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A cet infortuné daignez ouvrir les bras;
Dites du moins, mon fils, Brutus ne te hait pas.
Ce mot feul me rendant mes vertus et ma gloire,
De la honte où je fuis défendra ma mémoire.
On dira que Titus, defcendant chez les morts,
Eut un regard de vous pour prix de fes remords,
Que vous l'aimiez encore, et que malgré fon crime
Votre fils dans la tombe emporta votre estime.

BRUTU S.

Son remords me l'arrache. (Rome! ô mon pays!
Proculus . .. . . . . . . à la mort que l'on mène mon fils.
Lève-toi, trifte objet d'horreur et de tendreffe:
Lève-toi, cher appui qu'efpérait ma vieillesse:
Viens embraffer ton père: il t'a dû condamner;
Mais s'il n'était Brutus, il t'allait pardonner.
Mes pleurs, en te parlant, inondent ton visage :
Va, porte à ton fupplice un plus mâle courage;
Va, ne t'attendris point, fois plus Romain que mòi ;.
Et que Rome t'admire en fe vengeant de toi.

TITUS.

Adieu, je vais périr, digne encor de mon père.

(On l'emmène.).

SCENE VIII.

BRUTUS,

PROCULU S..

PROCULUS.

SEIGNEUR, tout le Sénat dans fa douleur fincère,

En frémiffant du coup qui doit vous accabler. .

BRUTU S.

Vous connaiffez Brutus, et l'ofez confoler?

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Songez qu'on nous prépare une attaque nouvelle.. Rome feule a mes foins, mon cœur ne connaît qu'elle,.

Allons: que les Romains, dans ces momens affreux,
Me tiennent lieu du fils que j'ai perdu pour eux;
Que je finiffe au moins ma déplorable vie
Comme il eût dû mourir, en vengeant la patrie.

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Romé eft libre: il fuffit... Rendons grâces aux Dieux.

Fin du cinquième et dernier acte.

ERIPHYLE,

TRAGE DIE.

Repréfentée, pour la première fois
le 7 mars 1732.

DES EDITEURS.

СЕТТ

ETTE pièce fut jouée avec fuccès en 1732, quoique l'ombre d' Amphiaraüs et les cris d'Eri phy e immolée par fon fils, ne puffent produire d'effet fur un théâtre alors rempli de fpectateurs. Malgré ce fuccès, M. de Voltaire, plus difficile que ces critiques, vit tous les défauts d'Eriphyle; il retira la pièce, ne voulut point la donner au public, et fit Sémiramis.

Nous donnons Eriphyle d'après un manuscrit trouvé dans les papiers de M. de Voltaire..

On a indiqué par des aftérifques ✶ les vers d'Eriphyle, que M. de Voltaire a placés dans d'autres tragédies..

DISCOURS

Prononcé avant la repréfentation d'Eriphyle.

JUGESP

UGE S plus éclairés que ceux qui dans Athène
Firent naître et fleurir les lois de Melpomène,
Daignez encourager des jeux et des écrits
Qui de votre fuffrage attendent tout leur prix.
De vos décifions le flambeau falutaire
Eft le guide affuré qui mène à l'art de plaire.
En vain contre fon juge un auteur mutiné
Vous accufe ou se plaint quand il eft condamné;
Un peu tumultueux, mais jufte et refpectable,
Ce tribunal eft libre et toujours équitable.

Si l'on vit quelquefois des écrits ennuyeux
Trouver, par d'heureux traits, grâce devant vos yeux,
Ils n'obtinrent jamais grâce en votre mémoire:
Applaudis fans mérite, ils font reftés fans gloire ;
Et vous vous empreffez feulement à cueillir
Ces fleurs que vous fentez qu'un moment va flétrir.
D'un acteur quelquefois la féduifante adreffe,
D'un vers dur et fans grâce adoucit la rudeffe ;
Des défauts embellis ne vous révoltent plus :
C'eft Baron qu'on aimait, ce n'eft pas Régulus.
Sous le nom de Couvreur, Conftance a pu paraître;
Le public eft féduit, mais alors il doit l'être :
Et fe livrant lui-même à ce charmant attrait,
Ecoute avec plaifir ce qu'il lit à regret.

Souvent vous démêlez, dans un nouvel ouvrage,
De l'or faux et du vrai le trompeur affemblage :
On vous voit tour à tour applaudir, réprouver,
Et pardonner fa chute à qui peut s'élever.

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