LETTRE à M. MILLIN, sur une Mosaïque découverte depuis peu à Lyon.

M

ONSIEUR Macors vient de découvrir une nouvelle Mosaique à cinquante pas de celle qui représente des jeux de cirque, et qu'il trouva il y a deux ans (1). Ce monument, quoique moins important que le premier offre un tableau et des compartimens dignes de fixer l'attention des savans et des curieux. Sa grandeur est d'environ 12 pieds en carré, et les deux figures qui se trouvent renfermées dans un cadre octogone ont près de 3 pieds de hauteur.

L'intention de l'artiste dans cette peinture en mosaïque, a été, sans doute, de représenter le moment où Méléagre, de retour de la chasse, offre à Atalante la peau du Sanglier de Calydon, qu'elle avoit blessé la première. On se rappelle que cette déférence excita la jalousie des Princes qui avoient suivi Méléagre dans cette expédition, et qu'elle fut la cause d'une guerre civile chez les Calydoniens. Il paroît que le sujet de cette chasse célèbre plaisoit beaucoup aux artistes romains, on le trouve souvent répété sur les

(1) Voyez l'analyse de la Description que M. ARTAUD en a donnée Magasin Encyclopédique, an. 1806, t. 4, p. 160. A. L. M.

Monumens antiques, et particulièrement sur

les Tombeaux.

Nous avons à Lyon une pierre de ce genre sur le sarcophage que possède M.lle de Labalmondière, et dont M. MILLIN a donné la description dans son Voyage du Midi de la France (2); parmi les différentes actions de Méléagre, on y distingue celle du Héros admirant le coup qu'Atalante vient de porter au terrible animal.

Je crois que c'est encore un trait de l'histoire de Méléagre, que celui qui se trouve représenté sur la face méridionale du tombeau de Saint-Rémi en Provence; sujet qui n'a pas encore été bien expliqué, et que l'on a cru exprimer quelque action locale, relative au personnage pour qui ce monument a été érigé (3).

Dans la nouvelle Mosaïque de Méléagre offrant la dépouille du sanglier, on voit ce Héros de profil, presque nu, à la manière

(2) Tome 1, page 535.

(3) Voyez Description de deux Monumens antiques, par l'Abbé LAMY, page 7; Voyage en Italie, par BARTHELEMY, page 235; MILLIN, Voyage au Midi de la France, tome 3, page 401, etc.... Pour moi, j'ai cru reconnoître dans ce sujet Telamon renversé au pied d'un arbre, tel qu'Ovide le dépeint; Ancœus tenant sa hache élevée dans l'action de frapper le sanglier; un autre Héros expirant, ou peut-être le même, victime de son intrépidité, etc.

des Grecs, ayant une chlamyde rouge fixée sur l'épaule gauche. Il tient sa haste d'une main et de l'autre la peau du sanglier que l'on distingue à sa hure armée de défenses. A côté de Méléagre on auroit de la peine à reconnoître Atalante en habit de chasse, si l'on n'observoit avec soin que ses hanches sont plus prononcées, et ses contours plus arrondis; cette héroïne est vue de face; elle tient sa lance de la main gauche, tandis que de la droite elle prend la fameuse dépouille qui lui est offerte.

Sa coiffure en forme de boisseau, Modius, sembleroit offrir une particularité; mais la dimension des cubes de la mosaïque n'aura sûrement pas permis à l'artiste d'exprimer, dans un petit espace, des cheveux relevés au dessus de la tête, et d'indiquer ce point de costume d'une manière certaine.

Sa chaussure consiste en une sorte de brodequin, dont les revers très-élargis, s'élèvent jusqu'aux gémeaux.

Les compartimens qui servent d'entourage et d'agrandissement à cette Mosaïque, sont assez bien conservés et de fort bon goût.

M. Macors possède maintenant deux tableaux antiques très-précieux; et tant qu'il existera des amis des sciences, on lui saura gré des efforts généreux qu'il a faits dans ces dernières recherches. ARTaud.

ET

CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES.

NOUVELLES ÉTRANGERES.

HOLLANDE.

M. MILLIN a été nommé membre associé de I'Institut royal de HOLLANDE.

-Le Comptoir des Arts et de l'Industrie d'AMSTERDAM (Warmoesstraat, N.o 2.), annonce une Histoire des troubles et de la guerre actuelle en Espagne et en Portugal; il est d'un auteur connu déja très-avantageusement par plusieurs ouvrages de politique et d'histoire. Les articles signés, que des personnes dignes de foi voudront envoyer, à l'adresse du susdit Comptoir à Leipsick ou à Amsterdam, seront reçus, en quelque langue qu'ils soient rédigés.

VILLES ANSÉATIQUES.

On trouve dans les Lettres d'un Voyageur sur Hambourg, quelques détails intéressans sur un hospice, que les francs-maçons des cinq loges réunies de l'ordre anglois ont établi dans l'enceinte même des bâtimens de l'ordre. On y reçoit particulièrement les domestiques malades de l'un et de l'autre sexe. Dans le cours de l'année précédente, deux cent vingt-un malades des deux sexes ont été soignés ; il n'en est mort que vingtTome IV. Juillet 1809.

neuf, et cent soixante-neuf en sont sortis parfaitement rétablis. La dépense pour la nourriture et les médecins étoit de sept mille huit cents marcs. C'est ainsi que cette Société ne se borne pas, comme font les membres de tant d'autres semblables associations, à donner des fêtes et des bals, ou à prononcer des discours emphatiques sur la charité; elle prouve par le fait que ses membres savent pratiquer cette douce vertu.

M. C. COSTENABLE, acteur au théâtre de la ville de Hambourg, annonce un Almanach dramatique, pour l'an 1810; qui contiendra quatre ou cinq petites comédies et farces, et paroîtra sous le même format et avec des gravures semblables, que celui de M. Kotzebue, en septembre ou octobre de l'année courante. On souscrit chez Frédéric Perthes, libraire à Hambourg; le prix de la souscription est de I rixdal. 8 gr. de Saxe.

WESTPHALIE.

Il n'y a dans aucun état allemand autant d'institutions pour l'enseignement que dans le royaume de WESTPHALIE. Quoique Magdebourg ait été détruit par Tilly, l'école de Klosterbergen, fondée par Ottonle-Grand, s'est conservée jusqu'à nos jours; et malgré les changemens que la nouvelle constitution a produits dans le plan d'études des Universités, il y a encore à celles de Goettingue, Halle, Helmstaedt, Marbourg et Rinteln, 1,207 étudians; cinquante-deux gymnases, parmi lesquels il faut surtout distinguer celui d'Ihlefeld, sous la direction de M. Heyne, et ceux de Halle sous celle de M. Niemeyer, qui comptent jusqu'à 6,851 écoliers; les basses écoles, au nombre de 3,600,

J