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et je promets que nous éleverons tous nos enfants suivant leurs décrets et principalement dans ce qui sera décidé par le très-saint concile œcuménique de Trente. De la légitime assemblée de qui je n'ai pas le moindre doute; mais tant en mon nom qu'au nom de mes dits frères, je m'y soumets respectueusement et humblement, et, quand je serai appelé, je viendrai volontiers avec mes frères, soit à ce concile, soit à un autre. Ainsi Dieu me soit en aide, et ces saints évangiles 1.

Ces nouvelles émurent profondément les Pères de Trente. Ils voyaient une partie de l'Allemagne, de la France et de l'Angleterre faire d'impies efforts pour rompre l'unité chrétienne et se jeter dans les voies sanglantes d'une interminable anarchie; et, dans ce moment-là même, les restes déplorables des antiques églises de Mésopotamie et de Chaldée, tristement assis sur les fleuves du Tigre et de l'Euphrate, au milieu des ruines inconnues de Ninive et de Babylone, et gémissant sous le bâton des Turcs, envoyaient leur patriarche au vicaire de Jésus-Christ, au successeur de saint Pierre, pour rentrer plus intimement dans l'unité catholique et y puiser la vie et la force qu'ils avaient perdues par leur éloignement. Et dans ce moment-là même, Pie IV venait d'ériger de nouveaux évêchés et dans l'Amérique et dans l'Inde, pour recevoir les nouveaux peuples qui se pressaient aux portes de l'Eglise 2 ; et dans ce moment-là même le Japon ouvrait les yeux à la foi, et la Chine attendait un apôtre.

La vingt-deuxième session se tint au jour indiqué, dix-sept septembre 1562, quelques instances qu'eussent faites les ambassadeurs de l'empire et de la France pour la faire proroger. L'empereur se flattait toujours que dans la diète qu'il devait tenir à Francfort, il pourrait engager les protestants à venir au concile; mais ses efforts furent inutiles. Les Français voulaient qu'on attendît le cardinal de Lorraine, qui devait venir toujours incessamment à la tête des prélats français, et qu'on attendait en vain depuis une année entière. Outre les cinq cardinaux présidents, il y eut à cette session un cardinal, trois patriarches, vingt archevêques, cent quarantedeux évêques, un abbé et sept généraux d'ordres. Après la messe et les prières accoutumées, l'évêque de Vintimille, nonce spécial du Pape, prêcha sur l'utilité des conciles œcuméniques et légitimes, et exhorta vivement tous les Pères à unir leurs efforts pour ramener les brebis égarées 3. Ensuite on publia les décrets suivants sur

la foi.

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'Raynald, 1562, n. 28.

2 Ibid., 1561, n. 70.

3 Ibid., 1562, n. 101.

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EXPOSITION DE LA DOCTRINE TOUCHANT LE SACRIFICE DE LA MESSE.

Le saint concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les mêmes légats du Siége apostolique y présidant: afin que dans la sainte Eglise catholique la doctrine et la foi anciennes touchant le grand mystère de l'eucharistie se maintiennent entières et parfaites dans toutes leurs parties et se conservent dans leur pureté, en bannissant toutes les erreurs et toutes les hérésies; ce concile, instruit par la lumière du Saint-Esprit sur l'eucharistie, considérée comme véritable et unique sacrifice, enseigne, déclare et ordonne qu'il faut prêcher aux peuples fidèles ce qui suit :

CHAPITRE I. De l'institution du saint sacrifice de la messe.

Parce que sous l'ancien Testament, selon le témoignage de l'apôtre saint Paul, il n'y avait rien de parfait ni d'accompli à cause de la faiblesse et de l'impuissance du sacerdoce lévitique, il a fallu, Dieu le Père des miséricordes l'ordonnant ainsi, qu'il se soit levé un autre prêtre selon l'ordre de Melchisédech, notre Seigneur Jésus-Christ, lequel pût consommer et mener à perfection tous ceux qui devaient être sanctifiés. Or, quoique notre Seigneur Dieu dût une fois s'offrir lui-même à Dieu son Père, en mourant sur l'autel de la croix pour y opérer une rédemption éternelle : néanmoins, parce que son sacerdoce ne devait pas être éteint par sa mort; pour laisser à l'Eglise, sa chère épouse, un sacrifice visible, tel que la nature des hommes le demande; sacrifice qui représentât le sacrifice sanglant qui devait s'accomplir une fois sur la croix, qui en conservât la mémoire jusqu'à la fin du monde et qui en appliquât la vertu salutaire pour la rémission des péchés que nous commettons tous les jours: dans la dernière cène, la nuit même qu'il fut livré, montrant qu'il était établi prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech, il offrit à Dieu le Père son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin, et sous les mêmes symboles les donna à prendre à ses apôtres, qu'il établissait alors prêtres du nouveau Testament. Et par ces paroles : Faites ceci en mémoire de moi, il leur ordonna, à eux et à leurs successeurs dans le sacerdoce, de les offrir, comme l'Eglise catholique l'a toujours entendu et enseigné. Car après avoir célébré l'ancienne Pâque, que les enfants d'Israël immolaient en mémoire de la sortie d'Egypte, il établit la Pâque nouvelle, se donnant lui-même pour être immolé par les prêtres au nom de l'Eglise sous des signes visibles, en mémoire de son passage de ce monde à son Père; lorsque, nous ayant rachetés

(Livre 83. par l'effusion de son sang, il nous arracha de la puissance des téné bres et nous transféra dans son royaume. C'est cette offrande pure, qui ne peut être souillée par l'indignité ni par la malice de ceux qui l'offrent, que le Seigneur a prédit par Malachie devoir étre en tout lieu offerte à son nom, qui serait grand parmi les nations. C'est la même que l'apôtre saint Paul, écrivant aux Corinthiens, a marquée assez clairement quand il a dit : Que ceux qui sont souillés par la participation de la table des démons ne peuvent être participants de la table du Seigneur ; entendant en l'un et en l'autre lieu par la table, l'autel. C'est elle enfin qui, au temps de la nature et de la loi, était figurée par diverses similitudes de sacrifices, comme renfermant tous les biens qui n'étaient que signifiés par les autres, dont elle était la consommation et la perfection.

CHAP. II. Que le sacrifice de la messe est propitiatoire, tant pour les vivants que pour les morts.

Et parce que dans ce divin sacrifice qui s'accomplit à la messe, le même Jésus-Christ qui s'est offert une fois lui-même sur la croix avec effusion de son sang est contenu et immolé d'une manière non sanglante; le saint concile enseigne que ce sacrifice est vraiment propitiatoire, et que par lui nous obtenons miséricorde et trouvons grâce dans le temps opportun, si nous approchons de Dieu contrits et pénitents, avec un cœur sincère, une vraie foi et dans un esprit de crainte et de respect. Car le Seigneur, apaisé par cette oblation et accordant la grâce et le don de pénitence, remet les crimes et les péchés, même les plus grands. C'est en effet une seule et même hostie, et le même s'offre aujourd'hui par le ministère des prêtres, qui s'offrit autrefois sur la croix, sans qu'il y ait de différence que dans la manière d'offrir. Et par cette oblation non sanglante, on reçoit des fruits très-abondants de celle qui s'est faite avec effusion de sang; tant s'en faut que par elle on déroge à celle-ci. C'est pourquoi, selon la tradition des apôtres, elle est offerte non-seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités des fidèles encore vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts en Jésus-Christ et qui ne sont pas encore entièrement purifiés.

CHAP. III. Des messes qui se disent en l'honneur des saints. Quoique l'Eglise ait coutume de célébrer quelquefois des messes en l'honneur et en la mémoire des saints, elle n'enseigne pourtant pas que le sacrifice leur soit offert, mais bien à Dieu seul qui les a couronnés. Aussi le prêtre ne dit-il pas : Pierre ou Paul, je vous offre ce sacrifice; mais, rendant grâces à Dieu de leur victoire, il implore leur assistance, afin que ceux dont nous faisons mémoire sur la terre daignent intercéder pour nous dans le ciel.

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CHAP. IV. Du canon de la messe.

Et comme il convient que les choses saintes soient administrées saintement, et que ce sacrifice est de toutes choses la plus sainte : afin qu'il fût offert et reçu avec dignité et respect, l'Eglise catholique, depuis plusieurs siècles, a établi le saint canon, si exempt de toute erreur, qu'il n'y a rien dedans qui ne ressente tout-à-fait la sainteté et je ne sais quelle piété, et qui n'élève à Dieu l'esprit de ceux qui offrent le sacrifice. Car il est composé des paroles mêmes de notre Seigneur, des traditions des apôtres et des pieuses institutions des saints Pontifes.

d'autres

CHAP. V. Des cérémonies solennelles du sacrifice de la messe. La nature de l'homme étant telle qu'il ne peut aisément et sans quelques secours extérieurs s'élever à la méditation des choses divines: l'Eglise, comme une bonne mère, a établi certains usages, comme de prononcer à la messe des choses à voix basse, d'un ton plus haut. Elle a également introduit, suivant la discipline et la tradition des apôtres, des cérémonies; comme les bénédictions mystiques, les lumières, les encensements, les ornements et plusieurs autres choses semblables, pour rendre par là plus recommandables la majesté d'un si grand sacrifice et pour exciter les esprits des fidèles, par ces signes sensibles de piété et de religion, à la contemplation des grandes choses qui sont cachées dans ce sacrifice.

CHAP. VI. Des messes auxquelles le prêtre seul communie.

Le saint concile souhaiterait, à la vérité, qu'à chaque messe tous les fidèles qui y assistent communiassent, non-seulement spirituellement et par des sentiments intérieurs de dévotion, mais aussi par la réception sacramentelle de l'eucharistie; afin qu'ils retirassent des fruits plus abondants de ce très-saint sacrifice. Cependant, encore que cela ne se pratique pas toujours ainsi, il ne condamne pas pour cela, comme privées et illicites, les messes où le prêtre seul communie. Bien loin de là, il les approuve et les autorise; car ces messes mêmes doivent être regardées comme véritablement communes; soit parce que le peuple y communie spirituellement, soit parce qu'elles sont célébrées par un ministre public de l'Eglise, non-seulement pour lui, mais aussi pour tous les fidèles, qui appartiennent au corps de Jésus-Christ.

CHAP. VII. De l'eau qu'il faut mêler avec le vin dans le calice qu'on doit offrir.

Le saint concile avertit ensuite que l'Eglise a ordonné aux prêtres de mêler de l'eau au vin qui doit être offert dans le calice; tant parce qu'on croit que notre Seigneur Jésus-Christ a ainsi fait, que

parce qu'aussi de l'eau sortit de son côté avec le sang. On renouvelle la mémoire de ce mystère par ce mélange; et comme les peuples sont appelés des eaux dans l'Apocalypse de saint Jean, on représente l'union du peuple fidèle avec son chef, Jésus-Christ. CHAP. VIII. Qu'il ne faut pas célébrer la messe partout en langue vulgaire. Quoique la messe contienne de grandes instructions pour le peuple fidèle, les Pères n'ont cependant pas jugé à propos qu'elle fût célébrée partout en langue vulgaire. C'est pourquoi chaque église rete nant en chaque lieu l'ancien usage qu'elle a pratiqué et qui a été approuvé par la sainte Eglise romaine, la mère et la maîtresse de toutes les églises ; afin pourtant que les brebis de Jésus-Christ ne souffrent point la faim et que les petits enfants ne demandent pas du pain sans trouver personne qui leur en rompe: le saint concile ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge d'âmes, d'expliquer souvent dans la célébration du sacrifice, ou de faire expliquer par d'autres, quelque chose de ce qui se lit à la messe, et de faire entendre entre autres choses quelqu'un des mystères de ce très-saint sacrifice, surtout les jours de dimanches et de fêtes.

CHAP. IX. Prolégomène des canons suivants.

Comme on a dans ce temps-ci semé plusieurs erreurs contre cette ancienne croyance fondée sur le saint évangile, sur la tradition des apôtres, sur la doctrine des saints Pères, et que plusieurs enseignent et soutiennent diverses choses contraires; le saint concile, après avoir souvent, gravement et mûrement traité de ces choses, a résolu, du consentement unanime de tous les Pères, de condamner et de bannir de la sainte Eglise, par les canons suivants, ce qui est contraire à la pureté de cette croyance et de cette sainte doctrine.

DU SACRIFICE DE LA MESSE.

CANON I. Si quelqu'un dit qu'à la messe on n'offre pas à Dieu un sacrifice véritable et proprement dit, ou qu'offrir n'est rien autre chose que de nous donner Jésus-Christ à manger : qu'il soit anathème.

II. Si quelqu'un dit que par ces paroles: Faites ceci en mémoire de moi, Jésus-Christ n'a point institué les apôtres prêtres, ou qu'il n'a point ordonné qu'eux et les autres prêtres offrissent son corps et son sang: qu'il soit anathème.

III. Si quelqu'un dit que le sacrifice de la messe est seulement un sacrifice de louanges et d'action de grâces, ou une simple mémoire du sacrifice accompli sur la croix ; mais qu'il n'est pas pro

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