existe un Dieu, bien qu'elle ne sache pas quelle est sa nature. » (CICERON.) « Pour ma part, je déclare que je ne connais pas une seule peuplade qu'on puisse avec quelque apparence de raison appeler athée. » (DE QUATREFAGES.) Or une croyance universelle et perpétuelle, lorsqu'elle a pour objet une chose facile à connaître, de grande importance, contraire ou étrangère aux passions, est une croyance fondée sur la vérité; car elle ne peut s'expliquer que par l'évidence, l'évidence d'intuition ou de raisonnement.

Telle est la croyance en l'existence de Dieu. Elle a pour objet une chose facile à connaître la raison humaine s'élève sans peine de la considération des êtres de ce monde à la connaissance de leur auteur. L'existence de Dieu est une chose qui intéresse au plus haut point les hommes selon que Dieu est ou n'est pas, la vie humaine s'oriente diversement. L'existence de Dieu est une chose contraire aux passions: l'effort des passions tend à effacer de la pensée l'idée de ce témoin, de ce juge, de ce vengeur du vice. Donc le consentement universel en faveur de l'existence de Dieu est une preuve que Dieu existe.

20. Comment la loi morale prouve-t-elle l'existence de Dieu?

Tous les hommes se reconnaissent enchaînés par la loi morale, qui leur commande certaines choses et leur en défend d'autres. Selon qu'ils obéissent à cette loi ou la violent, ils éprouvent la joie ou le remords.

Il y a donc un législateur universel et suprême, qui oblige la volonté humaine à faire le bien et à éviter le mal. Il y a donc un témoin de toutes nos actions. Il y a donc un juge infaillible et inévitable, qui récompense ou punit par les joies ou les tourments de la conscience. Ce législateur, ce témoin, ce juge, c'est Dieu. Il n'y a qu'un législateur et qu'un juge qui peut perdre et sauver1. Voilà que mon témoin est dans le ciel, et que celui qui connaît le fond de mon cœur habite au plus haut des cieux2. Bienheureux ceux qui sont sans tache dans la voie, qui marchent dans la loi du Seigneur. Il n'y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur. 21. Quelle conclusion devons-nous tirer de ces preuves de l'existence de Dieu ?

Nous devons tirer cette conclusion qu'on n'explique rien sans Dieu, et qu'avec Dieu on explique tout, puisqu'il est la cause première de toutes choses.

Je suis l'alpha et l'oméga, le principe et la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était et qui doit venir, le Tout-Puissant..

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1 Jac., IV, 12. 2 Job, XVI, 20. 3

4 Ps. cxvIII, 1.

Isaïe, XLVIII, 22.

5 Apoc., 1, 8.

22. Que faut-il donc penser des prétendus savants qui nient l'existence de Dieu ?

Que ce sont des insensés qui marchent dans les ténèbres', des têtes vides de la véritable science.

Tous les hommes qui n'ont point la connaissance de Dieu ne sont que vanité; ils n'ont pu comprendre par des biens visibles le souverain Être, et ils n'ont point reconnu le Créateur par la considération de ses ouvrages 2.

ARTICLE II. NATURE ET PERFECTIONS DE DIEU

1. Noms divins.

23. Pouvons-nous donner des noms à Dieu?

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Nous ne pouvons pas donner à Dieu des noms qui expriment d'une manière adéquate son essence infinie, parce que cette essence nous est inconnue ici-bas telle qu'elle est en elle-même; mais nous pouvons lui donner des noms qui expriment ce que nous connaissons de lui par la création.

24. Comment la connaissance des créatures nous permet-elle de donner des noms à Dieu?

1o Les créatures, considérées comme imparfaites, nous induisent à écarter de Dieu toute imperfection et à nous servir pour cela de termes négatifs : infini, incompréhensible, incorporel, immuable, immense, sans commencement et sans fin.

2o Les créatures ayant des rapports avec Dieu, nous exprimons ces rapports par des termes relatifs : suprême, souverain, TrèsHaut, Seigneur, créateur, adorable, bienfaisant, redoutable.

3o Les créatures ayant des qualités, nous concevons que Dieu possède ces qualités à un degré infini, et nous les exprimons par des termes affirmatifs et absolus: être, vivant, intelligent, bon, puissant.

25. Quels noms la sainte Écriture donne-t-elle à Dieu ?

Principalement les noms d'Adonai, qui veut dire Seigneur, et de Jéhovah, qui veut dire Celui qui est.

Dieu dit à Moïse : JE SUIS Celui qui suis. Il ajouta : Tu diras ainsi aux enfants d'Israël : CELUI QUI EST m'a envoyé vers vous3.

a Adéquat, du latin ad, à, vers; æquare, égaler entier, total, égal à son objet. Se dit des idées et des connaissances. Une idée est adéquate à son objet quand elle correspond complètement à sa nature et à ses propriétés.

ATTRIBUTS DE DIEU

26. Pourquoi Dieu s'appelle-t-il : Celui qui est?

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Parce que cette définition résume tout ce qu'on peut dire de plus sublime de Dieu. Il est l'Etre, simplement, sans restriction. Par conséquent il ne peut pas ne pas être, il est nécessaire; il est la plénitude de l'être, infini ou sans limites, parfait, c'est-à-dire ne manquant de rien.

2. Nature de Dieu.

27. Qu'entend-on par nature ou essence d'un être?

Par nature ou essence d'un être, on entend ce par quoi il est ce qu'il est, ce sans quoi il ne serait pas.

28. Pouvons-nous connaître la nature de Dieu telle qu'elle est en elle-même? Dans la vie présente, nous ne voyons pas Dieu et nous ne pouvons le connaître que par les créatures.

Au ciel, nous verrons Dieu comme il est en soi-même; toutefois nous ne pourrons le connaître d'une manière adéquate, car il est infini dans son essence et dans ses perfections, et notre intelligence est toujours limitée.

Nous voyons maintenant à travers un miroir, en énigme; mais alors nous verrons face à face1.

29. Comment les créatures nous font-elles connaître Dieu?

Les créatures, étant par leur essence des êtres contingents, c'est-à-dire existant par un autre, nous amènent à la connaissance de l'Être nécessaire, c'est-à-dire d'un être dont l'essence est d'exister par lui-même.

30. Comment appelle-t-on ce qui constitue ainsi l'essence divine?

L'aséité, ou la perfection par laquelle Dieu est par soi, et de laquelle découlent toutes les autres perfections.

31. Comment toutes les autres perfections divines découlent-elles de l'aséité? En ce que l'être qui existe par soi possède la plénitude de l'être, et par conséquent toutes les perfections possibles à un degré infini.

3. Attributs de Dieu.

32. Qu'appelle-t-on attributs de Dieu?

Les attributs de Dieu sont les perfections que nous lui attribuons comme lui étant propres; on les appelle aussi pour cette raison propriétés divines.

Aséité, du latin a, par; se, soi : être par soi, exister nécessairement. 1I Cor., XIII, 12.

33. Comment peut-on diviser les attributs de Dieu?

On peut les diviser en attributs absolus et attributs relatifs.

Attributs absolus.

34. Qu'est-ce qu'on entend par attributs absolus?

Les attributs absolus sont ceux qui appartiennent à Dieu considéré en lui-même.

35. Quels sont les principaux attributs absolus?

L'infinité, l'unité, la simplicité, l'indépendance, l'immutabilité, l'éternité, l'immensité, l'intelligence, la volonté.

36. Qu'entend-on par l'infinité de Dieu?

On entend qu'il n'est pas limité dans sa nature ni dans ses perfections.

Si Dieu était limité, il le serait par lui-même ou par un autre être. Dans le premier cas, il se serait fait lui-même, ce qui répugne. Dans le second, il n'existerait pas par lui-même.

Le Seigneur est digne d'être loué infiniment, et sa grandeur n'a point de bornes1.

37. Qu'entend-on par l'unité de Dieu?

On entend qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et qu'il ne peut y en avoir plusieurs.

Si Dieu avait des égaux, il ne serait pas le seul maître, il ne serait pas l'être le plus grand qu'on puisse concevoir.

Écoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur 2.

38. Qu'entend-on par la simplicité de Dieu?

Que Dieu est non seulement incorporel, mais qu'il n'y a en lui aucune espèce de composition.

En Dieu, les perfections s'identifient entre elles et avec l'essence divine. S'il y avait en Dieu des choses distinctes les unes des autres, chacune de ces choses serait nécessairement limitée, finie; or le fini, ajouté au fini, ne peut jamais produire l'infini.

39. Pourquoi la sainte Écriture parle-t-elle souvent de Dieu, comme s'il avait un corps?

L'Écriture n'en parle ainsi qu'en figure, comme quand on dit : une vaste intelligence, un cœur large, étroit, léger.

40. Pourquoi représente-t-elle Dieu comme un vénérable vieillard ayant des bras, des yeux, des oreilles?

Elle le représente comme un vieillard, pour marquer son éternité; avec des bras, des yeux, des oreilles, pour indiquer qu'il peut tout, qu'il voit tout et entend tout.

41. Qu'est-ce qu'on entend par l'indépendance de Dieu?

Qu'il se suffit à lui-même et n'a besoin de personne, puisqu'il est l'Etre existant par soi, infini et parfait.

Nul ne peut empêcher ses desseins, et il fait absolument tout ce qui lui plait'.

42. Qu'est-ce qu'on entend par l'immutabilité de Dieu?

Que Dieu n'est sujet à aucun changement. -Changer, c'est acquérir ou perdre. Dieu, étant infini, ne peut rien acquérir, parce qu'il possède tout; rien perdre, parce qu'il cesserait d'être infini. Vous êtes toujours le même, et vos années ne passeront pas2.

43. Qu'est-ce qu'on entend par l'éternité de Dieu?

Que Dieu n'a ni commencement, ni fin, ni succession dans sa vie. Si Dieu avait commencé ou s'il pouvait cesser d'être, il ne serait pas nécessaire, et s'il y avait en lui succession d'instants, il ne serait pas immuable.

Le Seigneur demeure éternellement3.

44. Qu'est-ce qu'on entend par l'immensité de Dieu?

Que Dieu ne peut être circonscrit par un lieu, qu'il est substantiellement en toutes choses et en chaque chose, et qu'il peut se trouver dans une infinité de mondes possibles.

N'est-ce pas moi qui remplis le ciel et la terre? dit le Seigneur1. 45. Quelles sont les perfections de l'intelligence de Dieu?

L'intelligence de Dieu ne se distingue pas de sa science: 1o elle est éternellement en acte "; 2o elle est infinie dans son objet: Dieu se connaît parfaitement lui-même, il connaît tous les êtres qui sont hors de lui, il connaît tous les êtres possibles; 3° elle est parfaite dans son mode de connaitre Dieu connaît tout dans un seul acte d'intuition.

Dieu est lumière, et il n'y a pas en lui de ténèbres3. deur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu !

O profon

Acte, s'oppose à puissance comme actuel à potentiel. L'acte, c'est l'être, la réalité. La puissance, c'est le pouvoir être, l'aptitude à recevoir une forme. Je puis être savant, vertueux; c'est-à-dire j'ai la science, la vertu en puissance. Si de fait je suis savant, vertueux, j'ai la science, la vertu en acte.