse ce qu'il a tenté de

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• Socr., I. 2, c. 15. 2 Sozom., 1. 3, c. 8. 3Socr., 1.2, c. 17. - Sozom., 1.3, c. 10. Hist, tripart., 1. ', c. 9. — * T. 6 de cette histoire, p. 203 et 217. – 5 T. 8,

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faire pour favoriser l'ambition de l'évêque de Constantinople'. En 519, tous les évêques d'Orient, au nombre d'environ deux mille cinq cents, souscrivent au formulaire du pape saint Hormisda; y reconnaissent que, conformément à la promesse du Seigneur, la religion catholique est toujours demeurée inviolable dans la chaire apostolique; que dans cette chaire réside la vraie et entière solidité de la religion chrétienne; et ils promettent de ne point réciter dans les saints mystères les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l'Eglise catholique, c'est-à-dire qui ne sont pas d'accord avec le Siége apostolique en toutes choses. Ce formulaire sert de règle dans les siècles suivants : il est consacré par le huitième concile æcuménique en 869, nul chrétien ne peut le rejeter. Enfin, vers le milieu du quinzième siècle, dans le concile æcuménique de Florence, les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie, ainsi que les députés de l'Arménie, de l'Ethiopie et des autres chrétiens d'Orient, disent avec le pape Eugène IV : Nous définissons encore que le Saint-Siège apostolique et le Pontife romain est le successeur du bienheureux Pierre, prince des apôtres, qu'il est le véritable vicaire du Christ et le chef de toute l'Eglise, le Père et le docteur de tous les chrétiens : qu'à lui a été donnée , par notre Seigneur Jésus-Christ, dans le bienheureux Pierre', une pleine puissance de paître, de régir et de gouverner l'Eglise universelle, comme cela est aussi contenu dans les actes des conciles æcuméniques et dans les saints canons 5.

Voilà ce qu'est le Pape, d'après les conciles généraux. Maintenant, qu'a-t-il fait?

C'est saint Pierre, le premier Pape, qui, à la première Pentecôte chrétienne , promulgue l'Eglise catholique; c'est saint Pierre qui y reçoit d'abord les Juifs, ensuite les Gentils, et fixe enfin son siége à Rome, la capitale de l'Occident et du monde, afin que dans l'univers entier il n'y ait qu'un troupeau et un pasteur. De là il envoie en Egypte, en Afrique, en Espagne, en Gaule, pour amener à l'unité chrétienne toutes ces nations. C'est le pape saint Grégoire qui, par son ami saint Léandre, convertit la nation des Visigoths; par son ami saint Augustin, celle des Anglais; par lui-même, celle des Lombards. C'est le Pape, Zacharie, Grégoire II et III, qui, par saint Boniface, convertit et civilise l'Allemagne; c'est le Pape, Grégoire IV, qui, par saint Anscaire et d'autres, porte la lumière de l'évangile non-seulement dans la Scandinavie, mais jusque dans l'Islande et le Groenland.Cetteévangélisation universelle,

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*T. 8, p. 269-272.

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2 Ibid., p. 627 et seqq. — 3 T. 21, p. 567.

les Papes ne la discontinuent pas. Dans les treizième et quatorzième siècles, nous les avons vus envoyer des prédicateurs apostoliques chez tous les peuples du Nord et du Midi, de l'Occident et de l'Orient, chez les Maures, les Arabes, les Ethiopiens, les Tartares, les Indiens, les Chinois ; établir un archevêque catholique dans la capitale de la Chine, entretenir une correspondance amicale avec l'empereur des Chinois et des Tartares. Nous les voyons , dans le quinzième et le seizième, envoyer dans le Nouveau-Monde à la conversion du Mexique, du Pérou, du Brésil, ainsi que d'autres nations; plus loin, à la conversion de l'Inde , du Japon et de la Chine; réalisant ainsi de plus en plus cette grande pensée : Un Dieu, une foi, une Eglise, un troupeau, un pasteur.

Et lorsque les schismes et les hérésies s'efforcerout de rompre cette grande unité de l'Eglise et du monde, toujours c'est le Pape qui s'oppose à leurs efforts impies , toujours est-ce de Rome que leur vient le coup mortel. Et lorsque le mahométisme s'avancera pour exterminer par le fer et le feu l'humanité chrétienne, ce sont les Papes, et les Papes seuls, qui sauvent l'humanité chrétienne et le monde avec elle, en la réveillant sans cesse, en la réunissant sous un même étendard, pour la défense commune de sa liberté et de son existence même.

Et lorsque des rois ou empereurs chrétiens, aveuglés par des passions et des conseillers coupables , prétendront se faire pontifes comme Mahomet, ou même dieux comme Néron, et devenir la loi et le propriétaire unique de l'univers, ce sont les Papes, et les Papes seuls , qui s'opposeront avec force et constance à cette invasion du despotisme universel et maintiendront la juste liberté et indépendance des peuples chrétiens, sous la loi de Dieu interprétée par l'Eglise. Voilà comme les Papes sauveront l'Europe et le monde, sauf à être calomniés, pendant des siècles, de leurs immenses bienfaits.

Et c'est pour conserver à l'humanité ces biens déjà faits et y en ajouter d'autres, que les Papes convoquent le concile de Trente. Depuis des siècles, les successeurs dégénérés de Charlemagne et de saint Louis, au lieu de Dieu et de son Eglise, ne voient plus qu'euxmêmes et leur famille. Chacun dit dans son cæur : L'état, c'est moi; l'Europe, c'est moi; le monde, c'est moi ; le tout, c'est moi : mon intérêt, c'est la loi suprême; pour y parvenir, tous les moyens sont bons. Telle est la politique moderne, qui est déjà vieille ; car c'est le langage de l'antique Babylone, qui depuis des siècles gît dans la poussière. Machiavel a mis cette politique en théorie. Luther l'a étendue des princes à tous les particuliers. Chaque protestant dit dans son cæur : L'Eglise, c'est moi; l'Ecriture, c'est moi; le peu

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