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OEDIP E.

Malheureux! épargne-moi le refte:

J'ai tout fait, je le vois, c'en eft affez. O Dieux! Enfin après quatre ans vous deffillez mes yeux.

JOCAST E.

Hélas! il eft donc vrai!

O E DI PE.

Quoi! c'eft toi que ma rage

Attaqua vers Danlis en cet étroit passage ?
Oui, c'est toi vainement je cherche à m'abufer;
Tout parle contre moi, tout fert à m'accufer;
Et mon œil étonné ne peut te méconnaître.

PHOR BA S.

Il est vrai, fous vos coups j'ai vu tomber mon maître, ́
Vous avez fait le crime, et j'en fus foupçonné;
J'ai vécu dans les fers, et vous avez régné.

OEDIP E.

Va, bientôt à mon tour je me rendrai justice;
Va, laiffe-moi du moins le foin de mon fupplice:
Laiffe-moi, fauve-moi de l'affront douloureux
De voir un innocent que j'ai fait malheureux.

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Гос

O E DIP E.

OCAST E.. . . car enfin la fortune jaloufe M'interdit à jamais le tendre nom d'épouse.

Vous voyez mes forfaits: libre de votre foi,
Frappez, délivrez-vous de l'horreur d'être à moi,

JOCAST E.

Hélas!

OEDI PE.

Prenez ce fer, inftrument de ma rage,

Qu'il vous ferve aujourd'hui pour un plus juste usage; Plongez-le dans mon fein.

JOCAST E.

Que faites-vous, Seigneur?

Arrêtez, modérez cette aveugle douleur,

Vivez.

O E DIP E.

Quelle pitié pour moi vous intéreffe?

Je dois mourir.

JOCAST E.

Vivez, c'est moi qui vous en preffe;

Ecoutez ma prière.

OE DI PE.

Ah! je n'écoute rien.

J'ai tué votre époux.

JOCAST E.

Mais vous êtes le mien.

OEDIP E.

Je le fuis par le crime.

JOCAST E.

Il eft involontaire.

OEDIP E.

N'importe, il eft commis.

1

JO CAST E.

O comble de mifère!

OEDIP E.

O trop funefte hymen! ô feux jadis fi doux!

JOCASTE.

Ils ne font point éteints; vous êtes mon époux.

OEDIP E.

Non, je ne le fuis plus; et ma main ennemie
N'a que trop bien rompu le faint nœud qui nous lie.
Je remplis ces climats du malheur qui me fuit.
Redoutez-moi, craignez le dieu qui me pourfuit;
Ma timide vertu ne fert qu'à me confondre,
Et de moi déformais je ne puis plus répondre.
Peut-être de ce dieu partageant le courroux,
L'horreur de mon deftin s'étendrait jufqu'à vous.
Ayez du moins pitié de tant d'autres victimes;
Frappez, ne craignez rien, vous m'épargnez des crimes?
JOCAST E.

Ne vous accufez point d'un deftin fi cruel;
Vous êtes malheureux, et non pas criminel.
Dans ce fatal combat que Daulis vous vit rendre,
Vous ignoriez quel fang vos mains allaient répandre;
Et fans trop rappeler cet affreux fouvenir,

Je ne puis que me plaindre et non pas vous punir,
Vivez.

OEDIP E.

Moi que je vive! il faut que je vous fuie.

Hélas! où traînerai-je une mourante vie?

Sur quels bords malheureux, dans quels triftes climats
Enfevelir l'horreur qui s'attache à mes pas?
Irai-je errant encore, et me fuyant moi-même,
Mériter par le meurtre un nouveau diadême ?
Irai-je dans Corinthe, où mon triste destin
A des crimes plus grands réserve encor ma main ?
Corinthe! que jamais ta détestable rive. ...

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SEIGNEUR, en ce moment, un étranger arrive ;

Il fe dit de Corinthe, et demande à vous voir.

OEDIP E.

Allons, dans un moment je vais le recevoir.
(à Jocafte.)

Adieu; que de vos pleurs la fource fe diffipe.
Vous ne reverrez plus l'inconfolable Oedipe:
C'en eft fait, j'ai régné, vous n'avez plus d'époux;
En ceffant d'être roi, je ceffe d'être à vous.

Je

pars: : je vais chercher, dans ma douleur mortelle, Des pays où ma main ne foit point criminelle; Et vivant loin de vous, fans Etats, mais en roi, Juftifier les pleurs que vous versez pour moi.

Fin du quatrième acte.

ACTE V.

ACTE V.

SCENE PREMIERE.

OEDIPE, ARASPE, DIMAS, Suite.

FINISSEZ

OEDIP E.

INISSEZ VOS regrets, et retenez vos larmes.'
Vous plaignez mon exil, il a pour moi des charmes.
Ma fuite à vos malheurs affure un prompt fecours;
En perdant votre roi vous confervez vos jours.
Du fort de tout ce peuple il eft temps que j'ordonne.
J'ai fauvé cet empire en arrivant au trône ;
J'en defcendrai du moins comme j'y fuis monté;
Ma gloire me fuivra dans mon adverfité.

Mon deftin fut toujours de vous rendre la vie :
Je quitte mes enfans, mon trône, ma patrie :
Amis, écoutez-moi pour la dernière fois;
Puifqu'il vous faut un roi, foufcrivez à mon choix.
Philoctete eft puiffant, vertueux, intrépide;
Un monarque eft fon père (a), il fut l'ami d'Alcide;
Que je parte, et qu'il règne. Allez chercher Phorbas,
Qu'il paraiffe à mes yeux, qu'il ne me craigne pas.
Il faut de mes bontés lui laiffer quelque, marque,
Et quitter mes fujets et le trône en Monarque.
Que l'on faffe approcher l'étranger devant moi.
Vous, demeurez.

( a ) Il était fils du roi d'Eubée, aujourd'hui Négrepont.

Theatre. Tom. 1.

M

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